Seconde partie de la conférence donnée par Pierre-Paul FAUST vendredi 26 janvier 2001 à la salle paroissiale de Rouffach.
Cet article est décomposé en plusieurs parties : partie 1, partie 2 (page actuelle), partie 3.
- 1. cahier des charges
- 2. travaux de terrassement pour la reprise des fondations
- 3. pose de la première pierre
- 4. travaux de charpente
- 5. travail de nuit et dans l’eau :
- 6. 1869 année des surprises
- 7. en 1870 les travaux sont troublés à la suite de la déclaration de guerre
- 8. découverte dans le bouton de la flèche
- 9. démission de Maximilien MIMEY
- 10. première messe dans l'église nouvellement consacrée
- 11. le maire F.X. HEIMBURGER se fait immortaliser sur une clé de voûte...
- 12. nouvelle tribune pour l'orgue
- 13. réception définitive des travaux
1. cahier des charges
Voici l’essentiel du cahier des charges établi par l’architecte MIMEY, le 17 avril 1866, à Paris :
Le titre I définit dans son premier article les travaux :
- la restauration de l’église,
- l’achèvement de la façade ouest sans flèche,
- la démolition et la reconstruction de la flèche centrale.
article 4 : les cautions exigées des entrepreneurs sont fixées à 1/20ème du devis des travaux adjugés.
Le titre II règle l’exécution des travaux.
- l’article 6 prescrit la réutilisation des matériaux anciens sur avis de l’architecte.
- l’article 7 : le maître d’œuvre fournira à l’entrepreneur toutes les instructions nécessaires à l’exécution de son travail. Ce dernier devra toujours disposer de matériaux et ouvriers exigés par l’architecte.
- l’article 9 : l’entrepreneur fournira toutes les factures en bonne et due forme au maître d’œuvre pour le contrôle de la véracité des achats.
Il est interdit de travailler les dimanches et jours fériés à moins d’urgences exceptionnelles.
- l’article 10: les entrepreneurs devront s’arranger de manière à déranger le moins possible les offices religieux et à observer les recommandations des prêtres qu’ils transmettront au maître d’œuvre.
- l’article 11 spécifie que tous les objets trouvés dans l’église ou lors des travaux de terrassement appartiennent à l’administration. Ceux qui en découvrent doivent les remettre au maître d’œuvre. qui les dédommagera selon la valeur légale des objets.
- la police du chantier est réglée par l’article 12.
- article 13 : si l’avancement normal des travaux n’est pas assuré le maître d’œuvre choisira un surveillant qu’il imposera à l’entrepreneur qui devra le payer au tarif parisien.
- article 14 : l’entrepreneur ou son surveillant devra être présent sur le chantier pendant les heures de travail pour recevoir les ordres du maître d’œuvre.
- l’article 15 fait obligation à l’entrepreneur de ne recruter que du personnel qualifié.
- l’article 16 est important puisqu’il impose à l’entrepreneur d’installer à ses frais son aire de travail équipée des outils nécessaires, d’un espace de stockage des pierres pour la taille, pour faire le mortier ainsi que tout ce qui est nécessaire à son travail.
- article 18 : les ouvriers victimes d’accidents de travail toucheront la moitié de leur salaire journalier pendant la période d’inaptitude qui sera confirmée par un certificat étable par un médecin désigné par le préfet.
- article 20 : toutes les contestations au sujet de l’exécution des travaux et des conditions spéciales seront portées devant la commission des monuments historiques seule compétente à l’exclusion des tribunaux.
- l’article 25 prévoit quatre cas de résiliation de contrat :
- Si l’entrepreneur ne se tient pas aux conditions de travail prescrites ou n’exécute pas les ordres du maître d’œuvre ;
- Si l’entrepreneur est surpris à différentes reprises d’indélicatesse au sujet de la qualité, du nombre ou de l’exécution des travaux ;
- En cas de faillite
- Et surtout dans tous les cas de négligence, d’incapacité ou de mauvaise volonté dans l’exécution des prescriptions et des intérêts qui lui sont confiés.
- article 29 : en aucun cas l’entrepreneur révoqué ne peut faire disparaitre du chantier les outils, matériaux et voitures s’ils peuvent servir au travail de son remplaçant.
- article 23 : pour la bonne morale des travaux des états journaliers seront dressés avec esquisses et accord unanime par l’inspecteur des travaux et avis du maître d’œuvre. Il sera ainsi possible de savoir à chaque moment l’état d’avancement des travaux.
- les art . 38 et 39 règlent la réception provisoire des travaux un mois après exécution et définitive un an après.
Il s’agit donc d’une affaire sérieuse. Les travaux sont adjugés publiquement le 10 octobre 1866 aux entreprises suivantes :
- Maçonnerie : Xavier VILLER, rue de Logelbach à Colmar, rabais 11%.
- Charpente : Joseph BÜHLER, rue d’Illzach à Mulhouse, rabais 8 %.
- Serrurerie : Victor TSCHEILLER, Faubourg de Colmar à Mulhouse, rabais 24% .
- Couverture et plomberie : BÜHNER MEYER, rue principale à Guebwiller, rabais 3 %. Ce dernier entrepreneur décède en 1872 et Ch. ECK prend la succession des travaux.
Le bordereau des prix nous donne d’intéressants détails. Ainsi pour les fouilles et déblais avec chargement à la brouette le M3 vaut 1.10 ; avec roulage, chargement au tombereau et enlèvement à la décharge le tarif est de 2.50. Des plus values sont prévues pour un deuxième jet de pelle 0.20 f, 3ème 0.40 , 4ème 0.60 et de 1.50 pour fouilles dans l’eau.
