Saint Urbain, saint patron des vignerons (phot. G. Michel)
Le vignoble et le vin ont de tout temps eu une importance considérable dans l’économie de la ville de Rouffach, participant à sa richesse et à sa renommée. C’est une source de revenus pour le peuple, c’est une source de richesse pour les bourgeois et surtout pour les nombreuses cours appartenant à de riches abbayes, dont certaines très lointaines, qui perçoivent les revenus des terres qu’elles possèdent à Rouffach. Le seigneur de la ville, l’évêque et les chanoines du grand chapitre perçoivent la dîme en vin, un vin conservé dans la cave dimière: un inventaire de 1589 note qu'y étaient entreposés plus de 86 "fuder" de vin, blanc et rouge, vin vieux et vin nouveau, 86.000 litres, soit près de 115.000 bouteilles d'aujourd'hui ! (source A.D.H.R.)
Cette activité viticole florissante a entraîné le développement des activités qui lui sont liées, en premier lieu celles de la tonnellerie et des métiers tels ceux de Büttner, Küfer, Böttcher, Schäffler ou encore Fassbinder. Partenaires du vigneron, leur travail joue un rôle essentiel dans l'élaboration, le vieillissement du vin, son transport et sa commercialisation.
Nous proposons au lecteur une courte promenade touristique, sur la Route de Belfort à Lyon, à la découverte des paysages du dernier quart du XVIIIème siècle, entre Issenheim et Hattstatt, en compagnie de Louis Denis,(1725-1794), graveur, cartographe et géographe français.
Louis Denis est l'auteur d'un guide des Routes du Royaume de France, un ancêtre des guides de voyages actuels:
Un Détail Historique & Topographique des endroits où elles passent, même de ceux qu'on peut appercevoir; des Notes curieuses sur les Chaînes des Montagnes qu'on rencontre Enrichi de Cartes Topographiques, ... dressées & dessinées sur les lieux, par L. DENIS, Géographe
Le projet initial de Louis Denis était de dresser des plans-itinéraires pour chacune des principales routes du royaume, comprenant des cartes d'une grande qualité accompagnées de notes. Commencé en 1776, le projet ne fut jamais mené à son terme, vu l'ampleur de l'entreprise ; 52 cartes seulement ont paru.
Sources: article Louis Denis (cartographe) de Wikipédia en français
Bonne découverte...
Les archives municipales de Rouffach conservent dans leurs réserves une précieuse collection de parchemins allant du treizième au dix-neuvième siècle. Le présent article propose un document de 1825, rédigé sur parchemin à une époque où le papier avait largement supplanté ce support d'écriture rare et coûteux. Il s'agit ici de la lettre de concession et de confirmation des armoiries de la Ville, un acte officiel signé par le Roi Charles X et vraisemblablement reçu à Rouffach avec toute la pompe dont un événement de cette importance devait être entouré. L'usage du parchemin s'imposait dans de pareilles circonstances!
Le parchemin aurait été inventé au deuxième siècle avant J.C. dans la ville de Pergame d'où il tire son nom, peau de Pergame. Son usage est apparu en Europe au cours du VII ème siècle. Il sera abondamment utilisé pendant au Moyen-Âge jusqu'à ce que le papier apparaisse et le supplante progressivement. Son usage restera réservé à des circonstances particulières, comme dans le document de 1854 présenté dans cet article. Thiébaut Walter le résume ainsi dans l'inventaire qu'il a dressé des parchemins conservés aux archives municipales de la Ville de Rouffach:
Pergamentblatt, das in Turm Knopf aufgefunden wurde, das Turm Kreuz in der Revolution betreffend.
...un parchemin découvert dans le bouton de la girouette, sur la flèche, qui se rapporte à la dépose précipitée de la Croix surmontant le clocher, sous la menace des révolutionnaires...
Sur les 1228 parchemins conservés aux A.M.R. seuls deux sont du XIX ème siècle: celui-ci, de 1854, et un autre daté de 1825, qui est le document d’approbation des armoiries de la Ville de Rouffach par Charles X, qui ne cessera de répéter au Maire de Rouffach, lors de sa visite trois ans plus tard, le 11 septembre 1828:
Ah, Monsieur le Maire, que vous avez de bons habitants! 1
1. cité par Walther Thiébaut dans Abrégé de l'histoire de la Ville de Rouffach août 1920 page 33
L'Ombach en juin 1962 (photo G.M.)
... quand Rouffach était encore protégée par ses tours, ses portes monumentales et ses remparts, avant qu’on eut démoli l’ossuaire saint Nicolas du cimetière, le Tanzhaus, le Neuhaus, la Metzig, la vénérable Isenburg, et que l’Ombach coulait encore à ciel ouvert dans la vieille ville…
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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