Dans un article publié le 12 juillet 2018 intitulé Confrérie des compagnons boulangers, cordonnier et meuniers 1492, j'avais proposé en fin d'article, sous le paragraphe ' Pour les amateurs de paléographie les photographies des 4 pages du document original. Récemment, une lectrice, Madame M-F. K. m'a contacté pour me demander si je pouvais lui faire parvenir la transcription de ce texte. Comme tout devoir mérite une correction, voici la transcription de ce document, qui pourra ainsi profiter à tous les lecteurs.
Le lecteur retrouvera le texte original avec les photos du document, dans l'article mentionné ci-dessus, en cliquant sur le lien en rouge.
Ci-dessus, une évocation de la Pierre d'infâmie ou Klapperstein, que Maître Ginther, le bourreau de la ville, suspendait au cou des bavard(e)s et des mauvaises langues, avant de les mener dans les rues, sous les rires et les quolibets des passants. Cette pierre sculptée se trouve en hauteur, à l'angle gauche de la façade de l'Ancien Hôtel de Ville, là où, justement, les conseillers du Magistrat prononçaient ces condamnations.. C'était une question difficile!
Saint Urbain bas-relief n° 23 rue C.I. Callinet
Le vin a une importance considérable dans l’économie de Rouffach dès le haut Moyen-Âge et il participe à la richesse et à la renommée de la ville. C’est une source de revenus pour le peuple, c’est une source de richesse pour les bourgeois et surtout pour les nombreuses cours appartenant à de riches abbayes parfois lointaines qui perçoivent les revenus des terres qu’elles possèdent à Rouffach, ainsi que pour le seigneur de la ville, l’évêque et les chanoines du grand chapitre qui perçoivent la dîme en vin.
Une des sources principales qui permet de retracer l'histoire de la viticulture à Rouffach, est là encore les registres des sessions du magistrat qui nous renseignent sur les dates des récoltes, bien plus tardives qu'aujourd'hui, les règlements des vendanges, les travaux des vignes, etc.
On y rend compte des années de mauvaises récoltes, de vignes ravagées par le gel, la grêle, d'années de précipitations incessantes ou de grande sécheresse qui ruinent les espoirs de récoltes, phénomènes météorologiques dévastateurs toujours présentés dans les textes comme une punition divine, comme dans le document qui suit:
Une recherche sur le Web m’a fait découvrir par hasard le Dictionnaire géographique, historique, industriel et commercial de toutes les communes de France et de plus de 2000 hameaux en dépendant, un ouvrage colossal en 3 volumes publié en 1844 par Pierre Augustin Eusèbe Girault de Saint Fargeau, également auteur du Guide pittoresque du voyageur en France en 6 volumes, publié en 1834.
Je n’ai évidemment pas résisté, et j’ai cherché Rouffach, que j’ai trouvé dans le volume 3, page 513.
En 1844, Rouffach comptait 3349 habitants et tenait 5 grandes foires annuelles : le 14 février, 20 mai, 16 août, 9 septembre et 28 novembre. L’article reprend quelques éléments d’histoire, signale le prieuré Saint Valentin et les soins pour épileptiques et mentionne des fabriques de tissus de coton, de peluche pour chapeaux et filatures de coton.
Le passé industriel du Rouffach du dix-neuvième siècle a été peu étudié jusqu’à présent. On pense évidemment d'abord à la manufacture d'orgues Callinet, l'une des plus grosses entreprises de ce type à son époque, qui livra des orgues dans toute la partie Est de la France, jusque dans la banlieue de Toulon. Mais il s'agit là de manufacture, pas d'industrie. De même, une entreprise familiale fabriquant des chandelles ou une autre des mèches soufrées pour désinfecter les tonneaux, n'est pas à proprement parler une entreprise industrielle, la diffusion de ses produits restant très locale.
Pour l'instant, pas de traces écrites des fabriques mentionnées par le Dictionnaire géographique, historique, industriel et commercial de toutes les communes de France...
J’avais trouvé, il y a une quinzaine d’années un document conservé aux Archives départementales du Haut-Rhin (A.D.H.R.) dans lequel il est question d’une fabrique de châles de laine imprimés, installée le long de de l’Ohmbach : ses propriétaires demandent à la municipalité l’autorisation d’installer une dérivation sur le cours de la rivière pour alimenter une station de lavage de ses châles après leur impression. Il s’agit d’un document hautement intéressant, à plusieurs titres : d’abord parce qu’il nous permet de découvrir cette fabrique, et surtout parce qu’il est accompagné d’un plan très précis du cours de l’Ohmbach et des maisons riveraines, entre l’ancienne perception et la ruelle du Saint Esprit.
Glandée en forêt de chênes J. Callot
Dans l’état actuel de nos recherches, le premier document qui décrive la transhumance d’un troupeau de porcs hors du domaine forestier de Rouffach, Soultzmatt, Gueberschwihr et Pfaffenheim, figure dans le registre des délibérations du Magistrat de Rouffach, en date du 1er octobre, premier mardi après la Saint Michel, de l’année 1555.
Il s’agit d’un contrat passé entre la ville de Rouffach et 6 bourgeois de Chenebier, près d’Héricourt, pour le fainage de 298 porcs, pour une durée de près de deux mois, du 29 septembre au 21 décembre, dans la forêt de hêtres de Chenebier. Il est précisé expressément qu’il s’agit de fainage, consommation des faines de hêtres, et non de la consommation des glands de chênes.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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