Inquisition menée „contre“ Salome ANSHELM de Eguisheim
Inquisition bössen Verdachts etlicher Persohnen vorgenomen, in beÿwesen Caspar YMBLEINs, des Schultheißen alhie zu Egisheimb, den 25. und 26. Junii A° 1630 A.D.B.R. W 346 Bailliage de Rouffach
Les archives départementales de Strasbourg conservent dans leur fonds Bailliage de Rouffach un nombre important de dossiers d’affaires criminelles. Dans ces dossiers, dont certains étaient encore cousus * lorsqu’on me les a remis et n’avaient donc plus été ouverts depuis leur rédaction il y a quatre siècles, j’ai découvert près de 200 affaires de sorcellerie concernant des femmes, des hommes et des enfants de Rouffach et des localités environnantes. Beaucoup sont très complets, d’autres le sont moins, il m’en reste un grand nombre à déchiffrer, transcrire et analyser. Je propose dans cet article un de ces documents, concernant neuf personnes d'Eguisheim soupçonnées de sorcellerie, une Inquisition menée en présence du Schultheiss d’Eguisheim, Caspar Ymblein, les 25 et 26 juin 1630
* Note: le lecteur s’étonnera peut-être de l’expression : certains étaient encore cousus. Une fois une affaire jugée, toutes les pièces étaient cousues pour qu’elles ne se dispersent pas et placées, pour archivage dans des sacs à procès en toile de jute ou de chanvre, scellés. Ces sacs étaient ensuite suspendus en hauteur à une poutre pour mettre les papiers et surtout les parchemins à l’abri des rongeurs. De là viendraient les expressions affaire pendante, l’affaire est dans le sac, vider son sac, et avoir plus d’un tour dans son sac... Depuis, on a inventé les classeurs Leitz et la mort aux rats !
On peut imaginer mon émotion lorsque avec l'autorisation de la conservatrice des archives de Strasbourg, j'ai "décousu" ces liasses cousues il y a 400 ans, pour prendre connaissance de leur contenu, toujours insoutenable...
Rappelons que dans ce contexte, Inquisition signifie enquête, audition de témoins, sur des personnes que la rumeur publique dénonce. A la fin du seizième et au dix-septième siècle, les procès de sorcellerie sont jugés par des tribunaux laïcs et les jurés en sont de braves (?) bourgeois de Rouffach et / ou d’Eguisheim ! L’inquisition est l’étape préalable d’une procédure juridique qui se fait en l’absence et à l’insu de la personne concernée et elle n’implique pas toujours une arrestation et un interrogatoire suivis d’un procès. Au moins une des neuf femmes qui ont fait l’objet de cette Inquisition, Margaretha Schönholtzer, a été poursuivie en justice, condamnée et exécutée. Une note découverte aux archives municipales de Rouffach dit que Margaretha, épouse de Joachim Haberer d’Eguisheim, a été exécutée, la même année 1630…
Pour les autres, nous n’avons pas retrouvé pour l’instant de traces de procès. Dans un premier article nous nous étions intéressés aux témoignages, Inquisition, concernant la première de ces femmes, Margaretha Schönholtz.
Je propose, dans ce second article, de nous intéresser à Salomé ANSHELM, épouse légitime de Hans Pauer bourgeois d’Eguisheim et à ce que des hommes, des femmes et même une fillette de treize ans ont pu dire d’elle, à son insu, aux autorités qui enquêtaient sur elle.
Des témoignages particulièrement affligeants, souvent confus et incohérents, dans lesquels les témoins répètent sottement une rumeur, ou rapportent des faits qu’ils avaient entendu dire par des gens qui répétaient eux-mêmes ce qu’ils avaient entendu dire, On y fait même parler des morts ! A la lecture de cette Inquisition on ne peut aujourd’hui, qu’être perplexe devant la vacuité de ces assertions… Comment des juges pouvaient-ils donner foi à de telles niaiseries ? Cette inquisition de Salomé est un triste modèle du genre, qui prêterait à rire si on ne savait pas qu’elle était, le plus souvent, le premier engrenage d’une machinerie infernale qui allait mener, inéluctablement, à une arrestation, une incarcération dans des conditions inhumaines, un interrogatoire sous la torture et une mort horrible, jetée vive dans le bûcher pour y être réduite en cendres.