Pour la maçonnerie de pierres de taille neuves pour travaux de restauration :
- pierre de Rouffach le prix du M3 est de 85.
- pierre de Saverne, Lutzelbourg ou Phalsbourg : 95.
Pour travaux d’achèvement :
- le M3 de Rouffach : 74.
- le M3 de Saverne, Lutzelbourg ou Phalsbourg : 84
Pour les cubages en sous-œuvre, le M3 :
- Lutzelbourg ou Phalsbourg : 80
- Rouffach ou Bergholtz : 72.
En élévation :
- Lutzelbourg ou Phalsbourg : 75.
- Rouffach ou Bergholtz : 65
Salaires journaliers :
- Tailleur de pierres : 5.50
- Travaillant dans l’eau: 11
- Travaillant la nuit: 11.
- Travaillant la nuit et dans l’eau : 22.
- Journées de maçon : 4,50
dans l’eau : 9
la nuit : 9
la nuit et dans l’eau: 18
- Journée de manœuvre ordinaire : 3.00
dans l’eau : 6
la nuit : 6
la nuit et dans l’eau : 12
- Journée de terrassier : 3,50
Charpente: le M3 de bois de chêne de dimension ordinaire avec assemblages compris, tous les transports, déchets, façon, trous des boulons et montage à la hauteur des combles de l’édifice:130 Fr. en sapin:60
Le même bois scié sur une ou plusieurs faces, tout travail compris: 160 Fr. en sapin: 90 fr.
Les planches selon essence, dimension et façonnage coûtent de 90 à 40 frs le m3.
Echafaudage fourni neuf, avec ou sans assemblage, pour la flèche = 55 frs le m3.
- Journée de charpentier : 4 fr.
travaillant dans l’eau : 8 fr.
travaillant de nuit : 8 fr.
travaillant de nuit et dans l’eau:16 fr.
Serrurerie :
- Pour les gros fers (ancre, chaines, harpons, étriers, boulons de 6 kg, tous travaux accessoires compris : 0,75
- Pour la flèche centrale :1,00
- Clous, chevillettes et broches de toutes dimensions : 0,90
- Fers à vitraux, compris pannetons, chevillettes, bande de recouvrement : 1 ,70
- Plomb neuf pour cales, garnitures et scellement : 2.00
Journée de serrurier : 5,50
- Travaux de nuit compris, toute fourniture accessoire moins l’éclairage : 11
Couvertures :
- Tuiles neuves ordinaires de première qualité sur lattis neuf : 4,50 le M2
- Sur lattis vieux : 3,70
- Vieilles tuiles sur lattis neuf : 1,30
- vieilles tuiles sur lattis vieux : 0,65
- Tuiles neuves mensurées sur lattis neuf : 6
- Pour la flèche centrale : 8
- Faîtage: 9,50
journée de couvreur : 0,42
journée de garçon couvreur : 0,26
Le financement des travaux sera le grand souci de la ville tout au long de cette importante entreprise. Le 1er mars 1867 déjà on souscrit à un nouvel emprunt de 150.000 frs. Il sera insuffisant et le 8 mai la commune demande l’autorisation de pouvoir procéder à des coupes extraordinaires de bois dans ses forêts.
2. travaux de terrassement pour la reprise des fondations
Monsieur LANG est nommé inspecteur des travaux et le chantier est ouvert en 1867 par d’importants travaux de terrassement pour la reprise des fondations. Des sondages avaient montré leur mauvais état surtout pour la tour nord et la flèche centrale. La nappe phréatique se situait en juin 1867 à 2m90 (en janvier 1869 elle montera à 1m70). Pour permettre ces travaux des étayages conséquents sont nécessaires pour le maintien des superstructures et dont la réalisation a posé de sérieux problèmes à l’architecte.
Le travail est dur. On travaille dans l’eau, même de nuit et il fait froid. Pour soutenir le moral on sert des casse-croûtes au fromage et du vin. Du 1er septembre au 1er novembre 1867 on en consomme pour 520 fr. En novembre ce sont 554 litres de vin et 21 litres de schnaps qui réjouissent les gosiers et en décembre 413 litres de vin et 16 litres de schnaps. Le tout fourni par le café-hôtel POINTET, A l'ours noir voisin du chantier.
Les carrières du Strangenberg connaissent une certaine activité. Les comptes des ouvriers y travaillant notent pour la période :
- du 18 au 31 décembre 1867 : 12 ouvriers soit 5 maçons dont 4 italiens et 7 aides.
- du 3 au 17 janvier 1868 : 5 maçons dont 2 italiens ;
- et du 17 janvier au 31 janvier : 8 ouvriers dont 2 italiens, soit 3 maçons et 5 aides.
Près de 2500 M3 de terre et de déblais sont évacués, dont 302 M3 de boue. 157 M3 de démolition de fondations se font en travaux pénibles et 539 M3 en moins pénible ; 240 M3 de consolidation sont nécessaires autour des fosses dont 31 M3 de fondations pour arc boutants. Les maçons ont travaillé 187 jours dans l’eau, les manœuvres 99 et les tailleurs de pierres 85 jours.
