Stèle commémorative du massacre de religieux par les Suédois, le 15 février 1634…
Il n’était pas rare, il y a quelques années, de rencontrer au hasard d’une promenade matinale, Pierre-Paul Faust, historien et archiviste de la Ville, arpentant d'un bon pas le tracé des anciens remparts. Dans ce tour de la ville ancienne, il marchait dans les traces de l'histoire de sa ville et les pas des personnages qu'il avait fréquentés dans ses lectures, sa vie durant : Berler, Pellicanus, Zwingli,... et bien sûr, François Joseph Lefebvre, sénateur et Maréchal d'Empire... Et lorsqu’on le croisait et lui demandait ce qu’il faisait là de si bon matin, il répondait invariablement, le sourire en coin :
Waïsch, ech pàss uff, un lüag emmer eb d’Schweda net wedder zeruck kumma,m’r waïss nia !
Tu sais, je surveille et je regarde toujours si les Suédois ne sont pas en train de revenir, on ne sait jamais !
Paul évoquait évidemment un des épisodes les plus douloureux du peuple alsacien et des plus sanglants de l’histoire de Rouffach : l’arrivée des Suédois en Alsace pendant la guerre de Trente Ans (1618 - 1648).
L’historien Th. Walter, dans un petit opuscule, Rouffach au temps de la guerre de Trente-Ans, exploite le peu de documents qui subsistent de cette triste période et présente un tableau précis des misères et des souffrances endurées par la population de la cité au cours de la Guerre de trente ans.
Je propose au lecteur une transcription et ma traduction en français de la préface et du chapitre II de cet ouvrage de Thiébaut Walter (1867 - 1930). L'original est rare, il est rédigé en allemand et imprimé en caractères gothiques: cet article permettra à tous les lecteurs d'accéder facilement à cet écrit de Th. Walter, fondamental pour l'histoire de Rouffach.
Cette publication permettra peut-être également de mettre fin définitivement aux sottises véhiculées par les réseaux sociaux, qui affirment que Rouffach aurait été protégée de l’invasion suédoise par l’intervention miraculeuse de la statue de la Vierge enchâssée dans la niche d’une maison, porte Riss, sur le chemin d’accès au château…
L'image en tête de l'article représente la stèle commémorative, fixée sur le mur sud du chœur de l’église paroissiale, commémorant le massacre de religieux par les Suédois, le 15 février 1634…
Dans l’ouvrage édité en 2019 Cochons de ville, Cochons des bois (Marc Grodwohl-Gérard Michel), la présence de cochons en ville a été évoquée assez brièvement, faute de documentation suffisante dans les archives. La documentation des glandées dans les forêts du Hochberg ou des transhumances dans des contrées plus lointaines est par contre richement documentée. L’explication de cette situation est simple : la présence de cochons dans les rues et ruelles d’une ville est quotidienne et, sauf litiges, incidents ou accidents, ne nécessite pas l’intervention des institutions de la ville ni le recours à la plume d’un greffier… En revanche, les glandées, les transhumances, sont l’affaire du Magistrat, Schultheiβ, Burgermeister, et autres, et génèrent donc du papier, ce qui fait évidemment l’affaire des historiens ! Une grande partie des documents sur lesquels ils travaillent sont des documents administratifs, contrats, règlements, procès-verbaux, états divers, devis, etc. Peu ou pas de courriers personnels dans lesquels un rédacteur raconterait ou décrirait : pourquoi décrirait-on quelque chose qui fait partie du quotidien ?
Pour la partie consacrée à ces cochons du quotidien, je pensais avoir épuisé les ressources écrites des archives. Mais un document m’avait échappé, découvert très récemment, un parchemin daté du mercredi qui suit la fête de Tous les Saints, année 1506 : Der Beck ordnung ire Swin halb, règlement à l’usage des boulangers, concernant leurs cochons…
Le document que propose cet article est une supplique adressée par l’ensemble des très obéissants et très soumis sujets de l’Obermundat à son altesse sérénissime l’évêque de Strasbourg, leur Seigneur et Prince.
Le document n’est pas daté, comme la plupart des suppliques. Mais la graphie, certaines tournures et les situations évoquées permettent de préciser les circonstances et le moment de sa rédaction: il date vraisemblablement des années qui ont suivi les traités de Münster en Westphalie de 1648 et des événements douloureux qu’a connu la ville en 1674 et 1675
La population de la Ville implore leur Seigneur pour qu'il leur vienne en aide en allégeant les charges qui s’accroissent de jour en jour et qui leur sont devenues insupportables. Il s'agit donc de convaincre et dans le cas présent d'émouvoir, de susciter de la pitié...
D’autres requêtes sur les mêmes sujets sont conservées aux archives de Rouffach, j’ai choisi celle-ci, malgré les difficultés qu’elle présente par le vocabulaire et la syntaxe parfois inutilement compliquée et parfois obscure. La traduction n’a pas été aisée, et celle que je propose ici n’est pas définitive, il reste encore des lacunes importantes que les lecteurs pourront peut-être aider à combler…
les travaux s'achèvent... une alliance parfaite entre la lumineuse couleur bleue des voûtains ( XIXème siècle) , celles des clés de voûtes (XIVème siècle ?) et le blond chaud de la pierre des carrières de Rouffach
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
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