Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Première intervention sur le terrain, 22 juillet/3 août. Dix jours, dix maisons – ce fut un véritable marathon d’archéologie du bâti pour notre équipe Rubiacum, et qui nous a réservé bien des surprises...
Dans l’ouvrage édité en 2019 Cochons de ville, Cochons des bois (Marc Grodwohl-Gérard Michel), la présence de cochons en ville a été évoquée assez brièvement, faute de documentation suffisante dans les archives. La documentation des glandées dans les forêts du Hochberg ou des transhumances dans des contrées plus lointaines est par contre richement documentée. L’explication de cette situation est simple : la présence de cochons dans les rues et ruelles d’une ville est quotidienne et, sauf litiges, incidents ou accidents, ne nécessite pas l’intervention des institutions de la ville ni le recours à la plume d’un greffier… En revanche, les glandées, les transhumances, sont l’affaire du Magistrat, Schultheiβ, Burgermeister, et autres, et génèrent donc du papier, ce qui fait évidemment l’affaire des historiens ! Une grande partie des documents sur lesquels ils travaillent sont des documents administratifs, contrats, règlements, procès-verbaux, états divers, devis, etc. Peu ou pas de courriers personnels dans lesquels un rédacteur raconterait ou décrirait : pourquoi décrirait-on quelque chose qui fait partie du quotidien ?
Pour la partie consacrée à ces cochons du quotidien, je pensais avoir épuisé les ressources écrites des archives. Mais un document m’avait échappé, découvert très récemment, un parchemin daté du mercredi qui suit la fête de Tous les Saints, année 1506 : Der Beck ordnung ire Swin halb, règlement à l’usage des boulangers, concernant leurs cochons…
Minores ... Barfüsser, le couvent des frères mineurs qui vont pieds-nus..
Les moines franciscains de Rouffach écrivent au maréchal de Cour Hoffmarschalk 1 et au Conseil du grand chapitre cathédral de Strasbourg pour se plaindre. Ils affirment que leur receveur refuse de fournir au couvent de Rouffach les vivres (grains, vin et de l'argent) qui leur sont dues annuellement. Ils demandent donc que l’on intervienne pour qu'ils obtiennent ce qui leur revient de droit.
Le document n’est pas daté, mais le style, la graphie et la teneur permettent de penser qu’il suit d’assez près le texte proposé dans l’article précédent, Heurs et malheurs du couvent Sainte-Catherine de Rouffach, publié le 30 octobre 2024.
Das Minoritenkloster zu St. Katharina in Rufach Th. Walter 1906
Le manque de clergé séculier qui suivit la Réforme et les épidémies de peste récurrentes en ville et à la campagne avaient conduit progressivement à un dépeuplement généralisé des monastères. Lors d’un chapitre tenu à Söflingen près d’Ulm le 7 mai 1563, il fut décidé d’abandonner le couvent de Rouffach qui n’était plus occupé que par un père, Ambroise, et Jacob, un frère malade. Mais les deux frères refusèrent catégoriquement de quitter les lieux ! L’envoyé de l’évêque enferma les deux
frères et poursuivit l’inventaire du mobilier qui ne laissa aux deux malheureux qu’une chasuble et un calice pour célébrer leur messe… Il semblerait qu’en 1564 ils avaient quitté les lieux !
On chercha encore à repeupler le couvent en y plaçant un guardian et quelques frères qui, sans ressources, seraient morts de faim si l’évêque ne leur avait pas fourni des céréales ! Un incendie ravagea une partie des bâtiments du monastère et ce qui en réchappa se trouvait en piteux état. Il ne restait plus sur place que deux prêtres et un frère lai, décrits comme paresseux, peu disposés à travailler la terre pour nourrir un monastère, attendant qu’on leur apporte tout.
Malgré tout, des travaux, soutenus par l’évêque, furent entrepris dans les vieilles ruines pour construire une demeure plus habitable, mais à peine les travaux étaient-ils sortis de l’urgence que le provincial de l’ordre retira les ouvriers de leur chantier.
Les locaux se retrouvèrent à nouveau vides, l’évêque ordonna la fermeture de l’église et la protection des lieux fut concédée à un bourgeois de la ville. Les calices, ostensoirs et autres objets précieux furent transportés au château Isenbourg, les ornements d’église, eux, restant sur place… Au moment des épidémies de peste qui suivirent, la ville fit main basse sur le cimetière et le jardin du monastère pour y enterrer ses morts.En 1589, Eberhard de Manderscheid-Blankenheim, frère de l’évêque de Strasbourg de l’époque, prit la charge de Grand-Bailli de Rouffach. Après de longs efforts, et avec le soutien de son frère, il parvint à faire revenir des religieux.
Raffinage du salpêtre, Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, 1768.
Westhalten, cité pour la première fois dans une charte en 1103, était auparavant partagée entre la ville de Rouffach (3/5ème) et Soultzmatt, (2/5ème). Un petit cours d’eau traversait le village et séparait la Stattseite, partie appartenant à la Ville de Rouffach et à l’évêque de Strasbourg, de la Thalseite, partie du côté de la Vallée appartenant à Soultzmatt et au chapitre de Lautenbach.
En 1788, les habitants déclarèrent Westhalten commune autonome et élurent leur propre assemblée, mais le village n’obtint son titre de commune qu’en 1818.
Lorsque, avant la Révolution, un document évoque Westhalten, le nom du village est toujours suivi de la mention Stattseite ou Thalseite … Les affaires concernant la partie rattachée à Rouffach sont instruites et jugées par Rouffach.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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