Onze témoins déposeront, sous serment, pour cette Inquisition menée contre Salomé:
Benedict Khaissersperger, bourgeois d’Eguisheim, âgé de 44 ans, déclare sous serment et gethaner Hand Treu, (en levant la main) qu’il connait l’épouse de Hans Pawr, qu’elle est native d’ici (d’Eguisheim) et qu’il avait entendu à son sujet depuis trois ans, lorsque Agnès Spon (surnommée la Gsanderin) fut exécutée (le 18 octobre 1627), de bien mauvais soupçons, bösen Verdacht : elle avait vécu en très mauvais termes avec son précédent mari, le défunt Hans Ernst. Il aurait voulu se séparer d’elle mais tomba dans une étrange et grave maladie dont il finit par mourir.
Elle ne fréquente aucune compagnie, elle vient souvent chez lui, témoin, pour lui emprunter toutes sortes de choses et elle n’a de cesse que lorsqu’elle les obtient.
La rumeur commune dit également qu’elle aurait ramassé deux poules mortes près du Grengel (grendel et grindel, défense protégeant la porte d’une ville), à la Porte basse, dans le Fossé aux poules, qu’elle les avait rapportées chez elle, les avait fait cuire et donné à manger aux domestiques, dont trois en tombèrent malades…
La même rumeur rapporte qu’elle possédait également un bouc noir qui tomba malade (selon le témoin, il était bien visible que cet animal avait été chevauché… par une sorcière, évidemment !) dépérit et finit par mourir. Elle le donna à manger à ses domestiques dont trois tombèrent malades !
Item, au temps de la dernière Pentecôte, la fillette du témoin se serait rendue en compagnie de la fille de Salomé, nommée Catherine, dans le jardin du témoin, où cette Catherine aurait touché et secoué un pied de groseilles, qui s’est desséché en l’espace de deux jours, perdant tous ses fruits. N’en sait pas davantage.
Marie Pfister, épouse du précédent témoin Kheissersperger, âgée de trente ans, déclare après avoir prêté serment, que sa fille avait été dans son jardin en compagnie de la fille de Salomé, que cette dernière avait touché un pied de groseillier, à la suite de quoi tous les fruits étaient tombés et l’arbuste avait desséché et péri.
Elle dit également qu’il y a de cela quatre ans, son jeune fils, qui était entièrement paralysé d’un côté était décédé. Elle, le témoin, pensait que cette mort était un signe de la volonté divine. Mais lorsque la sage-femme fut exécutée et que cette Salomé vint lui rendre visite, à elle Marie, et lui dit que c’était cette sage-femme qui avait paralysé l'enfant, alors que cette sage-femme n’avait jamais approché cet enfant malade. Mais Salomé, elle, avait rendu visite à l’enfant malade et l’avait même pris dans ses bras. Elle, Marie, n’avait jusqu’alors jamais soupçonné Salomé d’avoir nui à son enfant, mais comme cette Salomé s’était introduite en cachette dans sa maison, elle pensait maintenant que c’était elle qui était responsable de la paralysie de son enfant…
Cette Salomé a également demandé à elle, témoin, si elle et sa fille Ursula n’entendaient pas chez elles, dans la nuit, un remue-ménage de fantômes…
Elle a également entendu dire que la Salomé possédait un bouc malade, qu’elle avait elle-même abattu, fait sécher (?) la viande et donné à manger aux domestiques, dont trois étaient tombés malades !
De plus, elle avait également entendu qu'elle avait fait cuire en civet et fait manger à ses domestiques un porcelet crevé!
Elle avait, elle Marie, prêté à Salomé, une poêle à œufs en terre cuite. Lorsqu’elle la lui rendit, elle l'ébouillanta et la posa sur le feu : une mousse étrange s’y forma et une odeur bizarre s’en échappa, elle dut jeter le plat.