3. pose de la première pierre
En travaux hors sol, on a effectué le décrépissage de 6321 M2 de murs appareillés et enlevé des peintures pendant 82 jours. C’est en gros le travail fourni par l’entreprise VILLER pour 1867. L’année a été inaugurée par la pose de la première pierre. Le 8 novembre le conseil municipal réuni
considérant qu’il importe de transmettre aux générations futures l’époque précise de la consolidation, de la restauration et de l’achèvement de l’église paroissiale de cette commune ; qu’il consent que la pose de la première pierre à l’angle de la tour nord de cet édifice soit accompagnée d’une petite cérémonie et de réjouissances publiques : vote, sur les fonds de la caisse, un crédit étendue de deux cents francs pour frais que nécessitent une inscription sur une pierre de taille, le dépôt et l’enclavement de pièces monétaires de ce temps, et les victuailles aux ouvriers maçons, charpentiers et serruriers, à l’occasion de la solennité dont il s’agit.
Le sculpteur rouffachois Joseph BARTA est chargé de livrer la pierre. Le 24 novembre il présente la facture à Monsieur MIMEY architecte de l’église de Rouffach : gravé et peint 306 lettres pour l’inscription de la pierre d’angle à raison de 0,15 fr. la lettre = 45.90 fr. Quatre journées pour avoir taillé ladite pierre, gravé et peint le plan de l’église à raison de 5 fr. la journée soit 20 fr et un total de 65.90 fr.
La fête a eu lieu le 14 novembre et le lendemain le commissaire de police en réfère au préfet en ces termes :
M. le préfet, j’ai l’honneur de vous rendre compte que hier 14 du courant la première pierre de la tour nord de l’église de Rouffach a été posée. A 02 heures cette petite fête a été commencée par la sonnerie de toutes les cloches, le conseil municipal s’est rendu en cortège de l’hôtel de ville sur l’emplacement des fondations. Tout le clergé s’y est rendu également, la musique des sapeurs pompiers a fait entendre les plus beaux morceaux de son répertoire, presque toute la population de Rouffach était présente. A 4 heures les ouvriers occupés à cet édifice ont été invités à une collation offerte par la municipalité, cette petite fête s’est terminée dans la soirée et aucun désordre n’a eu lieu.
4. travaux de charpente
Les travaux de charpente sont également exécutés en 1867 par l’entreprise BÜHLER : démolition de la charpente de la tour sud (19 m3), du 1er étage de la tour nord et de la tribune des orgues (16 m3), puis de la flèche (45 m3) et du chevalement des cloches (36 m3).
3928 m2 de planches, madriers, etc.… sont utilisés dont 1852 m2 pour l’exécution des sculptures. Pour les coffrages, charpentes etc.… 1171 m2, au total 5099 m2. Pour les échafaudages, étais et clôture etc… 496 m2 sont nécessaires tandis que 523 m3 de bois anciens sont déposés et reposés.
Le surveillant des travaux totalise 68 jours de présence. Les charpentiers 1234 avec un surplus de 170 nuits, les manœuvres 79 jours et 14 nuits et les menuisiers 48 jours.
En 1867 les travaux de serrurerie confiés à l’entreprise TSCHEILLER, engloutissent 24 845 kg de ferraille diverse : chevilles, goujons, cales, crampons, pinces etc. et 42 kg de plomb. L’équipe a travaillé 58 jours et demi et 12 nuits.
Les travaux vont bon train en 1868. Les terrassiers de MULLER ont dégagé 170 m3 de matériaux dont 19 dans l’eau. 497 m3 de maçonnerie ont été démolis et 599 m3. de gravier et de terre sont transportés hors de la ville. Les nouvelles fosses sont isolées avec 254 m3 d’argile. En maçonnerie diverse on totalise 498 m3 1569 m3 de pierre de Rouffach sont équarris et 123 m3 utilisés en taille de finition. Pour le même usage en emploie 211 m3 de grès de Phalsbourg. 1268 m2 de murs en pierre de taille sont jointoyés. 332 m2 de murs extérieurs sont raclés et 2594 m2 lavés.
Présences au chantier :
- Surveillants 76 jours
- maçons 266 jours ½
- manœuvres 1247
- tailleur de pierre 241.
5. travail de nuit et dans l’eau :
- 3 jours pour les maçons, 5 jours les manœuvres et 1 nuit les tailleurs de pierre.
En 1868 grande consommation de bois par les charpentiers de BÜHLER qui démolissent 193 m3 de charpente de la nef et du transept nord et 314 m2 de planches. 377 kg de boulons sont déplacés et 203 m3 de coffrages réalisés. En couverture on utilise 922 m2 de planches diverses. En plus de ces dernières il faut encore ajouter 76 m2 de planches en chêne et 1899 m2 en sapin, plus 1021 m3 de chêne pour chevrons et dégradés.
Comme journée de travail on note :
- 44 ½ pour le conducteur de chantier, 600 pour les charpentiers, 11 pour les menuisiers. Comme travaux complémentaires on enregistre pour le surveillant 13 journées ½ dans l’eau et 19 jours pour les charpentiers.
Bühler a également réparé l’ancien maître autel pour une somme de 688,54 fr.
Le 20.8.1868, HOFFMANN est nommé directeur des travaux en remplacement de LANG.
L’entreprise TSCHEILLER utilise cette année 6911 kg de fer, soit : 3809 kg de pièces de fer partiellement jointoyées avec du plomb neuf, 517 kg en coins de fondations, 713 kg d’assises de montants, 270 kg de clous et 1605 kg de plaques de chevillés. 223 kg de plomb ont également été manœuvrés. Un maître serrurier a été employé pendant 1 journée et les compagnons pendant 89 jours. 1868 marque aussi l’arrivée sur le chantier de l’entreprise de couverture BÜHNER et MEYER.
