Bien qu'exécutant d'arrêts de justice prononcés par des tribunaux légitimes suivant des codes de procédures criminelles tout aussi légitimes, le bourreau reste exclu de la vie sociale et bourgeoise, un paria, haï et redouté de tous. Et pourtant, même si sa fonction demeure entachée d'infamie et de souillure, il est une figure importante de la Ville, un personnage respecté, toujours appelé Meister, Maître, et qu'on sollicite dans les situations graves.…
Le bourreau est l’exécuteur des hautes œuvres : il est chargé d’exécuter les peines capitales et corporelles ordonnées par la justice criminelle. Cette justice s’appuie sur un code de procédure criminelle Halsgerichts Ordnung, qui fixe de manière très réglementée et codifiée les peines encourues selon la nature du crime : sévices corporels, mise à mort par noyade, bûcher, enfouissement, décapitation, écartèlement, pendaison, etc. Le bourreau pouvait également être amené à mutiler ses victimes, en les marquant au fer rouge ou encore en les amputant d’une partie du corps.
Le Magistrat, Conseil de la Ville, présidé par le Schultheiss, composé de 15 conseillers « élus », a compétence pour juger les affaires de police. Ces mêmes conseillers sont très régulièrement appelés à siéger comme jurés dans des affaires criminelles, meurtres, infanticides, sorcellerie, etc. La justice civile représente une partie importante des activités du Magistrat, sinon la plus importante : ses membres sont alors jurés dans un « tribunal » qui traite des affaires de police de la cité: coups et blessures, ivrognerie, injures, fraudes, vols, etc.
Voici deux exemples de "petits" délits très séverement punis, tirés d’un épais registre de 373 feuillets consignant les protocoles des séances du Magistrat des années 1547 à 1551.
Ils concernent deux larcins, commis par deux femmes : le premier, le vol de raisins dans les vignes, l’autre celui de 280 poires.
L’affaire est portée devant le conseil « ordinaire » du Magistrat, tenu le mardi qui suivait la saint Mathieu (fêté le samedi 21 septembre qui tombe un samedi en 1549) donc le 24 septembre 1549.
Les ruines fumantes, le lendemain, à l'aurore...
(photo extraite de la plaquette éditée pour le 60ème anniversaire du C.C.St.Arbogast Rouffach)
Avant la placette de la rue du Tir...
Les plus anciens de la Ville se souviennent d’un évènement qui aura marqué leur enfance : l’incendie du « Bangala », le «club-house» du Cercle Catholique Saint Arbogast de Rouffach, le C.C.A.R., parti en fumée en 1951, dans la nuit du dimanche 19 août, dernier dimanche de la Kilbe. Les locaux du Cercle Catholique et quatre appartements furent totalement anéantis par un violent incendie, parti d’une charrette de grains entreposée sous le porche d’entrée. Quinze personnes se retrouvèrent ainsi sans logis.
L'orgue Hans Klein de 1606
La lecture des comptes rendus des séances du Magistrat réserve bien souvent des surprises. Nous vous proposons dans l’article qui suit, trois courts extraits tirés du registre A.M.R. BB 4 qui consigne les protocoles des audiences des années 1547 -1551, principalement consacrées à des jugements en matière civile et correctionnelle. Même si la lecture de ces registres est toujours riche de renseignements, elle peut parfois s'avérer un peu lassante : ivrognerie, désordres dans la rue, injures et atteintes à l’honneur, coups et blessures, triche au jeu, petits larcins, tromperies sur les poids, les quantités ou la qualité par les meuniers, les boulangers ou les bouchers, déplacement de bornes, ...les mêmes délits reviennent régulièrement … mais les acteurs changent, et parfois il en est de plus pittoresques que d’autres !
Figurine dite Plat d'étain, réalisation Pierre Paul Kientz
Christkindele, Christkindele,
Kumm dü ze uns' erin
Merr hann e frisch's Heubindele
Unn au e Gläsele Wyn
E Bindele fir’s Essele
Fir’s Kindele e Gläsele
Un bete kenne merr au
Enfant Jésus viens, entre chez nous,
nous avons une petite gerbe de foin toute fraîche,
et aussi un petit verre de vin
la gerbe pour l’âne,
le verre pour l’enfant,
et prier, nous savons aussi le faire ...
dans Oberrheinisches Sagenbuch August STÖBER 1842
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
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