Cet article fait suite à un premier, sur le même sujet, paru sous le titre Les vicissitudes d'un chef-d'œuvre: le grand portail de Notre-Dame de Rouffach (cliquez ici pour y accéder)
La population de Rouffach suit avec beaucoup d'intérêt les travaux de restauration des façades de l'église Notre-Dame et redécouvre la blondeur initiale de la pierre des carrières du Strangenberg qui a servi à sa construction. Les voussures du portail ouest ont été soigneusement débarrassées des mousses, de la crasse et des déjections de pigeons qui les avaient noircies. Le travail d'extrême précision des restaurateurs a permis de redonner son éclat au délicat entrelacs de feuillage qui orne ces voussures, les consoles et l'encadrement de la porte et même de retrouver des traces d'une polychromie ancienne ! Mais ce nettoyage n'aura pas permis de retrouver le moindre vestige du riche décor sculpté ancien, définitivement perdu...
Pourtant, de ce décor sculpté du quatorzième siècle, ont survécu au moins deux statues, conservées au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon.
La première, une Vierge de l’Annonciation ou Vierge folle, vêtue d’une robe portant une guimpe, un voile et une couronne, la main droite retient le drapé du vêtement. (H. 108, L. 45, P. 42)
La seconde, la figure allégorique de l’Eglise ou Vierge sage, vêtue d’une robe et d’un manteau, un étendard dans la main droite et un calice dans la main gauche, coiffée d’une couronne à fleurons. (H 110,5, L 31,4, P 26,5)
Les deux œuvres conservent des traces de polychromie dans les creux...
Elles ont fait l’objet d’un legs au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon qui les a acquises en 1984…
Nous ne savons rien du chemin parcouru par ces deux œuvres entre ce triste matin de décembre 1793 où elles furent arrachées des voussures du portail de Notre-Dame de Rouffach et leur acquisition par le Musée de Besançon. Si ces deux statues ont été conservées, on peut imaginer que d’autres ont survécu, conservées dans des musées ou des collections privées, qui en ignorent peut-être la provenance.
Peut-être que les bourgeois présents sur les lieux, ce fameux 13 décembre, n’étaient pas tous des sauvages iconoclastes et que quelques autres œuvres ont échappé aux marteaux des maçons et tailleurs de pierre chargés d'éliminer de la vue des patriotes révolutionnaires ces signes visibles d’une superstition révolue?
Gérard Michel
Crédits photos © Guenat Patrick
Photos publiées sur obermundat.org avec l’aimable autorisation du Centre de documentation-bibliothèque du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon. L'auteur remercie particulièrement Mme Juliette ROY pour son aide précieuse et sa disponibilité.
Bibliographie :
- J’aime Rouffach n° 48 Août 2020
Un point sur le chantier de l’église Notre-Dame, pages 36 à 39
- À propos de Wölflin de Rouffach
La sculpture en Basse-Alsace dans la première moitié du XIVe siècle par Julien LOUIS
dans Bulletin de la Cathédrale de Strasbourg t.29, 2010, p. 147-160
- 2 notices fournies par le Centre de documentation-bibliothèque du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon.