Photo d'un ramoneur, vers 1850 (Wikipedia)
L’anecdote relatée dans le document ci-dessous est datée du 13 janvier 1723, un mercredi, lendemain des jours de conseils "ordinaires". Les premiers jours de l’année sont, selon l’usage, les jours où sont reconduits les conseillers du Magistrat, et ceux où sont renouvelés les offices de la Ville : tous ceux qui au cours de l’année précédente occupaient un office rendent leur charge et en demandent la reconduction pour l’année nouvelle. C’est le cas pour des offices tels que celui de gourmet-juré, de jaugeur de tonneaux, d’aborneur, d’arpenteur, de maître des forêts ou des pâtures, de contrôleur des poids, des mesures...et celui de ramoneur…
Les automates de l'horloge médiévale (Photo Thiébaut Walter 1899)
Ces éléments sont aujourd'hui conservés au Musée du Bailliage de Rouffach.
Sur la façade occidentale de Notre-Dame de Rouffach, il a existé, une horloge à jaquemarts, datable de la fin du XVe siècle et démontée en 1859. L'animation s’organisait autour de l’arbre de la connaissance, sur lequel s’enroulait le serpent. De part et d’autre, on voyait Adam et Ève. Cette dernière présentait à son compagnon la fameuse pomme, tandis qu’Adam frappait les heures sur un timbre avec un marteau. A ce moment, un personnage grotesque surnomme d’r Lalli, surgissait d’une fenêtre au-dessus de la scène et tirait la langue.
Ci-dessus une page du carnet de relevés des marques lapidaires effectués par Pierre Paul Faust en 1961 sur la façade occidentale de l'église Notre-Dame de Rouffach. L'édifice a été minutieusement prospecté par étages numérotés (ici le n° 8) correspondant aux travées de l'échafaudage qui avait été mis en place pour la restauration de la façade, de deux mètres en deux mètres. Il s'agit là d'un document unique et d'un intérêt exceptionnel pour l'histoire de la construction de notre église... (collection personnelle)
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Il ne s'agit pas, dans les deux cas, de signes que l'on appelle communément "marques de tâcherons" qui sont des marques d'assemblage ou de montage, comme on peut en trouver quantité à l'église Notre-Dame de Rouffach, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, mais de la marque propre à un maître qui signe là son oeuvre.
Les protocoles des séances du Magistrat (conseils municipaux de l'époque...) sont une source inépuisable de renseignements pour le chercheur: Tout au long des pages, le lecteur y découvre des anecdotes parfois savoureuses, les événements, même les plus secrets, de la vie quotidienne des hommes et des femmes du Rouffach ancien.
Ici il est question d'ânes et du règlement qui en limite le nombre par foyer... toute infraction sera sévèrement punie! Qu'on se le dise !
Rouffach et les communes de l’ancien Obermundat ont été façonnés au XVIe s. et au début du XVIIe s. par des artisans de haut niveau, maîtrisant l’ensemble du processus depuis les carrières jusqu’à l’élévation des façades ornementées. On ne sait pas grand-chose de ces professionnels, qui pourtant ont laissé des traces dans les comptes de chantier - lorsque les documents ont été conservés - ce qui limite le champ aux bâtiments publics ou seigneuriaux. Leur connaissance est toutefois facilitée par ce que l’on appelle communément et à tort des « marques de tâcheron », ou ce qui est mieux : « marques lapidaires ». Le bon terme est cependant l’allemand « Steinmetzzeichen » ou marque de tailleur de pierre. Ce sont des signes de complexité variable, hauts de quelques centimètres, gravés en des endroits bien visibles des édifices. Ce ne sont pas des marques facilitant le paiement à la tâche, comme on le dit trop souvent, mais des signatures propres à chaque artisan ou artiste, et bien sûr au Baumeister, l’architecte.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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