Pose de la première pierre de la Tour Nord-Ouest
La photo ci-dessus d’Adolphe Braun, représente la façade ouest de l’église Notre-Dame de Rouffach telle qu’elle se présentait encore en 1859 avant les grands travaux de consolidation, de restauration et d’achèvement qui commenceront en 1866. L’église est alors fermée au culte et les offices seront célébrés dans l’église des Récollets. Elle sera rendue au culte le matin de Noël 1873, lors du premier office célébré, à cinq heures du matin, dans l’église restaurée. Un chantier gigantesque qui aura duré sept ans. Le budget initial, 358.712, 61 francs, voté et approuvé pas la municipalité le 17 août 1866 n’avait pas prévu les grands travaux de reprise des fondations de l’église ni la totale démolition et la reconstruction complète de la tour de gauche depuis ses fondations. Il a fallu reprendre les fondations de piliers de la tour centrale, à la croisée du transept et surtout celles de la tour Nord-Ouest, alors inachevée. Un dessin de l’architecte A.Mimey, montre parfaitement la nature des fondations de cette tour en 1867 : le mur reposait sur un hérisson de pierres de 80 cm. d’épaisseur, posé sur une couche de terre glaise de 1, 50 mètres, elle-même posée sur le « bon sol ». Ces fondations furent excavées et remplacées, depuis le niveau du « bon sol » par une épaisse couche de béton de près de 2 mètres d’épaisseur sur laquelle fut posée une semelle (libages) de moellons de pierre sur près de 2 mètres également … Les mêmes travaux furent nécessaires, à l’intérieur de l’église cette fois, pour notamment consolider des colonnes du chœur. Ce qui augmenta considérablement le montant du devis initial : le devis supplémentaire du 6 août 1869, d’un montant de 305.106,49 francs doublait la facture !
La reconstruction de la tour de gauche fut marquée par un événement important, la pose de la première pierre, le 14 novembre 1887.
La pose de la première pierre de la tour Nord de N.D. de Rouffach ...
Voici quatre pièces du dossier relatif à la pose de cette première pierre, conservées aux archives municipales de Rouffach:
Délibération du Conseil municipal du 8 novembre 1867 :
Considérant qu’il importe de transmettre aux générations futures l’époque précise de la consolidation, de la restauration et de l’achèvement de l’église paroissiale de cette commune
Qu’il convient que la pose de la première pierre à l’angle de la tour Nord e cet édifice soir accompagnée d’une petite cérémonie et de réjouissances publiques :
Vote, sur les fonds de la caisse, un crédit éventuel de deux cents francs pour les frais que nécessite une inscription sur pierre de taille, le dépôt et l’enclavement de pièces monétaires de ce temps, et les victuailles aux ouvriers, maçons, charpentiers et serruriers, à l’occasion de la solennité dont il s’agit.
15 novembre 1867 :
Monsieur le préfet
J’ai l’honneur de vous rendre compte que hier 14 du courant, la première pierre de la tour Nord de l’église de Rouffach a été posée. A deux heures, cette petite fête a été commencée par la sonnerie de toutes les cloches, le conseil s’est rendu en cortège de l’hôtel de ville sur l’emplacement des fondations. Tout le clergé s’y est rendu également, la musique des sapeurs-pompiers a fait entendre les plus beaux morceaux de son répertoire, presque toute la population de Rouffach était présente. A quatre heures, les ouvriers occupés à cet édifice ont été invités à une collation offerte par la municipalité, cette petite fête s’est terminée dans la soirée et aucun désordre n’a eu lieu…
24 novembre 1887 A.M.R. J 63, 199 N° 13
Note de M. Joseph Barta, sculpteur, à Monsieur M. Mimey, architecte de l’église de Rouffach.
Gravé et peint 306 lettres pour l’inscription de la pierre d’angle, à raison de 0,15 c. la lettre …. 45, 90 francs
Quatre journées pour avoir taillé ladite pierre, gravé et peint le plan de l’église, à raison de 5,00 francs la journée ….. 20,00 francs
Total : 65, 90 francs
Rouffach le 24 9bre 1867
21 décembre 1867
Bon pour la somme de soixante-cinq francs quatre-vingt dix centimes, à payer à M. Barta sculpteur
Le commis de l’Inspecteur: Eppelin
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Une première pierre a donc bien été posée, solennellement, pour marquer la reconstruction de la tour Nord : une pierre taillée, gravée de 306 lettres et peinte… Dans le cas de travaux pour une église, cette première pierre a une valeur symbolique, elle est associée aux métaphores sur les fondements de l’Eglise et en plus elle renferme une « capsule temporelle ». Elle est pierre de fondation ou pierre angulaire, dans le sens que lui donnent de nombreux textes bibliques. Et à ce titre, elle doit être nettement visible, à l’angle d’une tour, par exemple…
Or, ici, à Rouffach, cette pierre n’est plus là ou, tout au moins, l'inscription n'est plus visible ! Déplacer une "première pierre" n'est pas une opération anodine et il aurait fallu une raison grave, une menace sur la structure de l'ensemble, pour l'enlever et la remplacer . Peut-être a-t-on, pour une raison que nous ignorons, colmaté les gravures avec un enduit ou retaillé la face de la pierre portant les gravures et le dessin? A quelle occasion? Peut-être parce que le texte était en français. .. ?
Peut-être la réponse se trouve-t-elle dans les archives? Affaire à suivre ...
Gérard Michel
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Note au sujet de Joseph Barta, le "grand Barta": par François Boegly
François-Joseph BARTA, le fils unique, est connu comme sculpteur à Rouffach. Son œuvre est prodigieuse, justifiant son surnom « le grand Barta ».
Il épouse à Rouffach le 15.10.1845 Marie-Anne EHRET, la fille de Michel, le boulanger. C’est en 1863 que le couple acquiert une belle propriété au n°48 rue R. Poincaré, pour la somme de 3000 Francs.
Des sept enfants du couple, quatre décèdent en bas-âge et ne survivent que Françoise, l’ainée dite « Fanny », François Xavier connu comme sculpteur ainsi que François-Joseph.
Mais François-Joseph BARTA décède à 49 ans, le 12.5.1871 et sa maison est mise aux enchères le même mois, en raison de l’importance des dettes, ce qui est tout à fait étonnant vu sa notoriété.
Son épouse ne décèdera qu’en 1893, probablement chez sa belle-fille, Agathe FRIES, épouse de son fils François-Xavier et connue comme aubergiste « A la Chasse ».
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