Sur les 78 rues, 6 chemins, 5 impasses, 4 places, 3 routes et 2 ruelles recensées à Rouffach, quelques-unes portent des noms de personnages qui, en leur temps, ont été célèbres : Charles de GAULLE, François Joseph LEFEBVRE, Raymond Poincaré, Claude Ignace Callinet, Charles Marie WIDOR, Jean de Lattre de Tassigny, Jean MONET, Joseph JOFFRE, Louis PASTEUR, Pierre PFLIMLIN, Georges CLEMENCEAU, Manfred BEHR, Thiébault WALTER... Quelques-uns ont marqué l’histoire de notre ville, d’autres sont nés à Rouffach, d’autres sont devenus de parfaits inconnus dont le souvenir ne subsiste que sur une plaque émaillée avec des lettres blanches sur fond bleu : Materne BERLER, KNECHTLIN, WALCH, RETTIG… Quant à RIS ou ULLIN on ne sait rien ou très peu…
tourelle d'accès à la tribune du jubé de l'église Notre-Dame de Rouffach ( avec le banc de communion et un luminaire, disparus...)
Dans une église, le jubé est une tribune formant clôture de pierre ou de bois séparant le chœur liturgique de la nef. Il tient son nom du premier mot de la formule latine jube domine benedicere, daigne Seigneur me bénir, qu'employait le lecteur avant les leçons de Matines.
Le jubé se compose de trois éléments : la tribune (le jubé proprement dit), la clôture (dite « chancel ») et le groupe sculpté de la crucifixion, comme sur les poutres de gloire encore visibles, notamment dans les église de Bretagne, et qui sont les origines des jubés.
De la tribune, on lisait l'Évangile et on prêchait; plus tard, la chaire lui succèdera dans cet dernier emploi.
La clôture a pour fonction d'isoler le chœur (réservé aux clercs et aux seigneurs prééminenciers). Les fidèles ne voient donc pas du tout, ou très peu, le maître-autel, caché par les arches et éventuellement le mur arrière du jubé.
La réforme liturgique, suscitée par le concile de Trente (1545-1563), a contribué à la transformation de l’architecture des églises. En effet, elle a voulu que les fidèles participent plus à la liturgie. Cela a entraîné entre autres modifications la suppression progressive des jubés , celle de la clôture, et dans les constructions neuves, le remplacement des églises à trois nefs par des églises à nef unique plus favorable à la participation liturgique.
Du jubé du XIVème siècle de Rouffach, démoli en 1718, ne subsistent que deux tourelles à l’entrée du chœur. Aucune image ni description précise ne nous sont parvenues à son sujet. A quoi pouvait-il bien ressembler? Seuls les contrats passés avec des artisans maçons pour sa démolition nous permettent de répondre, très partiellement, à cette question.
Erneüwerung der Statt Ruffach Zins Anno Dmi. 1554 beschehen. A.M.R. A / AA 9
De quoi s’agit-il ?
Erneüwerung der Statt Ruffach Zins , c’est-à dire renouvellement du livre censier de la ville de Rouffach.
Nous disposons aux archives municipales de Rouffach d’un livre censier de la ville de Rouffach de 1492 à 1520. Il nous est impossible aujourd’hui de dire s’il y a eu entre 1520 et 1554, date du présent document, une autre copie, mise à jour : ces livres sont d’utilisation fréquente, avec de nombreuses corrections, surcharges, ratures correspondant à des mises à jour régulières nécessaires après des décès, ventes, rachats, etc. Il est donc nécessaire, au bout d’un certain temps, comme cela se fait également pour les obituaires, de « remettre au propre », de recommencer un nouveau livre qui recopie l’ancien mais en tenant compte des modifications intervenues entretemps. Et cela se fait de manière officielle, en présence du Schultheiss Diebolt WOLFART, de deux représentants du conseil mandatés par le Magistrat, et de la plupart des Zinsleuthen, directement concernés.
Quel peut être l’intérêt pour un historien, de déchiffrer, transcrire, traduire, analyser et commenter un tel document qui, finalement, ressemble à un banal document comptable, plutôt peu engageant. L’intérêt pourtant est considérable, c’est avec ce type de document qu’on écrit l’histoire et qu’on peut pénétrer dans l’intimité de la vie quotidienne du Rouffach ancien.
Voyons un peu ce que, au-delà des chiffres, nous apprend ce document :
Livre censier de l’église Notre-Dame 1482[ Archives municipales de Rouffach. A / GG 24
Cet article est le second d'une série de cinq consacrée à cinq livres censiers conservés aux archives municipales de Rouffach… une modeste contribution à l’histoire des familles rouffachoises et à la topographie du vieux Rouffach …
Le premier exposé sur l’église Notre Dame de l’Assomption de Rouffach était axé sur les importants travaux de restauration de ce vénérable édifice exécutés de 1867 à 1875.
Cette deuxième étude, qui comprend la période de 1869 – 1899 doit nous rappeler les gros efforts financiers consentis par les rouffachois pour la décoration et l’ameublement de leur sanctuaire. Il faut être conscient de la valeur de ce patrimoine qui nous a été légué et qui témoigne du savoir faire des différents artistes, tout comme de la ferveur et des moyens mis en œuvre par la commune, la paroisse et les habitants pour son acquisition.
Il ne s’agissait pas seulement de remplacer un matériel quelconque mais bien de pourvoir l’église d’objets de culte et de dévotion digne du lieu et permettant aux fidèles de faire le lien avec le sacré.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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