La cour dimière épiscopale de Rouffach
Avant l'ère du plastique, de la fibre de verre et de l'acier inox qui s'est installée dans beaucoup de nos caves, les corporations faisaient une distinction extrêmement sévère entre les artisans qui fabriquaient les différents contenants utilisés par les vignerons: les dictionnaires des frères Grimm et celui d'Adelung font ainsi la distinction entre Küeffer, Bötticher, Böttcher, Kübler, Fassbinder, Grossbinder, Schwartzbinder, Kleinbinder, etc. Le vin était, avec les céréales, une denrée précieuse, une part importante dans la consommation quotidienne des gens du peuple et une source de revenus importante pour ceux qui en prélevaient la dîme, le seigneur du lieu et les nombreuses maisons religieuses qui étaient possessionnées à Rouffach. Il était donc essentiel de veiller soigneusement à son élaboration et à sa conservation et la bonne qualité des tonneaux, cuves, bottiches, fûts, foudres jouaient là un rôle primordial.
Le sujet de l'article est un règlement qui fixe les droits et les devoirs du Zehenthoff Küeffer, un titre conféré par la haute autorité de l'Obermundat, l'évêque de Strasbourg à l'homme qui sera chargé d'une fonction essentielle, celle d'entretenir les tonneaux de la cave dimière de l'évêque, mais aussi et surtout de surveiller la maturation et l'évolution du vin, denrée précieuse, s'il en est. Une fonction multiple, celle de tonnelier de la cour dîmière, certes, mais aussi et surtout celle de responsable de cave, caviste, maître de chai, dirions-nous aujourd'hui.
Le plus ancien pressoir (Baumtrotte) d'Allemagne à Grünern Staufen im Breisgau.
La période des vendanges se termine doucement en Alsace et le vignoble se teinte progressivement aux couleurs de l’automne. J’invite le promeneur à un petit circuit à pied dans le vignoble de Rouffach, sur les traces d’usages aujourd’hui révolus et sur celles de noms de cantons encore en usage aujourd’hui. Ces derniers figurent toujours sur nos cartes et les cadastres et beaucoup d’entre eux sont mentionnés, dès le Moyen-Âge dans les censiers de la ville ou ceux de l’église Notre-Dame.
Sur le plan général de la Ville de Rouffach, dressé en décembre 1829, et conservé aux archives municipales, le lecteur pourra retrouver le nom que portaient alors les rues et ruelles de la ville : Judengässle, Gemeingässle, Heiligengeistgässle, Schwanengässle, Metzgergass, Thörlengass, Anckengässle et Zügergässle…
rue des Juifs, rue commune, ruelle du Saint-Esprit, ruelle du Cygne, rue des Bouchers, rue de la poterne, et deux autres : Anckengässle et Zügergässle…
Le contrat signé par le maire de Rouffach et la fonderie F.et A. Causard est daté du 10 février 1922. Il concerne la fourniture de 5 cloches pesant au total 7275 kilos, en bronze composé de 78% de cuivre rouge et de 22 % d’étain fin de Banca.
Les cloches, livrées le 6 avril 1924 furent vraisemblablement fondues les 7 et 10 septembre 1923.
Chacune des cloches porte un nom de baptême, et chaque cloche a deux parrains et deux marraines. Ces noms sont moulés sur la cloche au moment de la coulée, avec d'autres informations, le nom de baptême de la cloche, l'année de sa consécration, les noms du pape, de l'évêque, du Maire, etc...
Récolte de pommes de terre, huile sur toile, Jules Bastien LEPAGE 1879,
National Gallery of Victoria Melbourne. (image Wikipedia)
Si la pomme d’Or fut dans l’Antiquité une source de discorde qui conduisit à la guerre de Troie, les pommes de Rouffach, qui n’étaient pas d’Or mais de simples pommes de terre, n’en causèrent pas moins un sacré remue-ménage dans la cité !
De quoi s’agit-il ?
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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