La Lauch à Rouffach (photo G.M. mai 2020)
Le poisson tient une place essentielle dans l’alimentation quotidienne de nos ancêtres : les jours de jeûne et d’abstinence, imposés par l’Eglise, étaient nombreux, entre cent dix et cent vingt, voire plus, selon les époques, soit le tiers de l’année. Les Quatre-Temps, le Carême, les veilles des principales fêtes liturgiques, le vendredi et aussi le samedi, étaient des jours de jeûne obligatoires pendant lesquels la consommation de la viande était prohibée, celle du poisson par contre étant autorisée : la chair du poisson, "animal de nature froide", ne produirait pas « l’incendie de la luxure », contrairement à la viande, les graisses animales, les laitages et même les œufs ! D’où une pêche et un commerce intenses : poissons de mer conservés en saumure, harengs et morue, salés et séchés, acheminés par les bateliers du Rhin depuis les Pays Bas, mais surtout poissons d’eau douce locaux, fournis par des pêcheurs professionnels regroupés en corporations.
A Rouffach, les pêcheurs sont organisés en corporation et appartiennent à la tribu A la Licorne. Ils pratiquent leur activité dans la Lauch, la pêche dans l’Ombach étant réservée au seigneur du lieu.
Illustration : Simulation de la position de la Comète de Halley le 2 octobre 1607 (ou 22 septembre du calendrier julien), © logiciel Stellarium 0.20.1.
La « Gründliche Beschreibung des Montrosischen Sternes… » (description précise de l’étoile monstrueuse…) est le premier écrit connu de Remus Quietanus. Il date de 1607, bien avant que l’auteur ne vienne s’établir à Rouffach [1]. C’est le seul écrit qu’il signe de son nom de naissance, Rudrauf. En 1607, Johann vit en Thuringe, un pays protestant. Le fils du pasteur Rudravius a évidemment bénéficié d’une éducation luthérienne, aussi ne faudra-t-il pas s’étonner si dans son premier traité, l’Église catholique et le Pape seront vilipendés. Johann est âgé de 19 ans quand cette comète apparaît dans le ciel de l’été. Il rédige ses observations et leur interprétation astrologique sur un ton péremptoire, voire sentencieux, fortement influencé par les écrits de Paracelse qu’il a dû étudier.
Patrimoine rural, petit patrimoine culturel, qu’ès aquo ? On préfère dire aujourd’hui lieux de mémoire : le terme inclut effectivement l’ensemble des biens culturels matériels et immatériels ainsi que les paysages, patrimoines naturels, transmis entre les générations en milieu rural : maisons, rues et places de villages, chapelles, oratoires, toutes les constructions liées au quotidien des villages : canaux d’irrigation, biefs et vannes de moulins, ponts, bassins, lavoirs, bains de chevaux, murets, terrasses…
Artefacts, produits de l'art ou de l'industrie humaine, ils sont autant d’éléments de notre décor quotidien, tellement quotidiens qu’on a fini par ne plus y prêter attention et à en oublier la signification et l’usage.
Une flânerie dans les rues et ruelles de Soultzmatt permet au promeneur attentif, à la recherche de ce petit patrimoine, de découvrir quelques-uns de ces lieux de mémoire.
Illustration : Jeremiah Horrocks observant le transit de Vénus de décembre 1639, Eyre Crowe 1891.
Dans un article récent [1], nous mettions le doigt sur un point de désaccord entre l’astronome Johannes Kepler, acteur majeur de la révolution copernicienne et notre astronome rouffachois Johannes Remus Quietanus. Il s’agit de l’évaluation de la distance de la Terre au Soleil et partant, de la dimension du système solaire tout entier que Quietanus imaginait quatre fois plus grand que son ami Kepler. En effet Kepler estimait la distance de la Terre au Soleil à 3400 fois le rayon de la Terre, alors que selon Quietanus, cette distance était de 14 000 rayons environ.
On peut se demander sur quels fondements l’un et l’autre s’appuyaient pour proposer ces valeurs, c’est ce que nous exposerons dans la suite, mais nous remarquerons d’abord que Quietanus n’était pas le seul à proposer ses 14000 RT, puisqu’en 1639 l’anglais Jeremiah Horrocks donnait cette même valeur sans rien connaître, apparemment, de l’opinion de Quietanus sur ce sujet.
“Libera nos, Domine, a bello, a fame, a peste : libère nous, Seigneur, de la guerre, de la faim et de la peste”.
Deux extraits de protocoles de délibération du Magistrat, le premier daté du 28 novembre 1628 et le second du 31 janvier 1629 nous renvoient à notre actualité, celle de l’épidémie du Covid19.
Dans ces deux passages, il est fait mention de Pestilenzische Infection : Pestilenz renvoie toujours à une maladie infectieuse responsable d’une épidémie sans que l’on sache toujours de laquelle il est question mais le mot est le plus souvent utilisé pour la peste. À la lecture de ces deux mentions il ne semble pas que la maladie ait connu une grande diffusion dans la cité. Il ne s’agit peut-être que de cas isolés qui ont réveillé des terreurs passées et le Magistrat, alerté par le curé de Notre-Dame, décide de prendre des mesures énergiques d’isolement et de confinement pour éviter la propagation de l’infection.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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