Jacob Jordaens (1593 - 1678) : Le Roi boit !
Pour le chrétien, l’Epiphanie, fêtée le six janvier, célèbre le Messie venu et incarné dans le monde et qui reçoit la visite et l'hommage de mages. Traditionnellement c’est également le jour de la galette des rois et où on « tire le roi et la reine ».
Cette tradition de la galette des rois tire son origine des saturnales, fêtes romaines situées entre la fin du mois de décembre et le commencement de celui de janvier, durant lesquelles les Romains désignaient un esclave comme « roi d’un jour ». Ce roi était désigné par un tirage au sort utilisant la fève d’un gâteau. Il disposait du pouvoir d’exaucer tous ses désirs pendant la journée, comme celui de donner des ordres à son maître, avant d’être mis à mort, ou de retourner à sa vie servile.
Peu à peu cette fête païenne a été absorbée par la religion chrétienne et associée à la célébration des rois mages lors de l'Épiphanie.
Les archives municipales de Rouffach conservent dans leur fonds ancien les protocoles des audiences du Magistrat depuis la toute fin du XVème siècle jusqu'à la Révolution, avec une interruption de 1631 à 1642 due aux troubles de la Guerre de Trente Ans.
Ces protocoles sont une source inépuisable de renseignements pour le chercheur: Tout au long des pages, le lecteur y découvre les événements, même les plus secrets, de la vie quotidienne des hommes et des femmes du Rouffach ancien.
Rappelons qu'un membre du Magistrat est à la fois conseiller, c'est-à-dire qu’il siège dans les assemblées qui gèrent les affaires courantes de la ville mais aussi juré dans les assemblées qui jugent les délits mineurs qui relèvent de la police de la ville : déplacement de bornes, litiges au sujet de clôtures ou de murs, pâturage sur des terres non autorisées, injures, coups et blessures... A d’autres moments il peut également être amené à siéger comme juré dans des affaires criminelles : vols, vols dans les églises, impudicité, adultère, assassinats ...et sorcellerie. Le Magistrat a donc une double fonction : celle d’une cour administrative et celle d’une cour de justice. Bien souvent d'ailleurs, le même conseiller peut être désigné - ou alors il signe lui-même - tantôt par « des Raths » tantôt par « des Gerichts » apposé à la suite de son nom : Jacob FISCHER des Raths et Jacob FISCHER des Gerichts, Jacob FISCHER membre du Conseil ou Jacob FISCHER membre du tribunal.
Le présent article propose un extrait du registre BB 39 qui consigne les protocoles des années 1626 à 1629 qui traitent de sujets aussi divers que le balayage et la propreté des rues de la ville, la réception de nouveaux bourgeois, la répartition de la glandée des porcs dans la forêt du Hochberg, et, dans le document qui nous intéresse, la nomination et le salaire de l'organiste et du souffleur de l'orgue de l'église Notre-Dame. Cet orgue est, en 1626, un orgue neuf, puis qu'il venait d'être installé par Thomas Schott facteur d'orgues de Bremgarten, en Suisse. Cette orgue avait été déchargé le 5 mai de la même année d’un bateau du Rhin à Neuenbourg sur cinq chariots et était arrivé dans la soirée à Rouffach accompagné par le facteur d’orgue et une vingtaine d’autres personnes.
La recherche en histoire avance souvent à petits pas, grâce à une succession de petites trouvailles qui finissent par donner naissance à un article ou un livre. Mais à peine l'article publié ou le livre édité, une nouvelle petite trouvaille peut mettre en cause ce qui venait d'être écrit ou, au contraire, le confirmer... Et c'est ainsi que l'histoire avance...
Nous avons écrit, Marc Grodwohl et moi-même, un ouvrage intitulé Cochons de Ville, Cochon des Bois, paru fin novembre 2019. A peine l'encre avait-elle séché, qu'on nous propose de nouvelles images ou de nouveaux documents qui auraient pu enrichir l'iconographie et les textes. Ainsi va l'histoire... Mais il n'est pas trop tard pour en faire profiter nos lecteurs: nous vous proposons dans le présent article, un document que nous a confié M. Jean-Claude Scherb et qui aurait pu figurer en bonne place dans notre ouvrage si nous en avions eu connaissance.
Procès-verbal des aveux d'Ursula
Parmi les dossiers des procès de sorcellerie conservés dans les archives municipales de Rouffach et surtout les archives départementales du Bas-Rhin, celui d'Ursula Ebsteinerin d'Orschwihr, quoique très incomplet, retient l'attention.
C'est le procès d'une gamine, sans doute un peu délurée, à qui on attribue plusieurs aventures, une veuve encore jeune et sans doute jolie, dont les deux premiers maris sont décédés, tous les deux dans des circonstances analogues peu de temps après leur mariage, et que son troisième époux, Lienhardt Beitz accuse d'avoir voulu empoisonner. La lecture de plus d'une centaine de comptes-rendus de procès de sorcellerie nous a appris que la société de cette première moitié du 17ème siècle, nous sommes en automne 1620, voyait d’un très mauvais œil ces femmes « hors normes » et beaucoup d'entre elles, entraînées par les rouages d'une justice implacable, finiront sur le bûcher.
Vue de la Ville en 1548 par Sebastian MÜNSTER
Les archives de la Ville de Rouffach conservent dans leurs réserves de nombreux règlements dont le but était de fixer les droits et les coutumes souvent transmis par l'usage et qui prennent alors force de lois. Ce sont des documents très riches et du plus grand intérêt pour l'historien: ils lui permettent de pénétrer dans la vie quotidienne des hommes et des femmes du passé et d'en découvrir les multiples aspects.
Le registre A / AA 3 des A.M.R. contient l'un des règlements les plus anciens, daté en partie du XVème siècle, intitulé Der Statt von Rufach recht und gewonheit, Droits et usages de la Ville de Rouffach. Il est composé de plusieurs items:
- Item, des ersten, wenne kryege in dem Lande ist, wie man die Tore und Ringkmur versorgen sol
- Darnach von des gerichtes gewonheit
- So denn der Stetterecht am zwölften tag
- Darnach unser Frowen und der Stette recht und gewonheit gegen der Eptissin von Eschowe
- Darnach der alte Spital
- Der Nuwe Spittel
- Darnach ein Kilwartz recht
- Darnach der Tumherren hof von Straßburg
Dans le présent article, nous nous intéresserons au premier item, Comment doivent être gardées portes et murailles en temps de guerre, dont je propose une traduction accompagnée de la transcription du texte original, avec, pour finir quelques commentaires et pistes de réflexion.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
© 2025 Obermundat