Illustration: Pieter Bruegel l'aîné: la danse des paysans 1568
La danse, les jeux de hasard, les cabarets, les bains publics, faisaient partie des divertissements qui permettaient d'oublier, pour quelques instants, un quotidien difficile, mais entraînaient souvent, le vin aidant, des excès condamnés par le clergé ou interdits par les règlements du Magistrat.
Nous proposons dans cet article deux items d'un règlement édicté en 1549 à l'issue d'une session ordinaire du Conseil de la Ville. Rappelons que ce Conseil avait également les attributions d'un tribunal de police et comme tel, il jugeait des délits mineurs comme des rixes avec coups et blessures, des injures portant atteinte à l'honneur, de petits larcins, des fraudes, etc.
Pour comprendre ce qu’est une confrérie, il suffit de se souvenir de l’étymologie du mot : le mot confratria est attesté dès le 9ème siècle et a donné au 13ème siècle le mot confrarie puis confrérie sous l’influence du mot frère, issu également de frater. La réalité des premières confréries doit se comprendre effectivement comme on comprend fraternité, un groupe humain que réunissent le souci de l’autre, l’esprit d’entraide.
Une confrérie peut être confrérie de métiers de l’artisanat ou confrérie de dévotion. La première regroupe des individus exerçant un même métier ou des métiers apparentés. Son objectif est principalement de réunir ses membres dans la prière collective lors de célébrations religieuses, messe de funérailles d’un confrère, messes anniversaires de décès, messes des grandes fêtes religieuses de l’année, procession et messe en l’honneur du ou des saints patrons de la confrérie... Le but ultime est de gagner par la prière et les offrandes, le salut éternel, le repos de son âme et de celles de tous les confrères. La confrérie défile en procession avec ses attributs, bannières, écussons, porte-cierges statue du saint patron et assure l’entretien d’une lampe perpétuelle ou d’un cierge allumé sur l’un des autels de l’église paroissiale. L’assiduité à toutes ces célébrations est obligatoire et un manquement est toujours sévèrement puni par une amende. Les confréries jouent également un rôle d’entraide par le prêt d’argent, de petites sommes le plus souvent, destinées à venir en aide à des confrères et à leur famille dans le besoin, et d’autres peuvent assurer l’entretien, à l’hôpital, d’un ou de plusieurs lits destinés à accueillir des confrères malades…
D'autres confréries ne sont pas liées à une profession déterminée : elles sont communément regroupées sous le vocable: confréries de dévotion et de charité. Le lecteur pourra lire à leur sujet les pages qui leur sont consacrées dans obermundat.org : confrérie du Très Saint Rosaire, confrérie de la Reith, confrérie des compagnons boulangers, cordonniers et meuniers, confrérie des forgerons…
Meister und Gesellen des Zimmer Handwerks, die diesseits des Rheines zwischen dem Blauen und dem Landgraben im deutschen Gebiet sesshaft sind, stiften in der Kirche zu Ruffach eine Bruderschaft. 21. Januar 1518.
La procession depuis le camp de la tribu à la promenade sous le château, jusqu'à l'église Notre-Dame
Dans l'école de mon enfance à Bantzenheim, j'ai le souvenir du passage, une ou deux fois par an, de garçons dont la famille, des gens du voyage, séjournait au village pour quelques jours, et qui venaient sur les bancs de l'école pour la durée de leur séjour. Nous les appelions alors des "tziginer", et en français des "bohémiens". Nous n'avions que peu de contacts avec eux, ils restaient entre eux et, dans la cour de récréation, nous les observions de loin. Souvent plus âgés que nous, ces garçons nous fascinaient. C'étaient des enfants, mais des enfants sans âge, au parler rugueux qu'on ne comprenait pas toujours, aux manières mal dégrossies, souvent bagarreurs et qui se permettaient de "répondre" au maître... Leur maison était sur roues, tractée par une paire de chevaux; d'où venaient-ils, où allaient-ils? Toujours en voyage, ils n'étaient pas, comme nous, tenus d'aller à l'école tous les jours. Leur monde n'était pas tout à fait le nôtre et était entouré d'un halo d'aventures et de mystères teinté d'exotisme. Et ceux qui les avaient précédés au village y avaient laissé une réputation qui alimentait nos peurs, soigneusement entretenue par les récits des ainés.