Georg Rupp, bourgeois du lieu, dit, après qu’on lui eut rappelé les termes de son serment de bourgeois et s’engageant lui-même d’un signe de la main, que Hans Pauer, l’époux de Salomé, lui avait confié que sa femme, la Salomé, s’était levée du lit vers minuit, qu’elle était restée dehors deux bonnes heures, après quoi elle s’était recouchée. Il lui avait alors demandé où elle était restée si longtemps : elle lui avait répondu qu’elle s’était rendue uff den Gang, et qu’elle avait vu du beau monde avec des Federbuschen, avec des coiffures à panaches de plumes ! Lui, le mari, lui dit alors : Eÿ ! Moi j’aimerais bien les voir également, à quoi elle lui répondit : Mais toi, tu n’es pas aussi « selig » (je n'ai pas compris le sens de ce mot dans ce contexte). Fin de la déposition.
Anna Schiellerin, veuve de Leonhardt Seiller, âgé d’une quarantaine d’année, dit après avoir prêté serment et qu’on lui eut rappelé les peines encourues pour faux témoignage, que sa fillette défunte, alors âgée de 13 ans, s’était disputée avec la fille de Salomé, nommée Catharina, qui avait menacé sa fille : "en vérité, je veux te tresser (sponen) tes boucles (Haarbögen) " et elle frappa sa fille. La Salomé est alors venue, la gamine a frappé à nouveau, a jeté la fillette à terre, lui a arraché sa coiffe, l’a frappée des pieds, à la suite de quoi la fillette, à cause des coups répétés, est décédée. Ainsi se termine sa déposition et on lui a demandé de garder le silence.
Christoff Starckh, le baigneur (der Bader) déclara que lorsqu’elle venait aux bains, on la fuyait, elle était souvent assise seule, à cause de la rumeur qui la poursuivait. Il ne savait rien dire d’autre à son sujet et il termine sa déposition.
Maria Pfister dit qu’elle avait entendu dire par Jacob Böhler, que cette Salomé, il y a de cela un an, avait offert en aumône à un habitant de Husern, appelé N. Eginger, une tartine de Ziger (fromage) dont il tomba malade et finit par mourir, et il disait que c’était elle qui était responsable.
Elle dit également qu’un cheval serait mort chez Wilhelm Maller et à ce sujet Salomé lui aurait dit qu’elle avait entendu comment cela s’était passé. Maria, le témoin, lui avait demandé où elle avait entendu cela et elle lui avait répondu que cette nuit, vers 10 heures, en compagnie de sa fille Ursula (qui maintenant était mariée à Hattstatt), elle avait entendu ce tumulte. Cette Salomé n’arrêtait pas de demander à Maria, le témoin, si elle n’entendait pas également ces choses-là, mais elle n’osait pas le lui dire, alors qu’elle lui disait habituellement tout.
On fait même témoigner les morts :
Barbara Bürckher, âgée de 44 ans, l’épouse de Jacob Brotbeckher, dit, après avoir prêté serment, qu’il y avait de cela trois ans, Hans Pauer, l’époux de Salomé, avait, au temps du vivant de son mari Hans Vischer, débarrassé du fumier. Ce Hans Vischer, son défunt mari, voulut apporter le salaire de son travail à Hans Pauer, mais celui-ci n’était pas à la maison.
Par contre s’y trouvaient Salomé, la femme de Pauer, Elisabeth, la femme de Wegbecher ainsi que Ursula, la fille de Salomé, qui étaient en train de boire ensemble. Il demandé où était Hans Pauer, pour qu’il lui remettre l’argent qu’il lui devait. Elle lui répondit qu’il n’était pas là. La femme de Jacob Wegbecher est rentrée dans sa maison et il a donné l’argent à l’épouse de Pauer. Elle a ordonné à sa fille Ursel (Ursula) d’apporter (à lui Vischer) de quoi boire. Ce qu’elle refusa, disant que sa mère n’avait qu’à le faire. Finalement la fille y est allée et a cherché à boire : elle a tendu la cruche à sa mère qui voulut servir à boire à Hans Vischer. Mais celui-ci refusa, disant qu’elle devait boire d’abord. Elle porta alors la cruche à sa bouche, mais lui, Hans, le défunt, ne pouvait dire si elle avait vraiment bu.