En 9 jours de travail de couvreurs et 6 jours d’apprentis on dépose 590 m2 de tuiles et lattis, 48 m2 de zinguerie, 32 m2 de tôle fer blanc et 64 m2 de toiture planches. 1078 m2 de couverture sont réalisés, ainsi que 73 m de rives à 2 tuiles et 119 m de tuiles faîtières.
6. 1869 année des surprises
L’année 1869 apportera quelques surprises. Dans son rapport, en date du 28 avril, l’architecte MIMEY expose au maire les difficultés rencontrées. En voici quelques extraits. Dans le devis général initial de 419 712 Fr. n’étaient pas prévus les grands travaux de reprise des fondations. Non prévu également la nécessité de démolir complètement et de reconstruire ensuite tout l’angle nord-ouest de la tour de gauche. Cette nécessité fut démontrée lors de l’ouverture des travaux par l’impossibilité d’établir sur les fondations qui existaient alors une tour une fois plus haute que celle existante du côté nord. Dans divers points de l’édifice les fondations ont dû être indispensablement refaites afin d’assurer à l’église une existence certaine. En outre de la réfection des fondations on a dû reprendre un des piliers de la tour centrale si malheureusement endommagé. Toute l’attention du maire et du conseil municipal est attirée sur l’impossibilité qui fut démontrée l’an dernier (1868), de pouvoir terminer la restauration l’achèvement de l’église avec le grès provenant des carrières de Rouffach comme prévu.
L’état actuel des carrières nous oblige d’employer du grès de Phalsbourg et de Lutzelbourg et ceux-ci sont de 10 Fr. plus élevés par m3, la taille aussi est plus chère, ce qui cause un surcroît de dépense estimé à 20-25 000 Fr. Le chiffre de 130 à 150 000 fr. comprenant certains travaux devenus indispensables, tels que le dallage, la chaire, les divers autels etc., est à revoir en augmentation à 230 à 250.000 Fr. Le devis supplémentaire comprend :
- la consolidation et la restauration,
- les travaux intérieurs indispensables et s’élève à 289.981,23 Fr.
Ce devis comprend en outre, pour une somme estimée à 51.310,98 Fr. la réfection du dallage avec réemploi des dalles existantes, diverses sculptures, la chaire, les divers autels, la vitrerie, la repose des stalles, les nouveaux sièges et quelques autres travaux. Pour achever les travaux en cours d’exécution la ville doit voter une somme de 260.310,05 Fr. La dépense réelle nouvelle ne sera pour les fonds municipaux que de 187.726,30 Fr.
En 1869 Hiller assure le plus gros travail, démolition, dégagement et transport de déblais, se montant à 1183 m, 43 m de terrassement sont effectués dans l’eau. On réalise 344 M3 de béton ciment hydraulique. Le grattage et enlèvement d’enduits se fait sur une surface de 1522 M2 et des enduits divers neufs sur 1118 M2. En pierre de taille on utilise 1203 M3 de grès de Rouffach et 2115 M3 de Phalsbourg ou Saverne. 132 M2 sont taillés en bipointe et 94 M3 en creux. A l’intérieur de l’église 99 M2 de peinture à la colle sont effectués et 283 M2 de dallage enlevés et 109 reposés. A l’extérieur 1433 M2 de jointage exécutés.
Les tailleurs de pierre étaient présents pendant 18 jours. Les maçons 173 et les manœuvres 466 jours.
Les charpentiers de BÜHLER ont travaillé pendant 79 jours en 1869. Ils démontent 31 M3 de charpente et en réalisent 50. 189 M2 de madriers sont réutilisés et 80 M2 de neufs, plus 16 M3 d’étais et 224 M2 de planches. Comme autres bois on utilise 74 M3 de sapin ancien et 58 M3 de neuf, en chêne 3 M3 en réemploi et 5 M3 de neuf. 8 M3 de bois sont employés en coffrage et 165 M2 de chêne en plaquage. Une activité assez restreinte.
Il en est de même pour TSCHEILLER dont les serruriers ne totalisent que 17 jours de travail, pendant lesquels ils ont utilisé 5829 kg de fer forgé remanié et 546 kg de fer forgé neuf. 140 kg de fer neuf sont transformé en ancres et pinces, et 133 kg de plomb en plaques. Pour fixer tout ce matériel 41 kg de clous ont été nécessaires.
L’entreprise de couverture BÜHNER travaille pendant 9 jours. Des travaux de découverture et réparations se font sur une surface de 682 M2 et 1420 M2 découverture remaniée. La couverture en tuiles neuves totalise 323 M2 et en tuiles anciennes 682 M2.
7563 tuiles anciennes (à 3.- le mille) ont été réemployées. On réalise également 31 M de tuiles faîtières maçonnées, 183 M de solives et filets, 109 de rives à deux tuiles, 260 m de nouveaux lattis, 5 lucarnes d’aération en terre cuite sont également mises en place.
7. en 1870 les travaux sont troublés à la suite de la déclaration de guerre
L’entreprise HILLER a occupé ses ouvriers maçons pendant 45 jours, les manœuvres 494 et les tailleurs de pierre pendant 22 jours. 242 M3 de terre ont été déblayés et 31 M3 d’anciennes maçonneries démolies. L’enlèvement d’anciens enduits et le nettoyage s’est fait sur 123 M2 de nouveaux enduits sur 266 M2. Différents travaux de taille totalisent 59 M3 et 135 tailles à la pièce sont réalisées. On a utilisé 551 M3 de grès de Rouffach et 2565 M3 de Phalsbourg. 19M3 de vieilles pierre de taille ont été reposés et 292 M2 de dallage posés. Les jointoyages sont faits sur 203 M2 à l’extérieur et 89 M2 à l’intérieur . 275 M3 de maçonnerie sont exécutés en voûtage et 457 M3 de moellons sont façonnés et maçonnés.
