La croix de saint André image H. Walter Das steinerne Andreaskreuz im Rufacher Münsterchor,
En guise d'introduction à ce billet sur une particularité intéressante du chœur de notre église, je propose une traduction d'un court extrait de l'article que Hugues Walter a consacré à ce sujet dans l'Annuaire de la Société d'histoire des régions de Thann-Guebwiller années 1951-52:
Le revêtement de sol de l'église de Rouffach est d'une beauté toute particulière et mériterait d'être représenté en couleur. Il est essentiellement composé de dalles de grès rouge et blanc, dont la distribution souligne les particularités architecturales du plan. Le chœur est traité comme un échiquier avec une alternance de dalles carrées rouges et blanches. Dans cet échiquier, à environ 4,70 m du transept, se trouve un étonnant monolithe en grès blanc, qui a la forme d'une croix de Saint-André. Cette pierre remarquable a été brièvement mentionnée dans un article de l'annuaire de la Société historique de Thann-Guebwiller, 1951 ; on y soulignait que cette pierre semblait revêtir une signification toute particulière dans le plan d’ensemble de l’édifice.
Hugues Walter
La croix de saint André apparait au milieu de l'image: il s'agit d'un monolithe en pierre claire sur lequel on peut distinguer des traces d'un dessin géométrique régulier, rayonnant à partir du centre de la figure. La technique et la matière de ce tracé restent pour l'instant à l'étude. Quant à la datation de cette pierre, elle reste tout aussi énigmatique. Certains auteurs ont fait d'elle une pierre qui marquerait l'emplacement de l'autel du chœur roman démoli dans le dernier quart du 12ème siècle pour être remplacé par le chœur actuel. Une aimable hypothèse, inspirée tout droit des ouvrages d'Henri Vincenot et des Cahiers de l'abbaye de Boscodon, mais qui ne repose sur aucune source vérifiable. Cette dalle, comme la plupart des dalles du chœur, est "récente". Les grands travaux entrepris au XIXème siècle ont également touché le chœur, en particulier l'un des grands piliers qui soutient les voûtes de la croisée du transept et à cette occasion, le dallage a été déposé et peut-être modifié. Auparavant déjà, le 4 avril 1813, la fabrique de l'église avait demandé que le pavage soit refait à neuf:
"Considérant que le pavé du chœur est tellement délabré qu'on ne peut y marcher de pied ferme. Ce que le bureau a déjà observé l'année dernière. Il devient nécessaire qu'il soit fait à neuf aux dépens de la Ville, la fabrique manquant de fonds..."
Le devis initial s'élevait alors à 1600 frs...
Cette croix de saint André existait-elle déjà à ce moment là ? Pour l'instant, les archives sont muettes à ce sujet. Aujourd'hui cette pierre ne présente pas de traces d'usures notables, alors que de nombreuses autres dalles sont très abîmées et ont dû être changées dans le passé, parfois sans que soit respectée la disposition en damier, alternant des dalles claires et des dalles rouges.
L'actuelle restauration du chœur a inclus le remplacement de plusieurs dalles particulièrement abîmées, mais n'a pas restitué le damier **** initial, et n'a pas rendu sa lisibilité à la croix de saint André. Dommage...
Pour ce qui est de l'explication de cette pierre, je la laisserai aux partisans des théories ésotériques, spécialistes de la corde à 13 nœuds, de la quine des bâtisseurs et du nombre d'or...
Aux lecteurs intéressés, je conseille la lecture de deux articles de Hugues WALTER parus dans les Annuaires de la Société d'histoire des régions de Thann-Guebwiller:
- Valeur métrique du "pied" employé pour la construction de l' église de Rouffach, page 95 1948-1950
- Das steinerne Andreaskreuz im Rufacher Münsterchor, page 42 1951-1952
Ces documents peuvent être consultés dans les bibliothèques des sociétés d'histoire et dans celles des archives des régions de Thann-Guebwiller. De plus, ils se trouvent dans toutes les collections des amateurs d'alsatiques du bailliage !
La présence de la croix de saint André du chœur de l'église Notre-Dame de Rouffach, restera donc, pour l'instant, une question sans réponse , qui s'ajoutera aux nombreuses autres que pose notre église. Quel serait le plaisir de la recherche si nous disposions de toutes les réponses ? Il restera au visiteur le plaisir de découvrir cette pierre et de laisser vagabonder son imagination pour trouver sa propre réponse...
**** Note:
Pour ceux qui, comme moi, souffriraient d'amnésie, je me permets de leur proposer la définition du mot damier que donne Wikipedia : Surface divisée régulièrement en carrés contigus et alternés, de deux couleurs ou de deux teintes de la même couleur...
Un tissu à damier rouge et blanc. Carrelage, étoffe en damier.
Bibliographie:
Henri Vincenot:
- Le pape des escargots roman 1983
- Les étoiles de Compostelle roman 1987
Les cahiers de l'abbaye de Boscodon: L'art des bâtisseurs romans
Gérard Michel
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