A la suite de quoi, il en but tout de même un peu. Le même jour, au soir au dîner, il se plaignit, disant que quelque chose était resté bloqué dans sa gorge et qu’il avait du mal à avaler, et cela dura environ 15 jours, allant de mal en pis. Elle, sa femme, lui conseilla alors d’avaler un morceau de Kindelbrot dur tout entier, (je pense que ce Kindelbrot est un pain fabriqué à l’occasion des repas de baptèmes (Kindelmahl, Kindtauffessen), vraisemblablement un pain béni que l’on conserve, dans les familles, ce qui explique qu’il ait été dur !)
Ce qu’il fit. Mais alors que ce morceau progressait dans son corps, il lui apparut sur le côté un abcès de la taille du poing d’un homme et aussi dur qu’une pierre.
Les eaux de Plombières ne guérissent pas les maléfices des sorcières !
Avec le témoin, son épouse, ils se sont rendus aux bains de Plombières (ins blimberisch Bad, également blunberisch) , pensant que cela pouvait l’aider. Mais lorsqu’ils furent de retour à la maison, un méchant pus blanc, s’écoula de sa plaie, qui faisait bien un demi Ohmen (l’ohmen de vin fait 50 litres !) et il en mourut… Comme il n’avait rien bu ailleurs que chez cette Salomé et qu’il s’était senti mal immédiatement après, lui, Vischer, et elle, son épouse, ont eu de graves soupçons sur Salomé. D’autant plus qu’ils n’avaient jamais rien entendu de bon à son sujet auprès d’autres gens.
Rossina, la fille légitime de Steffel Prasser, âgée d’environ 13 ans, dit qu’il y a quatre semaines, elle avait porté pour midi les repas aux domestiques de son maître, que l’épouse de Hans Pauer avait pris des lentilles vertes dans le fossé aux poules, dans lequel on jette toutes sortes de volailles mortes, et qu’elle avait ramassé pour la troisième fois une poule morte.
Mais elle, Rossina, ne sait pas si elle l’avait emportée chez elle. Mais lorsqu’elle, Rossina fut de retour pour chercher à boire, elle n’a plus retrouvé cette poule… Sinon, elle avait entendu qu’elle, Salomé, avait une mauvaise réputation et qu’on la soupçonnait… On lui recommanda avec force le silence et la discrétion.
Jacob Böhler, bourgeois d’Eguisheim, âgé de 38 ans, …. Dit qu’il ne pensait rien de bon de cette Salomé, qu’elle avait mauvaise réputation et qu’on la soupçonnait de sorcellerie (c’est la première fois que le mot est prononcé), et qu’elle était acoquinée à la Wackherin, qui, elle-même, était tenue par beaucoup pour une mauvaise personne. Par ailleurs, il avait appris de la Salomé Khellerin, qui depuis avait déménagé, qu’on avait aperçu sa cousine (Baase : cousine ou tante) en compagnie de sa fille Catherine, de nuit, dans les fossés du château.
Item, le témoin a entendu de Jacob N., le tonnelier et bourgeois de Hussern, qu’il a trois quarts d’an, son beau-frère, Hans Eginger, qui est médecin de chevaux et qui habitait chez Hans Pauer, avait dit que la femme de Hans Pauer lui aurait donné une tartine de Ziger, et que, aussitôt qu’il l’eut mangée, il fut pris de douleurs, et qu’en l’espace de trois jours, il s’était confessé, avait reçu la communion et qu’il mourut. Il dit que c’est elle qui lui a donné la mort ! Termine ainsi son témoignage.
Morand Schmitt, Hausfeuerer, (boulanger à façon, à domicile) âgé de 50 ans, dit qu’il entendait de partout des femmes qui fréquentaient le fournil, qu’elle était entourée d’une mauvaise réputation et de graves soupçons, et que lui-même n’en pensait rien de bon !
Jacob Schwertel, bourgeois d’Eguisheim, âgé d‘une cinquantaine d’années, qu’il avait entendu de la Salomé que lorsqu’ils prenaient le repas du soir, elle sortait souvent de table en compagnie de sa fille, et qu’elles ne mangeaient pas… Sinon, les gens ne pensent rien de bien d’elle et se méfient d’elle, et il est également de leur avis.
