Rouffach s'est construit sur les rives d'un ruisseau aujourd'hui détourné , l'Ombach ou Ohmbach, qui, après avoir alimenté les douves du pied des remparts, traversait la ville de part en part, fournissant sur son passage l'eau et l'énergie motrice à un chapelet d'établissements qui le bordent: deux maisons de bains publics, une poissonnerie et son vivier, des boucheries, tanneries, trois teintureries, un abattoir municipal, un lavoir et un moulin, avant de rejoindre la Lauch, par la porte de Froeschwiller.
L'article qui fait suite est consacré à l'histoire de l'un de ces établissements, l'un des trois ateliers de teinturerie de la cité, établi rue de la Poterne. Francis Vuillemin nous livre ici le fruit de son travail de recherche sur cette vénérable institution développée par sa famille au long du XIXème siècle et qui se maintiendra à Rouffach puis à Colmar, sous le même nom jusqu'au milieu du XXème siècle
Merci Francis...
Gérard Michel
A.M.R. BB 2: protocoles des audiences du Magistrat de 1538
La paléographie - mot composé du grec παλαιός, ancien, et γρα'φειν, écrire - est la science qui traite des écritures manuscrites anciennes et particulièrement de leur déchiffrement. La paléographie allemande est le passage obligé pour qui veut aborder l'étude des sources manuscrites de l'histoire de l'Alsace qui, si elles ne sont pas écrites en latin le sont le plus souvent en allemand, même bien après le passage de l'Alsace à la France en 1648, date de la fin de la guerre de Trente ans et des traités de Westphalie.
En fonction des époques, plusieurs types de difficultés se rencontrent :
Les ratures, les ajouts dans les marges, les taches d’encre accidentelles, les dégâts de l’humidité ou causés par des nuisibles, ajoutent souvent une difficulté supplémentaire dans le travail du lecteur.
Et à tout cela, s’ajoute l’obstacle de la langue : en Alsace, qui veut étudier l’histoire ancienne dans les textes originaux ou faire des recherches généalogiques, se heurte à des problèmes de langue :
A la taverne Adriaen Brouwer (1605 - 1638) Alte Pinakothek Munich
La culture de la vigne et le commerce du vin représentent depuis le Moyen-Âge une activité essentielle de Rouffach : les livres censiers décrivent un ban viticole considérable et détaillent des centaines de cantons et lieux-dits dont la plupart des noms sont encore en usage de nos jours.
Le vin produit par les vignes de nos collines s’exporte au-delà des frontières de l’Obermundat où il se retrouve sur les marchés de Suisse ou sur les riches tables de l’Empire. Mais l’essentiel de la consommation reste local, dans les maisons et les familles où on en consomme des quantités importantes. (en moyenne près de trois litres à 6 / 7 degrés d'alcool, par jour et par personne, hommes comme femmes !) Il alimente les nombreux établissements de la ville, permanents ou occasionnels qui détaillent du vin : auberges, tavernes, poêles des corporations, où l’on boit généreusement, si l’on se fie aux nombreux jugements prononcés par les Conseils du Magistrat qui sanctionnent l’ébriété et ses excès, et aux imprécations de l’Eglise contre la fréquentation des tavernes, antichambres de l’enfer.
Générateur d’importants revenus pour la Ville, pour l’évêché et le Grand Chapitre, par de multiples impositions dont la plus importante est l’Umgelt, le commerce du vin, notamment dans les auberges et les tavernes, est très réglementé et étroitement surveillé.
Le présent article a pour objet trois items du règlement des aubergistes et gourmets-jurés Wurt und winsticher Ordnung de 1545, un règlement qui apportera du nouveau dans les habitudes des clients : désormais, dans les auberges, le consommateur aura le choix du vin et ne sera plus obligé de s’en tenir à celui que voudra bien lui servir l’aubergiste ! Ce n’est pas encore une carte des vins très fournie, mais l’aubergiste devra lui proposer au moins deux vins vieux et un vin de la vendange de l’année.
Aura-t-il le choix également entre rouge et blanc ? Le document ne le précise pas…
Ci-dessus: Bifeuillet 41v-42r du Liber Vitae de Rouffach, (A GG 77), archives municipales de Rouffach
© Marie RENAUDIN
Dans un article précédent, Gérard MICHEL m’avait invitée à partager avec vous mon expérience au contact du Liber Vitae (A GG 77), ce trésor des archives municipales de Rouffach ; nous avions alors parlé du support parchemin, puis des encres, composants principaux de certains manuscrits.
Dans ce dernier épisode de notre trilogie, nous allons non plus nous pencher sur l’étude des éléments constitutifs du Liber Vitae, mais sur ses particularités rédactionnelles permettant de faire revivre un instant, le scriptorium à l’origine de la rédaction de ce trésor.
Dans ma recherche, à la poursuite de Léopold Fischer, peintre, auteur d’une Assomption de la Vierge destinée au maître autel de l’église N.D. de Rouffach, j’ai consulté le registre des audiences du Magistrat de l’année 1669-1670, dans lequel figure la mention de la commande de cette œuvre par la Ville de Rouffach, le 12 mars 1669.
En poursuivant ma lecture, dans ce même registre, un cahier de 96 feuillets, je suis tombé, tout à fait par hasard, sur un passage du protocole du 30 juillet 1669, mentionnant une commande passée à un peintre de Rouffach, dont le nom n’est malheureusement pas mentionné, par l’abbé de l’abbaye Saint Grégoire de Munster, pour la réalisation d'un Crucifix et de deux tableaux !
Ce peintre pourrait-il être Léopold Fischer ? Peut-être, mais dans l’état actuel des recherches, rien ne permet de l’affirmer…
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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