A la suite de la déclaration de la guerre le 19 juillet 1870 certains ouvriers voient leur statut se modifier car ils vont se trouver en pays étranger. Le 27 juillet déjà le préfet demande de dresser un état des ouvriers étrangers travaillant sur le chantier de l’église N.D. On y relève 22 personnes:
- 11 tailleurs de pierre : dont 8 Wurtembourgeois, 1 badois, 1 de Prusse Hohenzolern et 1 bavarois.
- 9 maçons : dont 8 autrichiens et 1 suisse
- 1 charpentier bavarois
- et l’architecte Joseph WEBER, Wurtembourgeois.
Les charpentiers de BÜHLER n’interviennent que pendant 18 jours ½, pendant lesquels ils utilisent 81 M3 de bois pour échafaudage, 181 M2 de madriers et 376 M2 de planches ; en charpentage 12 M3
Travail tout aussi réduit pour l’entreprise TSCHEILLER. 128 Kg de plomb sont utilisés en calage, 190 Kg de fer non forgé et 22 Kg de fer neuf forgé, ainsi que 32Kg de cuivre sont façonnés.
En nouvelle toiture BÜHNER réalise 268 M2, 702 M2 de couverture sont remaniés, plus 68 M2 de nouveau lattage, 114 m. de chéneaux et 42 m. de solives et folets , plus 26 m. de tuiles faîtières maçonnées. Les ferblantiers ont travaillé 8 jours puis les travaux sont interrompus pendant près de deux ans. Dans la séance du conseil municipal du 23 juillet 1871 le maire HEIMBURGER expose la situation comme suit :
les travaux de restauration de l’église paroissiale de Rouffach, commencés en 1866 ont du être forcément interrompus en 1870 par suite des événements politiques. En ce moment les temps étant plus calmes et la confiance se trouvant rétablie, il y a lieu d’aviser à la continuation des travaux, en réduisant toutefois les dépenses dans de justes limites et en cherchant à concilier l’intérêt majeur de la caisse municipale et le grand intérêt attaché à notre église comme monument historique.
Pour arriver à ce but, il semble que l’élévation d’une seule des deux tours de la façade pourrait être faite d’après les plans en ajournant indéfiniment la construction de la seconde tour de la façade. Ceci permettrait une économie de près de 100.000 fr., chiffre appréciable. C’est pour examiner et amener une solution dans cette entreprise que le conseil a été convoqué, ainsi que trente des personnes les plus notables et les plus imposées de la ville.
Par suite d’un vice radical dans les fondations, les travaux ont pris une extension considérable. Le premier devis dressé par l’architecte MIMEY se montait à 419.712.09 le deuxième à 305.106.49 soit un total de 724.818.58.
D’après l’état de situation de l’entreprise au 20 juillet 1871 il résulte que les travaux déjà exécutés se montent à 415.733.93 et qu’il reste à payer aux entrepreneurs la somme de 67.000 fr. = 482.733,93fr.
Il apparait que l’exécution « in pleno » des deux devis nécessiterait une dépense que les ressources de la ville pourraient difficilement couvrir dans les circonstances présentes. Selon le rapport de l’architecte, la suppression de l’une des deux tours de la façade permettrait de faire une économe de près de 100.000 fr. ce qui réduirait le chiffre de la dépense encore à faire à 158.000 + 67.000 = 225.000.00 fr. Il y a nécessité absolue de restreindre les dépenses à cette somme et de laisser à une autre génération le soin de faire élever la deuxième tour de la façade et d’achever le monument. Un décret impérial du 23 juillet 1870 autorisait la ville de recourir à un emprunt de 250.000 fr. Ce chiffre parait trop élevé en ce moment. Vu la réduction des travaux, il parait au conseil qu’un emprunt à 5% de 200.000 fr. serait suffisant.
Par lettre du 2 janvier 1872 le maire annonce à l’architecte Mimey à Paris que le conseil municipal avait décidé la reprise des travaux pour le printemps prochain. Le 20 janvier MIMEY répond au maire qu’il serait à Rouffach à sa disposition dans les derniers jours de janvier « pour régler ensemble les divers points ayant rapport à l’administration et à la continuation rapide des travaux .
Le 18 février 1872 les entrepreneurs lésés par la dévaluation demandent une augmentation des prix auprès de la ville. Antoine LESTRE, de Colmar est nommé inspecteur des travaux sur proposition de MIMEY, le 16 mars 1872 en remplacement de HOFFMANN démissionnaire. Le 2 août il adresse au maire un rapport sur la nécessité d’accorder aux entrepreneurs des augmentations de prix.
La guerre de 1870-71 avec tous les désastres qu’elle a entrainés a eu pour conséquence un renchérissement assez marqué sur les matières premières et sur la main d’œuvre. En effet, le poids de la guerre a porté sur les départements à industries métallurgiques, la Moselle, la Meurthe, la Meuse, etc. Non seulement la fabrication y a été suspendue pendant la durée de la guerre, mais elle dure encore : beaucoup d’usines détruites n’ayant pas encore été relevées de leurs ruines.
Dès lors la production s’est trouvée plus en rapport avec la consommation, quand celle-ci s’est réveillée, c.-à-d. quand on a commencé à rebâtir à Paris et d’autres villes incendiées de l’intérieur de la France, et dans un cercle plus rapproché de nous, à Phalsbourg, Bitche, Strasbourg, Sélestat, Brisach, Belfort, etc. Déjà la consommation ordinaire s’était trouvée entravée, en sorte que quand cette grande reprise des travaux a commencé l’absence de produits manufacturés a été partout manifeste. De là hausse dans le prix des fers.