Est-il nécessaire d'ajouter un commentaire? Dans quelle mesure ces témoignages n'ont-ils pas été "suggérés" ? Dans quel but? Et qu'auraient-ils rapporté aux témoins? Sont-ils l'expression d'une rancune, la recherche d'une vengeance contre celle qui serait responsable de la mort d'une enfant ou d'un mari ?
Souvent ces rumeurs naissent lorsque ceux qui en sont victimes sont "hors- normes", différents par leur physique, leur histoire, leur manière de vivre. Dans le cas de Salomé, il est difficile de se prononcer faute d'autres éléments; ce document ne nous apprend que très peu de choses à son sujet, sinon qu'elle ne fréquentait personne: donc, elle est singulière et, comme elle est singulière, personne ne la fréquente! Il est vrai aussi que son premier mari était mort d'une maladie étrange... que sa fille avait des pouvoirs mystérieux... De plus, ses goûts culinaires ne plaident pas particulièrement en sa faveur!
Que penseraient un juge et des jurés d'aujourd'hui, devant de tels éléments?
Peut-être ces témoignages sont-ils l'expression de la peur, une peur latente, permanente, de ce qui ne s'explique pas: la mort d'un enfant, la mort d'un mari, le dépérissement brutal d'un arbuste, d'un animal, une intempérie dévastatrice... La sorcière est alors l'explication, et même, elle rassure, pour un temps...
Au bas de la dernière page du document, la signature de Simon Vischer, Vogt et Stattschreÿber, (bailli et greffier municipal) suivi de la mention manu propria, de main-propre
Transcription du texte original A.D.B.R. W 346 Bailliage de Rouffach
Que le lecteur se rassure, on ne lui en voudra pas s'il ne lit pas cette partie!
Wider Salome Anshelmberin, Hans Pawrn Burger alhie zue Egisheimb eheliche Haussfraw.
Benedict Khaissersperger, Burger allhie zue Egisheimb, seines alters uff 44 Jahr, sagt beÿ seinem Aïdt und gethaner Handt Trew, khen [1] des Hans Pawrn Fraw, dass sie alhie gebürtig, und hab seithero dreÿ Jahren, alls die Agnes Sponin justificiert worden, bösen Verdacht uff sie gehört, hab mit Irem vorigen Man Hans Ernsten selligen [2] sehr übel gelebt, dass er von Iren ziehen wollen, demnach in ein sehr große starckhe seltzambe Kranckheit gefallen und darüber gestorben, wisse khein Gesellschafft darzue sie wohnet, khombt vilmahl allerhandt Sachen beÿ Ime zuentlehnen und will nit weichen biss sie dasselbig bekhomben hatt.
Item soll sie auch, wie sehr das gemein Geschreÿ ist, zweÿ tode Hiener beim Grengel am nidern Stattthor aus dem Hienergraben gezogen, heimb getragen und Irem Volckh gekhochet und zu essen geben haben, ingleichem auch sie (Reverenter) ein schwartzen Geissbockh gehabt, so khrankh worden, und man genuegsamb gesehen (.wie woll es ein verborgene Sach und vor Gewiss nicht zureden.) das er geritten worden, selbigen selbst abgenohmen, dem Gesindt zuessen geben haben solle, darauf dreÿ Knecht erkhranckhet.
Item, umb negstverwichne Pfingsten, sein sin Zeugen Maidlein, mit der Salome Döchterl. Catharinel. genandt, in sein Zeug Garten gangen, hab gemeltes Döchterl an einem St: Johans Dreÿbel Stockh [3] gerierth und geschitellt, welcher den zweiten Tags ganz verdoret [4] und die Böhr abgefallen. Wist weiters nichts.
Maria Pfisterin, negstgemelts Kheisserspergers Eheweÿb, Ihres Alters uff 30 Jahr, sagt beÿ Iren geleisten weÿblichen Treuwen, dass Ir Meidlin, sambt der Salome Döchterl in Irem Garten gewesen seÿen, hab der Salome Döchterl einen St: Johans Dreÿbel Stock angerierth, worvon in zweÿen Tagen die Böhr [5] abgefallen, und der Stockh verdoret.