Très récemment, Paul Freyeisen, de trois ans mon ainé, m'a communiqué un document qui a fait ressurgir ces souvenirs d'enfance. Il s'agit d'un article publié en 1948 ou 49 dans un hebdomadaire bilingue qui était dans toutes les familles de l'époque et que l'on appelait s'Schwitzer Hefftla. S'agit-il du magazine Das Blatt für Alle édité à Zofingen par la maison Ringier entre 1938 et 1973 ou du Schweitzer Illustrierte, également de la maison Ringier Axel Springer, créé en 1911? Un lecteur saura-t-il me renseigner?
L'article, illustré de cinq photos, s'intitule: Les funérailles d'une jeune gitane à Rouffach. L'événement a semble-t-il marqué profondément les esprits à Rouffach, suffisamment pour que la rédaction du Schwitzer Hefftla lui consacre une page entière. Même si l'événement n'entre pas dans "la ligne éditoriale" habituelle d'obermundat.org (quoique?), touché par cette histoire, j'ai choisi de le livrer, in extenso et sans aucun commentaire, aux lecteurs.
Il éveillera sans doute des souvenirs chez les plus anciens d'entre eux, qui reconnaîtront sur la photo le curé Kopf et les quatre servants de messe, parmi lesquels Paul et Remi. Qui sont les deux autres, et qui sont ces hommes en noir et chapeau melon qui encadrent le curé?
Fig.1 : Bifeuillet 41v-42r du Liber Vitae de Rouffach, (A GG 77), archives municipales de Rouffach © Marie RENAUDIN
Dans un article précédent, Gérard MICHEL nous avait déjà parlé de cet ouvrage singulier, trésor bien gardé des archives municipales de Rouffach qui a successivement été utilisé pour sa fonction première d’obituaire [1], puis détesté parce qu’il représentait la toute puissance de la classe aisée, délaissé ensuite à une époque où chacun fait son affaire de sa croyance en l’au-delà et à la mémoire des disparus, mais malgré tout aimé par une poignée d’historiens, d’archivistes, de conservateurs ou de passionnés, très attachés au patrimoine écrit et qui ne pourront jamais se résoudre à abandonner une bataille… celle de l’oubli et du temps qui passe.
Ce qui me fascine toujours en tant que restauratrice, c’est l’intérêt multiple que présente un même ouvrage en fonction de la personne qui le consulte.
Pour l’historien, la richesse de cet ouvrage se trouve avant tout dans le texte qu’il contient, en effet le Liber Vitae ne dresse pas uniquement la liste des défunts et des donations faites à la Paroisse Notre-Dame de Rouffach entre 1250 et 1370 ; il contient également une formidable variété de renseignements qui nous permettent de mieux comprendre ce que pouvait être la vie quotidienne à Rouffach à cette époque. De nombreux détails nous éclairent sur la vie économique, politique et religieuse de la ville. On y découvre ainsi les métiers qui étaient exercés, les lieux-dits qui existaient déjà ou le nom de personnes qui vivaient dans l’enceinte de la ville.
Avec autant de richesses contenues dans le Liber Vitae, obermundat.org a encore beaucoup de merveilles historiques à nous faire découvrir.
En parallèle de l’étude des textes faite par les historiens sur les ouvrages anciens, il existe un autre domaine de recherche moins connu du grand public mais tout aussi passionnant à mon gout, celui de la codicologie [2] et de l’étude des matériaux.
Jusqu’à ce jour, le Liber Vitae, est sans aucun doute le plus bel ouvrage qu’il m’ait été donné d’étudier et de restaurer pendant deux années et j’aimerais partager avec vous mes modestes observations du point de vue codicologique.
Après l’étude historique, place à l’étude des matériaux !
Marie Renaudin
Nous ne savons que peu de chose du quotidien de la maison de l’ordre du saint Esprit de Rouffach et de son hospice : il ne nous en est pas parvenu de chronique et parmi les rares documents que nous possédions, ceux qui peuvent aider le mieux l’historien à reconstituer quelques instants de vie de cette vénérable institution, sont les registres d’un schaffner, le comptable, chargé de tenir et d’équilibrer les comptes et de noter scrupuleusement les recettes et les dépenses.
Nous proposons dans cet article un item tiré du livre de comptes, Heülig Geist Register de 1603, tenu par Jacob Anshelm, schaffner des heiligen Geist Ordens und Hauses zu Ruffach.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
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