Si pour le fer il y a eu hausse de prix, en raison de la situation générale, il en a été de même pour les bois de charpente. Les grands centres d’approvisionnement rapidement épuisés n’ayant pour se ravitailler assez à temps pour satisfaire à l’immense consommation de bois ainsi subitement faite : attendu que les coupes de bois dans les forêts avaient elles aussi naturellement subi le même temps d’arrêt que les autres industries. De là une hausse des prix. Or en admettant que cette hausse ne se maintienne pas dans l’avenir, elle n’en est pas moins en ce moment une charge à laquelle nul ne peut échapper. Et il n’est pas un marché où cette hausse de prix ne s’est constatée.
L’augmentation dans les prix des matières premières accordée par la ville à ses entrepreneurs se trouve donc justifiée. Elle l’est également pour les prix de main d’œuvre.
En effet on comprend qu’après toutes les dévastations causées par la dernière guerre, il ait été fait un appel général aux ouvriers maçons, charpentiers, serruriers, menuisiers, couvreurs, etc. Cet appel partout répété, a eu pour conséquence forcée une concurrence dans l’offre de prix rémunérateurs afin d’engager les ouvriers à rester de préférence en telle ou telle localité.
Or il est reconnu que l’ouvrier se porte toujours vers les grands centres où l’attirent à la fois l’appât d’un salaire supérieur, le désir de voir et de connaître, et encore l’inconnu avec ses vagues aspirations. Dès lors pour les localités secondaires une pénurie positive de bons ouvriers. La concurrence ainsi établie sur une vaste échelle a eu tout récemment son contrecoup sur les chantiers à peine reconstitués de Rouffach, il n’a pas moins fallu que l’intervention de la police pour faire avorter une tentative d’embauchage en grand en faveur des travaux en cours d’exécution pour la reconstruction des maisons incendiées à Neuf-Brisach, tentative qui enlevait du coup tous les ouvriers du chantier de Rouffach, ouvriers qu’on avait eu tant de peine à faire venir de la Suisse et du Tyrol.
Car en Alsace il est de notoriété que plusieurs annuités d’ouvrier manquent en entier, qu’il n’est presque pas possible d’en tirer des provinces voisines de l’Allemagne, attendu que grand nombre d’hommes y sont encore sous les drapeaux et que les autres sont sérieusement occupés chez eux à réparer les brèches privées causées par l’absence pendant la dernière guerre. D’où aussi hausse générale dans les prix de main d’œuvre. Les augmentations de prix accordées par la ville de Rouffach sont donc complètement justifiées.
Rouffach, le 2 août 1872
L’inspecteur des travaux
Signé : LESTRE.
Dans un rapport complémentaire, il opère une comparaison des prix:
ainsi en 1870, pour une journée un manœuvre était payé 2.00 frs par jour, il se paye maintenant de 2.25 à 2.30 frs soit une augmentation de 12.5% ;
- un maçon 3.25 frs maintenant 3.75 frs augmentation + 13.30%
- un tailleur de pierre 3.75, maintenant 5 + 33.30%.
- 1 M3 de pierre de Lutzelbourg livré en gare se payait 22 frs, actuellement 25 différence 3 frs.
A quoi il faut ajouter un faux frais qui n’existait pas sous l’administration française, celui des droits de chargement et de déchargement dans les gares = 1.25 – ensemble : 4.25 = 17%
Pour les travaux de l’entreprise HILLER, l’augmentation de 5% est donc de beaucoup inférieure à l’augmentation de dépense subie et cette différence à toutes les chances pour augmenter encore en raison de l’appel fait tout récemment dans les journaux du Bas-Rhin aux ouvriers et tailleurs de pierre pour les nouvelles fortifications de Strasbourg, qu’en outre à Bâle on fait également appel à une centaine de tailleurs de pierre pour environ 30 bâtiments à construire en 1872-73.
- un charpentier payé en 1870 3.25 fr./jour de paye 3.70 = + 13.8%,
- un M3 de sapin se payait à Mulhouse entre 36 et 42 fr. – il se paye 48 – 50 fr. = + 19%,
- un serrurier se payait 35 fr./jour aujourd’hui 3.75 = + 25%
Les fers ont à payer un droit de douane de 9 à 10% et en surenchéris sur les marchés d’au moins 6% = 15.50%. Pour les travaux de charpente et de serrurerie, les augmentations de 5, 15 et 20% n’étaient donc que simplement rémunérateurs (salaires).
Rouffach, le 30 avril 1872
L’inspecteur des travaux
Signé : LESTRE.
Le chantier avait été réouvert le 1er avril. Le 20 septembre 1872, l’architecte MIMEY remet au maire les soumissions souscrites par divers entrepreneurs pour les travaux de décoration intérieure et extérieure dont l’exécution a été décidée lors de la réunion de la commission des travaux en juillet dernier.
Quand aux travaux de couverture à faire et principalement à la flèche centrale, l’adjudication des travaux de charpente J. BÜHLER, de Mulhouse les soumissionne aux même prix et conditions que celles souscrites par l’adjudicataire MEYER BÜHNER, et que la mort a enlevé aux travaux.
L’entrepreneur BÜHLER se met donc en lieu et place de BÜHNER et nous n’aurons ainsi qu’un changement de nom. On aura, en outre, plus de régularité dans la marche du travail de la flèche, les travaux de charpente et de couverture étant dirigés par le même entrepreneur.