Item hab sie, Zeügin, vor 4 Jahren ein khranckh Büeblin gehabt, so uff einer Seiten ganz lamb gewesen und also gestorben, hab Sie, Zeigin, zwar vermeint, es seÿe also von Gott geschickht, demnach aber die Hebam negts hingericht worden, und die Salome zu Ir Zeugin khomben, und gesagt, die Hebam hab Ir verstorben Khindt gelembt, da doch die Hebam niemals zu Irem kranckh Khindt gangen, aber sÿ Salome hab Ir Khindt in der Kranckheit besuecht, uff den Armb genohmen, hab zwar die Zeügin Ihres kranckhen Khindts halber uff Sie, Salomé, kheinen Verdacht gehabt, weillen aber sie so schmeichlecht in Ir, Zeügin, Behausung khomben, vermein Sie die Salome soll solches gethan haben.
Item, so hab Salome, sie Zeügin, gefragt und gesagt, ob sie nicht höre, wie sÿ und Ir Dochter Ursula, so jetzt zu Hatstatt, uff Irem Gang beÿ nachtlicher weil Gespänster hören.
Weiters, hab Salome sie Zeügin befragt ob sie nichts von Theobaldt Müehen, Burgern alhie und des Jacob Wegbechers Frawen gehört, sie vermein nicht dass diese beede Persohnen fe…b seÿen.
Item, so hab sie Zeigin, gehört das die Salome ein khranckhen Geissbockh (welchen sie Mezger nit) selbsten abgenohme, das Fleisch getört, dem Gesindt zu essen geben, darvon 3 Knecht khranckh worden.
Mehr hab die Zeügin gehört, Salome soll ebenmessig re: ein todes Schweinlein so gestorben, Irem Gsindt im Pfeffer gekhocht und zu Essen geben.
Item, so hab Sie, Salome, uff ein Zeit beÿ Ir Zeugin ein erdene Eÿr Khachel gelehnet, die sie widerumben abgeholt, auch nit woll getrauet, die Khachel aussgebrüet und zum Fewr gesetzt, welche also ein selzamben Schaumb und Geschmackh von sich geben, das sie Zeigin, solche Khachel abweg geworffen.
Georg Rupp, Burger alhie, sagt beÿ Erinderung seines burgerlichen Aïd und gethoner Handt Threw, das er diese jungsten Hackhet von einem Hecker so hiebevornen Hans Pawren Rebkhnecht gewessen, gehört habe, wie das Hans Pawr Ime vertrawter Weiss gesagt und gleichsamb erclagt dass sein Fraw, die Salome, uff ein Zeit in Mitternacht von Ihme Re: aus dem Böth ufgestanden, uff den Gang gegangen, seÿe also uff zwo Stunden ussgeblieben, demnach sie sich wider zu Ime ins Böth gelegen, er sie gefragt, wo sÿ so lang gewesen, dieselb geantwortet, seÿe uff dem Gang gewesen, und hab so schöne Leith mit Federbuschen gesehen, hab der Man gesagt, Eÿ, ich mecht sie auch woll sehen, die Ime begegnet, Du bist nicht so sellig. Endet.
Anna Schiellerin, weillandt Leonhardt Seillers Wittiben, Ihres alters uff die 40 Jahr, sagt beÿ geleister Trewen und genuegsamber Ermanung, dass uff ein Zeit Ir verstorben Döchterl. so uff 13 Jahr alt, mit der Salome Döchterl Catharina genant, im Beckhenhaus zu Unfrieden worden, hat Ir der Salome Döchterl gesagt, warlich ich wille dir den Harrbogen sponen, solches Ir Zeigin, Meidl geschlagen, ist die Salome darzue khomben, und das Meidl widerumben uff ein newes zerschlagen, zu Boden geworffen, die Haub abgerissen, und mit Füessen getretten, daraus dan das Meidlein sich des Schlagen und Tretten gleich alsbalden und je lenger je mehr übel behebt, erclagt und daran gestorben. Endet hiemit Ir Aussag, darauf Iren gebüerendt Stilschweigen ufferlegt.
