1625 3 G / 5b folio 59 verso:
Les dépenses à l'occasion d'un procès criminel sont toujours scrupuleusement notées par les greffiers et les archives conservent nombre de "Zettels", de notes, celles par exemple délivrées par les aubergistes pour les frais de bouche des juges, l'avoine de leur chevaux ou celles de l'exécuteur des hautes œuvres pour son salaire et celui de ses assistants... Rien n'est omis, les dépenses pour les chandelles des geôliers, leurs repas, pour les cordes, les chaînes, la paille, le bois du bûcher... tout cela sera déduit des biens du supplicié ou de ses héritiers.
L'article qui suit présente un récapitulatif des dépenses occasionnées lors du procès et de l'exécution de deux malfaiteurs, dont nous ignorons les méfaits et qui sont juste nommés par "der schwartzen Schneider und (der) freÿburger Beckh...". Schneider et Beck sont-ils leur patronyme ou leur profession, tailleur et boulanger ? Nous n'en saurons pas plus ...
Augsburger Wunderzeichenbuch - Folio 164 - Nebensonnen und Schwert 28. Oktober 1549
Le chroniqueur rouffachois Materne Berler (1487-1573) rapporte des apparitions étranges [1] :
Trois soleils apparus dans le ciel en 1152
Trois lunes une autre fois dans le ciel nocturne, l’une d’elles étant surmontée d’une croix !
« Avez-vous déjà vu un tel phénomène ?
- Bah non, je n’ai pas la berlue ! »
Ces récits peuvent paraître miraculeux ou inspirés par une foi excessive, mais on peut en proposer une explication rationnelle par des phénomènes optiques bien connus des météorologues : les parhélies et les parasélènes. Et nous en retrouverons des évocations sous la plume de Remus Quietanus, un autre rouffachois ou encore sous celle du compositeur romantique Franz Schubert !
Tonneau des Hospices de Strasbourg
A la suite de la parution de l’article L’aune de Rouffach, die ruffacher Elle…, un lecteur a posté le commentaire suivant :
« …comment faisait-on pour mesurer la contenance d'un tonneau et quelle unité était en usage à Rouffach ? »
Je commencerai ma réponse par une autre question :
Avez-vous entendu parler de la rue de la Sinne à Colmar ou à Mulhouse, de la place de la Sinne à Colmar, Ammerschwihr, Kaysersberg, Kientzheim, Ribeauvillé ou encore de la fontaine de la Sinne de Riquewihr, le Sinnbrunnen ? Mulhouse a même un théâtre de la Sinne !
Toutes ces rues mènent ou menaient sur une place, Sinnplatz et sur cette place,, se trouvait une fontaine, Sinnbrunnen.
Rouffach disposait également de son Sinnplatz, débaptisé depuis et devenu place du Maréchal Foch, avec au centre son Sinnbrunnen, l’actuelle fontaine Guillaume de Honstein réalisée en 1534 par maître Claus, Werckmeister de Rouffach.
Guebwiller a également son Sinnbrunnen, réalisé en 1536 par le même maître sculpteur Claus, actuellement place de la Liberté.
Que signifie donc ce verbe allemand sinnen ?
A Rouffach, les qualités des marchandises proposées au chaland dans les boutiques et sur les étals ont de tout temps été très soigneusement contrôlées. Parmi les offices que se partagent les 15 conseillers du Magistrat, figurent en bonne place les fonctions de «Schauer», littéralement « regardeurs, observateurs », contrôleurs dirions-nous aujourd'hui. Leur tâche consiste à examiner, à inspecter les produits et les denrées proposés à l'étal et à vérifier leur conformité à un « cahier des charges » défini par l’usage et la tradition ou par une décision du Magistrat ou des autorités de la Régence. Leur compétence les amène également à vérifier les poids et les outils de mesure, l’aune en particulier, que les commerçants utilisent dans leur échoppe pour la mesure des tissus, et, en cas de fraude avérée, à dresser contravention.
Le contrôle des poids et des mesures était une charge importante dans l'administration de la Ville: cet office municipal (ein Statt Ampt) était concédé à des conseillers du Magistrat pour un mandat d’un an au moment de la prestation des serments, le lendemain du jour des Trois-Rois. En 1595 par exemple, ont été nommés comme visiteurs des poids et des balances deux conseillers du magistrat, c’est dire l’importance que l’on attachait à cette fonction : Hans HEÜSSLEIN et Clade RUDENEY, et un autre comme visiteur des aunes « Ellen » Mathis HEINZ (A.M.R. B.B. 125).
(A.M.R. CC 102 / 1)
Les archives municipales conservent les registres dans lesquels sont consignées les nombreuses amendes distribuées par les banwarten, gardiens du ban, gardes-champêtres de l’époque, qui sanctionnent toutes sortes de délits, que nous dirions mineurs aujourd’hui, petits chapardages d’une grappe de raisin, de quelques poires ou d’une poignée de noix...
Nous proposons dans cet article quelques extraits de l’un de ces registres, daté de 1617, tenu par un garde particulièrement zélé et sévère…
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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