Les autres soumissions comprennent, avoir :
- les travaux de sculpture qui sont dirigés par M.CORTREL, de Paris.
- les travaux de vitraux, grisailles et autres pour le chœur, exécutés par Mme PETITGERARD de Strasbourg dont le mari a déjà exécuté la grande rose de l’église.
- ceux de la vitrerie générale de l’église exécutés par messieurs SIGEL et fils, peintres verriers à Strasbourg.
- ceux des divers travaux de peinture et de décors par M. RICHARD, peintre en décors à Mulhouse.
L’architecte certifie au maire avoir vérifié les prix et avoir obtenu des soumissionnaires toutes les garanties désirables pour la bonne et prompte exécution des divers travaux.
A la même date du 200 septembre 1872, MIMEY adresse une deuxième lettre au maire l’informant que les travaux de décoration intérieure sont en pleine voie d’exécution et que ceux des grosses réparations son t achevés.
Les diverses réparations intérieures qui étaient à faire aux sculptures sont également terminées dans toutes les parties : et les travaux de peinture et de vitrerie actuellement en voie d’exécution seront promptement achevés. L’ancien appui de communion à l’entrée du chœur et les anciennes stalles vont être également remis en place prochainement.
Les travaux de charpente de la flèche centrale qui avaient été interrompus pendant quelques temps, par suite de l’observation faite par monsieur le gouverneur général d’Alsace-Lorraine, lors de son passage à Rouffach, sont depuis quelques jours en reprise d’exécution. La légère modification apportée dans la hauteur de la flèche, ne lui ôtera rien de son importance capitale si nécessaire à l’harmonie de l’ensemble de l’église.
Les travaux de charpente, ceux de couverture en tuiles vernies, enfin ceux complémentaires de serrurerie et autres vont être actuellement poussés avec toute activité, afin de rendre au plus tôt, à l’église le couronnement dont elle est privée depuis si longtemps.
D’ici à peu de temps, le grand échafaudage entourant la façade principale, va complètement disparaître.
MIMEY prépare le projet de modification demandé pour la partie supérieure des tours. Il attire l’attention du maire et de la commission de surveillance sur les travaux de maçonnerie des deux tours. Il conviendrait de faire appeler à Rouffach l’entrepreneur HILLER et de lui demander des explications sur l’interruption de ses travaux au moment où ils devraient être poussés avec activité, et de lui faire savoir que, si cet état de choses se prolongeait au point de devenir préjudiciable aux intérêts ou aux intentions de la ville, que lui MIMEY se verrait, quoique à regret, forcé de faire prendre contre lui des mesures administratives toujours fatales à un entrepreneur.
En date du 12 novembre 1872, HILLER adresse une demande d’augmentation de prix à la municipalité en prétextant toutes les hausses déjà citées plus haut : 25 % le m3 pour les pierres de LUTZELBOURG, 35 % sur les pierres sculptées, 25 % sur les moellons, également 25% sur les salaires des tailleurs de pierres, 14 % pour les maçons et 25 % pour les manœuvres. Il invoque aussi les difficultés pour le maintien des ouvriers sur le chantier vus les propositions de la concurrence qui est la cause de la raréfaction de la main-d’œuvre qualifiée. En plus il signale avoir subi une perte de 15.000 frs pour matériaux et outillages immobilisés sur le chantier pendant les deux années d’inactivité.
Il demande de lui accorder une augmentation de 14 %. La demande a été soumise au conseil mais personne n’a voulu se prononcer, de manière qu’il n’a pas été statué alléguant : si les travaux de maçonnerie et de la pierre de taille avaient été poussés avec plus d’activité dès le commencement de l’entreprise, l’entrepreneur aurait pu éviter tous enchérissements et toute augmentation de prix dont il parle dans sa demande. L’augmentation que le conseil lui a accordée dès la reprise des travaux acceptée de sa part doit suffire (8 %).
En 1872 l’entreprise HILLER a utilisé 246 M3 de pierre de PHALSBOURG et 63 M3 de ROUFFACH. Le martelage a été effectué sur 637 M3 de pierre de Rouffach et 2781 m3 de PHALSBOURG. En sculpture 84 lys ont été réalisés ; 9 M3 de rebuts de sculpture et 175 quintaux de déblais évacués. En maçonnerie diverse, on note 101 M3., 747 brutes ou taillées ont été réalisés et 408 M3 nettoyés et jointoyés. En moellon et bouchardage on réalise 141 M3. Crépissage des voûtes 699 M2, nettoyage des arêtes et arcs de voûtes 31.75 M3 et enlèvement des vieux matériaux des voûtes : 36 M3. Le bouchardage de jambage des fenêtres s’est fait sur 790 M2. 112 M2 de toiture ont été découverts et 171 M2 de couverture remaniés. Pour la couverture provisoire 1500 M2 de tuiles ont été posés. Les travaux de couverture ont été exécutés par HILLER à la suite du décès de BÜHNER, l’ancien adjudicataire.
Pour réaliser ces travaux 638 journées de bouchardeurs, 411 de manœuvres, 302 de tailleurs de pierre, 176 ½ de maçons et 12 journées de sculpteur ont été nécessaires.
L’entreprise BÜHLER a comptabilisé 1213 journées de travaux d’échafaudage et de coffrage. L’action était surtout centrée sur la flèche centrale.159 M3 de bois divers et 18 M2 de madriers ont été utilisés.