Christoff Starckh, der Bader sagt, wan sie Rev: in das Badt khomt, so schewet man sie, das vilmahl alleinig sizen muess wegen bösen Verdachts, wisste sonst nichts von Ir zu sagen. Endet darmit.
Maria Pfisterin mehrgemelt, sagt beÿ voriger Erinderung, abermahls hab von Jacob Böhlern gehört, das sie Salome vor einem Jahr, einem von Hewssern, [6] so N. Eginger genant, in einem Almuessen uff Brodt ein Zigerfladen geben, darvon er khranckh worden und darauff gestorben, das sie es Ime gethan hab.
Item seÿe Wilhelmb Mallern ein Pferdt abgangen, hab Salome zu Iro Zeugin gesagt, sie habs wolgehört wie es damit zuegangen ist, und sonsten auch allerding hören khöne, hab Zeugin gefragt wo sie dasselbig gehört, ob sie sich nit förchte, andwortet sie, sie seÿ zu Nacht umb zehen Uhren, beÿneben Irer Dochter Ursula (.so an jetzo zu Hatstatt verhewrat.) uff irem Gang gestanden und disen Thumoldt gehorcht.
Item sÿ, die Salome, fragt die Zeügin auch alzeith, ob sie nit dergleichen Ding auch hörendte, und mög Iren es nit sagen, so sie doch der Zeugin alleding sagen thueth. Endet darmit.
Barbara Bürckherin, ihres Alters uff 44 Jahr, des Jacob Brodbeckhers Haussfraw, sagt beÿ Irem weiblichen Trewen und Ehren, dass vor dreÿ Jahren, Hans Pawr, beÿ Lebzeiten ihres vorigen Ehemans Hans Vischers inen Re: Bösserung [7] ausgefierth, da hab ermelte Hans Vischer Ir Zeügin Mann selliger ,dem Hanns Pawren den Fueherlohn bringen mit dem Gelt in sein Hausgang, Inen aber nicht daheimb: sondern sein Fraw die Salome; beÿneben Elisabethen, des Wegbechers Fraw und Iren der Salome Dochter Ursula, so mit einander getrunckhen, allein befunden, nach Hans Pawrn Irem Eheman gefragt, Ime das obverdiente Gelt zu geben, so sie vermeldet nicht daheimb zu sein, in disem ist Jacob Wegbechers Fraw zu Haus gangen, so hab er das Gelt sein Bawrn Frauen geben, warauff sie Irer Dochter Ursel bevolhen, Ime Vischern zu trinckhen hollen, hab sie sich dessen geweigert, und der Mueter ein solches zuthuen zue gemutet, jedoch ist die Dochter leztlich gangen und zu trinchen geholt, der Muetter die Khanden gerricht, hab sie Hans Vischern zutrinckhen geben wollen, er aber nicht begehrt, mit Vermelden sie soll zuvor trinckhen, hab sie zwar die Khanden an den Mundt gesetzt, ob sie aber getrunckhen, het er Hans ,sellig, nit wissen khönen, Ime eins gebracht, warauf er dann aber wenig getrunckhen. Demnach selbig Tages Abents beÿ dem Nachtessen sich gleich beclagt, er vermein es steckh Ime etwas im Hals, und khönn nit recht schluckhen, solches über vierzehn Tag getriben, Je lenger, je ärger worden, hab sÿ Zeugin Irem Mann, selligen, gerathen ein hardt Kindelprodt also ganz hinab zu schluckhen, welches er gethan, dasselbig darmit geschluckht, nun weilen Ime ein solches hinab in den Leib khomben, ist Ime zur rechten Seiten ein groß Geschwer, grösser als ein Manns Faust, auch alles hört [8] eines Steins aufgeloffen, seÿ Er, Hans Vischer, beÿneben Zeügin seiner Hausfrawen, in Lottringen ins Blimberisch (ou Blunberisch) (Plombières) Badt gezogen, vermeintlich Ime geholffen zu werden, nach dem er aber widerumben zu Haus khomben, ist ein solcher Re: ganz weißer und gifftiger Unrath gewisslich ein halber Ohmen von Ime gangen darvon er sterben müessen, der Ursachen weillen er anderswo nicht (.allein disen Orth getrunckhen.) und gleich darauff übel befunden, er, Vischer und sie Zeügin, bösen Argwohn geschepfft, höre auch von andern Leithen nichts guets von Iro. Endet.
