Autant le dire tout de suite, cet article n’apportera pas de réponse à cette question… Au lecteur, et au visiteur, de laisser courir son imagination…
Cette tête de jeune femme, sculptée dans la pierre de Rouffach, est un des joyaux de notre église paroissiale Notre-Dame de l’Assomption. Elle figure sur la porte d’entrée de l’ancienne sacristie, contemporaine du chœur gothique du 13ème siècle, aujourd’hui chapelle de semaine.
Accolée à deux autres chapiteaux aux corbeilles à décor végétal, elle forme le chapiteau dont le tailloir soutient l’archivolte qui enserre le tympan. Sur ce tympan est figuré l’agneau pascal, figure du Christ ressuscité, tenant de sa patte antérieure gauche la bannière surmontée de la croix.
A l’opposé, à gauche, un visage de garçon, dans la même disposition.
A peine le brasier dévorant Notre-Dame était-il éteint que naissait la polémique autour de la reconstruction de la cathédrale de Paris : allait-on reconstruire à l’identique où, au contraire, inscrire le monument dans notre siècle, en utilisant des matériaux d’aujourd’hui, acier, titane, verre et même cristal pour la flèche ?
Interrogé sur ce sujet, Rudy Ricciotti, l’architecte du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée de Marseille (Mucem) qui, plus près de nous, a signé le nouvel écrin de la bibliothèque humaniste de Sélestat, entrevoit avec beaucoup d’humour et de clairvoyance, les empoignades entre décideurs : « Je me régale, je me réjouis déjà à l’idée du bordel que ça va foutre ! »
Il faut se rappeler que cette cathédrale ne s’est pas construite en une génération, qu’elle est, comme la plupart de nos cathédrales et églises, une superposition d’époques où chaque siècle a laissé son empreinte à travers les styles, les techniques et les matériaux « à la mode ».
Notre Eglise Notre-Dame de Rouffach en est une parfaite illustration. Elle est un «mille-feuilles» une accumulation de strates résultant d’agrandissements, de démolitions, de reconstructions, d’erreurs, de « repentirs », sur près de mille ans.
Sur ce plan de la ville tiré de la Cosmographie de Sebastian Münster de 1548, figurent encore l'église sanct Steffan, un puits à balancier et les bâtiments de la commanderie de l'ordre teutonique.
Nous proposons ici le premier article d'une série consacrée au village disparu de Suntheim. Pour beaucoup, ce nom évoque le C.A.T. Moulin de Sundheim, pour d’autres un centre équestre ou une pension pour chiens et chats. Pour quelques rares autres, un hameau disparu, il y a bien longtemps, au sud de Rouffach, du côté du C.H.S.
Thiébaut Walter termine son article consacré aux trouvailles faites au moment des travaux de terrassement pour la construction du C.H.S., en souhaitant qu’après avoir détruit sans scrupules les vestiges de Suntheim, les décideurs compétents rappellent au moins son souvenir en incluant le nom du village disparu dans le nom donné au futur établissement. Il n’a pas été écouté... Ce lieu mériterait au moins une signalisation, rien qu'un petit panneau, comme ceux qui signalent les lieux-dits, au bord de la route et qui rappellerait ce village disparu...
Suntheim était bien plus qu’un hameau de quelques pauvres bâtisses. D’abord, c’était la demeure de plusieurs familles nobles qui ont essaimé plus tard en d’autres lieux. A Suntheim se trouvait la première implantation des Chevaliers de l’ordre teutonique, avec des bâtiments et leur église. A Suntheim aussi, une église de paroisse, l’église saint Etienne dont des vestiges ont subsisté longtemps après la disparition du village. Un couvent de femmes qui fut transféré à Guebwiller et devint le couvent Engelpforten, de la porte de l’Ange, une communauté de religieuses de l’ordre teutonique, une léproserie, un moulin, des maisons d’habitation, des rues, des champs, des prés et des vignes…des gens, des activités, une vie qui demande qu’on s’y intéresse et dont l’histoire reste à faire.
Saint Valentin, sur le plan de Sebastian Münster
Pour le plaisir de lire, dans le texte, Materne Berler, chroniqueur né à Rouffach, nous vous proposons quelques paragraphes de sa célèbre chronique, rédigée entre 1510 et 1530, dans lesquels il raconte l’histoire du couvent saint Valentin de Rouffach. Nous les avons laissés dans leur langue d’origine, l’allemand de l’Alsace du 16ème siècle : les lecteurs germanophones n’éprouveront aucune difficulté dans cette lecture. Berler n’est pas historien, il est comme beaucoup de ses contemporains l’étaient, un auteur compilateur. Ainsi par exemple, lorsque dans sa chronique, il évoque des phénomènes étonnants, comme l’apparition dans le ciel de l'année 1152 de trois soleils, il n’a évidemment pas été le témoin de ce prodige, il n’en a pas non plus trouvé la trace dans un document d’archive du milieu du douzième siècle. Il reproduit là tout simplement un épisode qu’il a lu dans un ouvrage ancien, une chronique peut-être, qui l’a marqué suffisamment pour qu’il juge utile de le noter dans sa propre chronique pour le faire connaitre à ses lecteurs.
Le 27 août 1745, le soir entre 20 et 21 heures, la foudre s’abattit sur la maison de la compagnie des Tireurs de Rouffach. L’incendie qui s’ensuivit détruisit de fond en comble cette maison, rien n’échappa au sinistre. Disparurent entre autres choses toutes les archives, les chartes attestant les droits et les privilèges de la compagnie depuis ses origines, ses statuts et ses règlements. Le greffier qui relate cet événement dans les premières pages d’un nouveau registre, le décrit comme une manifestation de la toute-puissance du Dieu très haut :
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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