Je fais partie de ce qu'il est convenu d'appeler le petit patrimoine rural de Rouffach : vous passez si souvent à côté de moi que vous avez fini par ne plus me voir ... Mais pourtant, je mériterais qu'on s'arrête et qu'on m'accorde quelques instants... Où pourrais-je bien être ?
Depuis quelques semaines, le Liber Vitæ des Archives de Rouffach est en ligne dans La Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux (BVMM) du C.N.R.S.
Cette bibliothèque virtuelle, élaborée par l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT-CNRS), permet de consulter la reproduction d’une large sélection de manuscrits, du Moyen Âge au XVIe siècle. L’IRHT, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication (Service du Livre et de la Lecture) et du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (Mission de l’information scientifique et technique et du réseau documentaire), effectue les campagnes photographiques dans des fonds patrimoniaux dispersés sur tout le territoire français.
Brunnen zum Rad, à la place qu'il occupait en 1916 (photo Alte Brunnen in Ruffach / Th. Walter)
Peu après la mise en ligne de l’article consacré à ce puits, j’ai retrouvé un brouillon de Pierre Paul Faust, celui d’un article pour la presse locale, qui devait paraître à l’occasion de la restauration de ce puits et de son déplacement à la place qu’il occupe actuellement :
L'article qui suit présente un extrait d'un registre consignant des affaires criminelles jugées à Rouffach. Celle-ci date du 19 décembre 1558 et concerne Jacob Bruder, originaire de Kintzingen, une ville allemande située dans le Bade-Wurtemberg à 23 km au nord de Fribourg-en-Brisgau. Ce Jacob aurait tué le valet du Burgermeister de Rouffach, un certain Hans, lui-même originaire de Wimpfen, peut-être Bad - Wimpfen, également dans le Bade-Wurtemberg. Dans quelles circonstances, pour quelles raisons, le document ne le dit pas...
Mais l'intérêt du document est d'évoquer deux procédures caractéristiques et très importantes de la justice du temps: la condamnation au bannissement pour des crimes de sang et le serment de l'Urphed.
Au numéro 23 de la rue Callinet, on peut admirer un bas-relief de belle facture joliment mis en valeur au dessus de la porte cochère. Il nous présente un pape d’allure débonnaire veillant sous sa tiare à la quiétude de la petite cité de Rouffach bien à l’abri derrière ses remparts. On y reconnaît plusieurs bâtiments caractéristiques : au centre de la composition se trouve Notre-Dame avec sa tour-clocher octogonale et l’ancienne flèche Sud, aujourd’hui disparue. À sa droite, des clochetons localisent le prieuré de Saint Valentin et la chapelle de l’hôpital Saint Jacques tandis qu’à gauche celui des Récollets culmine au-dessus du chevet de l’église Sainte Catherine. Le fond du décor est un entrelacs de vignes chargées de grappes en abondance, suggérant que ce personnage représente Saint Urbain, le patron des vignerons et pour qui en douterait, quelques tonneaux sont présentés au premier plan en attente d’une récolte prometteuse ! Mais en-dessous, se trouve une inscription (URBANUS-VIII. R.P.) qui pose un sérieux problème, puisque ce pape Urbain VIII n’a jamais été canonisé et ne peut donc se prévaloir du titre de saint !
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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