Rossina, Steffel Prassers, Burgers alhie, eheliche [9] Dochter, Ihres Alters beÿ dreÿ zehn Jahren, sagt Berichts weiss, wie dass sie vor vier Wochen seines Meisters Gsindt,[10] umb den Mittag zu essen gebracht, hab es gesehen, das Hans Pawrn Frau grüene Linsen vor Ire Ennden, im Hienergräbel, darin man allerhandt todt Gefliegel würfft, genohmen, und ein todt Huen zum dritten Mahl heraus gezogen, wisse aber nicht ob sie solche heimgetragen, allein alls sie, Rosinia, wider zurückh khomben und trinckhen geholt, hab sÿ die Hüen niergendts mehr sehen khönnen, sÿ het auch sonsten gehört, das sÿ im bösen Geschreÿ und Verdacht seÿe. Endet. So Iren mit sonderlichen starckem Stillschweigen eingebunden worden.
Jacob Böhler, Burger alhie zu Egisheimb, seines alters ungevahr 38 Jahren, sagt neben Erinderung seines burgerlichen Aïdts, nach geleister Hand Trew, dass er nicht vill uff Salome, Hans Pawrn Haussfraw, halte, dan sie von jederman böss Lob und mit der Hexereÿ verschrewet,[11] und geselt [12] sich gehrn zu der Wackherin, die auch von villen für ein Unhulden [13] gehalten wirdt. Sonsten hab er von der Salome Khellerin [14] (die nun gewandert) [15] gehört, das man Ir Baas die Salome, mit Irem Döchterl Catherinel in dem alhiesigen Schloss oder Burckgraben beÿ nächtlicher Zeit gesehen haben soll.
Item hab Zeüg von Jacob N: dem Küeffer und Burger zu Hewssern [16] gehört, das vor dreÿ viertel Jahr sein Kieffers Schwehern, Hans Egingern, so ein Ross Artzt gewest und vill zu Hans Pawrn gewohnt, in Rueben und mit einem Ziger Flaten, von sein , Hans Pawrn Frawen vergeben worden sein solle, dann sobaldt er dasselbig gessen gehabt, sich gleich geclagt und inerthalb dreÿ Tag darauff beichtet, communecierth und gestorben, das sie Ime den Todt angethan hab. Endet hiemit sein Aussag.
Morandt Schmidt, der Hausfewrer, uff 50 Jahr alt, sagt das er in gemein von den Weibern im Bachauss auch sonsten, höre, dass sÿ in bösen Hexereÿ Geschreÿ und Verdacht seÿe, wie er dan selbsten Iren nichts Guets zuetrawe.
Jacob Schwertl, Burger alhie, seines alters beÿ fünffzig Jahren, sagt, nach genugsamer Erinderung, das er von der Salome Kharcher (.welcher bereits gewandt.) gehört hab, wann sie zu Nacht essen, dass sie etlichmall und offt mit der Dochter hinaus in die Khuhl gehet und nicht essen, sonsten halt man und trawet Ir nicht vill guets, dessen er auch weniger nicht vermeint. Endet.
Notes:
- [1] il déclare connaître
- [2] son défunt mari
- [3] un pied de groseiller
- [4] le pied a desseché
- [5] les baies
- [6] Husseren
- [7] Besserung : du fumier
- [8] hart, dur
- [9] fille légitime
- [10] le personnel
- [11] verschreien, décrier
- [12] faire Gesellschafft, fréquenter
- [13] ein Unhold : un être méchant, nuisible
- [14] die Kellerin : la servante, la cellérière
- [15] Curieusement, la personne qui est à l’origine de la rumeur, vient de déménager. La même situation se représentera un peu plus loin !
- [16] Husseren
Gérard Michel
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