Saint Urbain bas-relief n° 23 rue C.I. Callinet
En vue d'un Master II, à l’Institut d’histoire d’Alsace en 2013, j’avais entrepris une recherche sur la viticulture en Alsace et bien sûr, je me suis intéressé à la vigne et au vin à Rouffach. J’ai repris ce travail plus tard et j’ai présenté, en juin 2015, une causerie à un « Stammtich » à Rouffach et en septembre 2017 une conférence pour les Mémoires du Kukuckstein, sous le titre Du cep à la cruche, histoire du vin et du vignoble dans le bailliage de Rouffach. Depuis, le dossier s’est encore étoffé, et je voudrais en partager quelques pages avec les lecteurs d’Obermundat…
De tout temps les limites des propriétés communales ont été sources de conflits entre communautés voisines. Les archives des communes forestières débordent de procès-verbaux d’arpentages, de plaintes, de recours, de jugements et d’appels au sujet d’usurpations de propriété, de droit de glandée ou de pâturage, de droits de passage, déplacement de bornes, etc. Le domaine forestier de Rouffach n’y échappe pas. Au cours des siècles, au gré des acquisitions, héritages, échanges, donations, les limites de propriété changent, et des parcelles, parfois importantes, se trouvent enclavées et dépourvues de voies d’accès appropriées.
Pour limiter les contestations, les forêts communales font l’objet de visites régulières auxquelles sont conviés des représentants des communautés riveraines. Les bornages sont vérifiés et refaits ou corrigés, de nouvelles bornes sont posées, si nécessaire. Souvent, les limites sont marquées par des arbres remarquables ou des arbres-lisières, Loch Bäume, frappés du marteau forestier. Tout est soigneusement relevé et noté dans des procès-verbaux, parfois accompagnés d’un rapide croquis ou de plans plus élaborés.
La cour dimière épiscopale de Rouffach
Avant l'ère du plastique, de la fibre de verre et de l'acier inox qui s'est installée dans beaucoup de nos caves, les corporations faisaient une distinction extrêmement sévère entre les artisans qui fabriquaient les différents contenants utilisés par les vignerons: les dictionnaires des frères Grimm et celui d'Adelung font ainsi la distinction entre Küeffer, Bötticher, Böttcher, Kübler, Fassbinder, Grossbinder, Schwartzbinder, Kleinbinder, etc. Le vin était, avec les céréales, une denrée précieuse, une part importante dans la consommation quotidienne des gens du peuple et une source de revenus importante pour ceux qui en prélevaient la dîme, le seigneur du lieu et les nombreuses maisons religieuses qui étaient possessionnées à Rouffach. Il était donc essentiel de veiller soigneusement à son élaboration et à sa conservation et la bonne qualité des tonneaux, cuves, bottiches, fûts, foudres jouaient là un rôle primordial.
Le sujet de l'article est un règlement qui fixe les droits et les devoirs du Zehenthoff Küeffer, un titre conféré par la haute autorité de l'Obermundat, l'évêque de Strasbourg à l'homme qui sera chargé d'une fonction essentielle, celle d'entretenir les tonneaux de la cave dimière de l'évêque, mais aussi et surtout de surveiller la maturation et l'évolution du vin, denrée précieuse, s'il en est. Une fonction multiple, celle de tonnelier de la cour dîmière, certes, mais aussi et surtout celle de responsable de cave, caviste, maître de chai, dirions-nous aujourd'hui.
Le plus ancien pressoir (Baumtrotte) d'Allemagne à Grünern Staufen im Breisgau.
La période des vendanges se termine doucement en Alsace et le vignoble se teinte progressivement aux couleurs de l’automne. J’invite le promeneur à un petit circuit à pied dans le vignoble de Rouffach, sur les traces d’usages aujourd’hui révolus et sur celles de noms de cantons encore en usage aujourd’hui. Ces derniers figurent toujours sur nos cartes et les cadastres et beaucoup d’entre eux sont mentionnés, dès le Moyen-Âge dans les censiers de la ville ou ceux de l’église Notre-Dame.
Façade de l'orgue frères Callinet de l'église abbatiale de Saint-Chef en Dauphiné
Un petit séjour dans le Dauphiné m’a permis de découvrir la charmante localité de Saint-Chef en Dauphiné, célèbre pour son église abbatiale construite au XIème siècle et les exceptionnelles fresques de la Chapelle haute, un des trésors de l’art roman en France
Le bourg fut d’abord appelé Saint-Theudère, du nom du saint qui y fonda un monastère, ensuite Saint-Chef, à cause du chef (caput) du saint que l’on conservait en cet endroit-là, la relique de saint Thiébaud, archevêque de Vienne au dixième siècle.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
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