Décor d'une salle du restaurant Zum Lœjelgucker *** 67 TRAENHEIM: le travail du vigneron ...
Les livres de comptes ont toujours été pour le chercheur une source inépuisable de renseignements précieux : ceux du Burgermeister, comptable des recettes et dépenses de la ville, ceux des tribus, des corporations et confréries, de l’hôpital, de la léproserie, du prieuré de Saint Valentin, de l’hospice du Saint Esprit, permettent mettre à jour de petites pierres dont l’assemblage contribuera à la construction de l’histoire.
Dans notre travail sur l’histoire du vin et du vignoble à Rouffach, nous avons repris les livres de compte de l’hospice du Saint Esprit qui nous ont livré un document important sur le vin et la vigne; ils nous ont permis en outre d’ajouter quelques éléments à une recherche entamée il y a quelques années sur le bâti de l’hospice, son église et la maison de l’ordre.
Commençons par le vin :
Ci-dessus, une vue de la rue de Dambach-la-Ville où s'est passée la scène du cochon volé: le quartier des boulangers, au bas de l'actuelle rue du Général de Gaulle, et le débouché sur le haut de la Place du Marché. L'une des maisons du côté gauche était celle de Cùnradt Becht, celle de Michel Herttel était un peu avant à droite (non visible). Sur ce dessin d'avant 1862, les maisons, qui existaient déjà au 16ème siècle, sont encore partiellement couvertes en tuiles creuses. L'église qui est représentée n'est pas celle de 1518: elle a été construite à la fin du 17ème siècle, en remplacement d'une église romane, puis elle a été incendiée par la foudre en 1862.
Mme Yvette Beck-Hartweg, une lectrice d'obermundat.org et historienne passionnée de sa ville, m'a fait parvenir cette histoire étonnante dans laquelle il est question d'un porcelet, égaré ou volé, retrouvé... mais sans sa queue! L'affaire a pour cadre Dambach-la-Ville où habite Mme Beck-Hartweg. Rouffach et Dambach-la-Ville sont deux villes dont l'histoire présente de nombreuses similitudes. De plus, comme Rouffach, l'histoire de Dambach a toujours été liée à la vigne et au vin: les archives municipales de Rouffach conservent un règlement de 1648 concernant les aubergistes de Dambach, un règlement qui fut également appliqué à Rouffach: Der Württ oder Gasthalter Ordnung zue Dambach (A.M.R. HH 7).
Nous avons trouvé intéressant de reproduire cette histoire de cochon dans les pages d'obermundat.org, elle rappellera sans doute à ses lecteurs les péripéties de nos cochons rouffachois trottinant sur les routes à la recherche de forêts leur offrant une abondante paisson de glands de chênes...
L'histoire débute vers Noël 1518, mais l'audition des témoins, et le procès du présumé voleur n'auront lieu que dix ans plus tard, en 1528. Lenteur de la justice, déjà ...
Moine cellérier goûtant le vin / fin XIIIème siècle © Britisch Library Londres
Cet article complète un premier article paru sur le même document : Règlement de la Ville de Rouffach sur la manière de cultiver la vigne Le premier texte qui donne des renseignements précis sur les travaux dans les vignes et les techniques de culture se trouve dans un cahier des droits et coutumes de la ville 1343 - 1527 Ordnung der Stat Rufach die Reben zu buwen daté de 1511(?). Ce règlement précise les salaires qui doivent être versés aux ouvriers pour les travaux à effectuer dans les vignes aux différents moments de l’année. Ces salaires varient selon les travaux, selon la saison et aussi selon qu’il s’agit d’un Knecht ou d’un Knabe [1]:
Saint Urbain bas-relief n° 23 rue C.I. Callinet
En vue d'un Master II, à l’Institut d’histoire d’Alsace en 2013, j’avais entrepris une recherche sur la viticulture en Alsace et bien sûr, je me suis intéressé à la vigne et au vin à Rouffach. J’ai repris ce travail plus tard et j’ai présenté, en juin 2015, une causerie à un « Stammtich » à Rouffach et en septembre 2017 une conférence pour les Mémoires du Kukuckstein, sous le titre Du cep à la cruche, histoire du vin et du vignoble dans le bailliage de Rouffach. Depuis, le dossier s’est encore étoffé, et je voudrais en partager quelques pages avec les lecteurs d’Obermundat…
La cour dimière épiscopale de Rouffach
Avant l'ère du plastique, de la fibre de verre et de l'acier inox qui s'est installée dans beaucoup de nos caves, les corporations faisaient une distinction extrêmement sévère entre les artisans qui fabriquaient les différents contenants utilisés par les vignerons: les dictionnaires des frères Grimm et celui d'Adelung font ainsi la distinction entre Küeffer, Bötticher, Böttcher, Kübler, Fassbinder, Grossbinder, Schwartzbinder, Kleinbinder, etc. Le vin était, avec les céréales, une denrée précieuse, une part importante dans la consommation quotidienne des gens du peuple et une source de revenus importante pour ceux qui en prélevaient la dîme, le seigneur du lieu et les nombreuses maisons religieuses qui étaient possessionnées à Rouffach. Il était donc essentiel de veiller soigneusement à son élaboration et à sa conservation et la bonne qualité des tonneaux, cuves, bottiches, fûts, foudres jouaient là un rôle primordial.
Le sujet de l'article est un règlement qui fixe les droits et les devoirs du Zehenthoff Küeffer, un titre conféré par la haute autorité de l'Obermundat, l'évêque de Strasbourg à l'homme qui sera chargé d'une fonction essentielle, celle d'entretenir les tonneaux de la cave dimière de l'évêque, mais aussi et surtout de surveiller la maturation et l'évolution du vin, denrée précieuse, s'il en est. Une fonction multiple, celle de tonnelier de la cour dîmière, certes, mais aussi et surtout celle de responsable de cave, caviste, maître de chai, dirions-nous aujourd'hui.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
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