photo g.michel
Alte Brunnen in Rufach Th.Walter 1916
... c 'est là l'objet de la requête du prévôt, de l’ensemble du magistrat de la ville ainsi que des maîtres des Tribus de Rouffach, adressée à Jean-Simon Müller, receveur de l’Obermundat. Un acte officiel, rédigé par devant notaire, qui rappelle en termes peu amènes au receveur des deniers de son Altesse éminentissime le Cardinal de Soubize , évêque de Strasbourg et seigneur de l’Obermundat, les termes du contrat qui le liait à la ville. Et quel contrat ! Il s’agissait de fournir, chaque année, à la Ville, au commencement de la saison froide, quelques tombereaux de fumier destinés à clore et entourer la fontaine basse de la ville !
On pourrait en sourire, mais l'affaire est très sérieuse ...
Stèle commémorative du massacre de religieux par les Suédois, le 15 février 1634…
Il n’était pas rare, il y a quelques années, de rencontrer au hasard d’une promenade matinale, Pierre-Paul Faust, historien et archiviste de la Ville, arpentant d'un bon pas le tracé des anciens remparts. Dans ce tour de la ville ancienne, il marchait dans les traces de l'histoire de sa ville et les pas des personnages qu'il avait fréquentés dans ses lectures, sa vie durant : Berler, Pellicanus, Zwingli,... et bien sûr, François Joseph Lefebvre, sénateur et Maréchal d'Empire... Et lorsqu’on le croisait et lui demandait ce qu’il faisait là de si bon matin, il répondait invariablement, le sourire en coin :
Waïsch, ech pàss uff, un lüag emmer eb d’Schweda net wedder zeruck kumma,m’r waïss nia !
Tu sais, je surveille et je regarde toujours si les Suédois ne sont pas en train de revenir, on ne sait jamais !
Paul évoquait évidemment un des épisodes les plus douloureux du peuple alsacien et des plus sanglants de l’histoire de Rouffach : l’arrivée des Suédois en Alsace pendant la guerre de Trente Ans (1618 - 1648).
L’historien Th. Walter, dans un petit opuscule, Rouffach au temps de la guerre de Trente-Ans, exploite le peu de documents qui subsistent de cette triste période et présente un tableau précis des misères et des souffrances endurées par la population de la cité au cours de la Guerre de trente ans.
Je propose au lecteur une transcription et ma traduction en français de la préface et du chapitre II de cet ouvrage de Thiébaut Walter (1867 - 1930). L'original est rare, il est rédigé en allemand et imprimé en caractères gothiques: cet article permettra à tous les lecteurs d'accéder facilement à cet écrit de Th. Walter, fondamental pour l'histoire de Rouffach.
Cette publication permettra peut-être également de mettre fin définitivement aux sottises véhiculées par les réseaux sociaux, qui affirment que Rouffach aurait été protégée de l’invasion suédoise par l’intervention miraculeuse de la statue de la Vierge enchâssée dans la niche d’une maison, porte Riss, sur le chemin d’accès au château…
L'image en tête de l'article représente la stèle commémorative, fixée sur le mur sud du chœur de l’église paroissiale, commémorant le massacre de religieux par les Suédois, le 15 février 1634…
Dans l’ouvrage édité en 2019 Cochons de ville, Cochons des bois (Marc Grodwohl-Gérard Michel), la présence de cochons en ville a été évoquée assez brièvement, faute de documentation suffisante dans les archives. La documentation des glandées dans les forêts du Hochberg ou des transhumances dans des contrées plus lointaines est par contre richement documentée. L’explication de cette situation est simple : la présence de cochons dans les rues et ruelles d’une ville est quotidienne et, sauf litiges, incidents ou accidents, ne nécessite pas l’intervention des institutions de la ville ni le recours à la plume d’un greffier… En revanche, les glandées, les transhumances, sont l’affaire du Magistrat, Schultheiβ, Burgermeister, et autres, et génèrent donc du papier, ce qui fait évidemment l’affaire des historiens ! Une grande partie des documents sur lesquels ils travaillent sont des documents administratifs, contrats, règlements, procès-verbaux, états divers, devis, etc. Peu ou pas de courriers personnels dans lesquels un rédacteur raconterait ou décrirait : pourquoi décrirait-on quelque chose qui fait partie du quotidien ?
Pour la partie consacrée à ces cochons du quotidien, je pensais avoir épuisé les ressources écrites des archives. Mais un document m’avait échappé, découvert très récemment, un parchemin daté du mercredi qui suit la fête de Tous les Saints, année 1506 : Der Beck ordnung ire Swin halb, règlement à l’usage des boulangers, concernant leurs cochons…
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
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