Une mère confiant son enfant à un "tour d'abandon." Au-dessus d'elle, une poignée pour actionner la clochette destinée à prévenir la sœur tourière... Gravure anonyme XIXème siècle.
Dans l’article Quelques compléments à l’histoire du prieuré du saint Esprit de Rouffach, le dernier paragraphe évoquait Marie Elisabeth, une petite orpheline confiée aux religieux de l’Ordre du Saint Esprit. A Rouffach, Marie Elisabeth, n’est pas un cas isolé d'enfant confié à la charité publique: les protocoles des sessions du conseil relèvent régulièrement des cas d’abandon d’enfants « exposés ».
Au XVIIIème siècle, l’abandon d’enfants était devenu un fait de société qui dépassera rapidement les possibilités d’accueil des maisons, incapables de rétribuer des nourrices compétentes. L'accueil et la prise en charge de ces délaissés aurait dû empêcher l’infanticide et l’avortement, mais eurent pour conséquence malheureuse la multiplication des abandons. Les structures d’accueil se trouvèrent dans l’incapacité d’absorber l’afflux des orphelins et, à la mortalité infantile des nouveau-nés, s’ajoutera celle des enfants recueillis…
Rouffach ne semble pas avoir disposé d’un tour d’abandon, cette sorte de boite rotative dans laquelle les mères laissaient de manière anonyme leur bébé qui était pris en charge, de l’autre côté du mur… L’enfant était déposé, simplement, emmaillotté, sur un banc ou sur le seuil d’une porte.
La boucherie Xavier Muller sur l'emplacement de l'église de l'ordre du Saint Esprit
Je propose dans cet article trois documents concernant l'église de l'Ordre hospitalier du Saint-Esprit de Rouffach. De cette église et de ses annexes, hôpital, hospice et moulin il ne reste rien actuellement. Seul évoque encore son existence le nom de la ruelle proche, la ruelle du Saint-Esprit. Devenue Bien National à la Révolution, l'église fut acquise par Jean Riegert qui la fit démolir et fit construire sur son emplacement l'immeuble qui existe encore aujourd'hui, et qui abrita jusqu'il y a peu la boucherie-charcuterie Muller frères et fils. Il n'existe pas d'iconographie de cette vénérable institution dont les origines remontent au XIIIème siècle. Les traces écrites sont rares et ne permettent pas d'en imaginer avec précision l'architecture, la structure et les activités. Aussi, les moindres indices sont-ils guettés: deux des documents qui suivent sont de 1792, le troisième n'est pas daté mais pourrait également être de cette fin du 18ème siècle.
Restauration des vitraux Franz Xaver ZETTLER et du chevet de N.D. de Rouffach (avril 2023)
A 866 kilomètres de Rouffach, Burg Kreuzenstein...
A une quinzaine de kilomètres au nord de Vienne, en Autriche, sur un promontoire surplombant le Danube, se dresse l’imposante silhouette du château Kreutzenstein. Ce n’est pas une ruine, mais une reconstruction originale, sur des ruines anciennes, selon l’idée que l’on se faisait au milieu du XIXème siècle de ce que devait être un château médiéval : un Haut Koenigsbourg autrichien !
Avril 1917: pesée des débris des cloches réquisitionnées et jetées du haut du clocher ...
Rouffach ne possède plus de cloches anciennes : les cinq cloches actuelles ont été coulées il y a cent ans, en 1923, par la fonderie CAUSARD de Colmar. Cette sonnerie a été inaugurée le 6 avril 1924, dimanche de la Passion, par Monseigneur RUCH, évêque de Strasbourg.
Récolte de pommes de terre, huile sur toile, Jules Bastien LEPAGE 1879,
National Gallery of Victoria Melbourne. (image Wikipedia)
Si la pomme d’Or fut dans l’Antiquité une source de discorde qui conduisit à la guerre de Troie, les pommes de Rouffach, qui n’étaient pas d’Or mais de simples pommes de terre, n’en causèrent pas moins un sacré remue-ménage dans la cité !
De quoi s’agit-il ?
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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