Les serruriers de TSCHEILLER ont manœuvré en 181 h les matériaux suivants : 3621 Kg de fer non forgé, 10 Kg pour la sacristie et 1589 Kg de goujons, crochets, pinces, etc. Pour les fenêtres 2938 Kg de fer ont été employés. La fermeture de la grande fenêtre a nécessité 63 Kg de fer et on a foré 4115 trous divers pour les cadres de fixation, traverses, tringles, etc. 8 Kg de fer ont servi pour la tombe du chevalier FALKE, c.à.d. comme crochets de fixation de la dalle funéraire. On a également utilisé 35 Kg de cuivre, 1068 Kg de plomb et 1707 Kg de vis en cuivre.
Le sculpteur CORBEL a exécuté en travaux extérieurs les crochets de la flèche et sur les deux tours toute la série de pinacles, clochetons, pyramides, crochets, gargouilles et chapiteaux divers, plus 105 roses de corniche de la tour nord. En travaux intérieurs : des bases, chapiteaux, fleurons et feuilles. Dans le chœur les six grandes fenêtres sont placées par M. PETITGERARD. Les vitriers SIGEL et fils ont installé toute la vitrerie de la nef, des bas-côtés, du transept et des chapelles L’équipe du peintre décorateur RICHARD a réalisé les peintures du chœur et du reste de l’église.
Tout n’a pas marché sans difficultés en 1872. Le 17 février 1873 le maire s’en plaint par lettre à l’architecte MIMEY à PARIS. Démarche que fit également le directeur des travaux LESTRE. MIMEY relancé par télégramme s’excuse de ne pas pouvoir venir à Rouffach dans l’immédiat « la solution de diverses affaires impossible à remettre » le retenant en ce moment à Paris. Il annonce sa venue pour mardi le 4 février avec espoir « que nous pourrons enfin cette fois aplanir les difficultés, et que les divers retards dans la marche des divers travaux ne se renouvelleront sur aucun point dans le courant de cette année, et que nous pourrons tous mener à bonne fin une entreprise dont chacun de nous désire vivement voir arriver la conclusion ».
Par lettre du 21 février 1873 l’architecte MIMEY adresse au maire un état résumé de toutes les dépenses faites jusqu’à ce jour dans les divers travaux en cours d’exécution, afin qu’il puisse se rendre compte que la somme reliquat de celles votées jusqu’à ce jour s’élève à 50.560.96 francs.
Cette somme est insuffisante pour achever les divers travaux en cours d’exécution et entreprendre ceux reconnus indispensables pour la réinstallation du service du culte dans l’église. Un devis complémentaire, ne comprenant que les travaux complètement indispensables, est joint. Le total, compris imprévus et honoraires, s’élève à la somme de 123.840 Fr . Celle restant en caisse n’étant que de 50.560.96, il reste à pourvoir à une dépense de 73.279.04 Fr. afin d’achever l’œuvre entreprise et la mener à bonne fin.
Entre temps l’inspecteur des travaux Antoine LESTRE a démissionné et est remplacé par Albert KLEIN, architecte à MULHOUSE, sur proposition de MIMEY par lettre datée de Rouffach le 12 avril 1873.
En avril, mai et juin 1873 HILLER a occupé les maçons pendant 139 heures, les manœuvres 303 et les tailleurs de pierre pendant 426 heures. On a utilisé pendant cette période : 71 M3 de pierre de PHALSBOURG et taillé 1031 M2 du même matériau ; 3 M3 de grès de Rouffach seulement ont été posés et une surface de 19 M2 taillée. 176 M2 de pierres de taille ont été lavés et nettoyés. Autre grattage et lavage sur 323 M2 qui sont ensuite enduits à la tyrolienne. Le gardien du chantier était présent pendant 90 jours.
En juillet, août et septembre les maçons s’activent pendant 414 heures, les manœuvres 1179 heures et les tailleurs de pierre 480 heures. Le gardien a surveillé le chantier pendant 92 jours. 6 M3 de grès de Rouffach sont posés et une surface de 12 M2 est taillée. En pierre de PHALSBOURG 172 M3 de pose et 730 M2 de taille, 112 M2 de jointage sont réalisés, ainsi que 27 M2 de dallage posés. 60 M3 de terre sont transportés hors de la ville.
En octobre on pose 19 M3 de pierre de PHALSBOURG sur la tour nord avec une surface de taille de 147 m2. Le grès de Rouffach est très peu utilisé 0.13 M3 en pose et 0.32 M2 de taille. Ceci pour la 37ème et 38ème assise de cette tour. Pour la tour sud ce seront 2.59 M3 de pierre de Rouffach avec 21 M3 de taille ; 21 M3 de PHALSBOURG et 54 M2 de taille. 9 M2 de retaillages divers sont réalisés et 23 M2 de dallage posés.
Sur la flèche on a utilisé 0.23 M3 de PHALSBOURG et taillé 9 M3. Les tailleurs de pierre ont effectué 50 heures de travail et le garde de chantier 31.
En novembre, décembre les maçons sont présents 160 heures. Les manœuvres 140 et les tailleurs de pierre 30 heures. Les tailleurs de pierre vont travailler en plus 1560 jours pour réaliser :
- les écoinçons des arcs extérieurs avec frise en arcade et archivoltes de la tour Nord
- les fenêtres des deux tours,
- les écoinçons du 3ème étage derrière la galerie section N-S. et E-O de la tour nord,
- les assises des fenêtres, meneaux, chapiteaux et fleurons des pignons.
L’activité de BÜHLER en 1873 n’est signalée que par des décomptes chiffrés avec un total de 9.012.95 fr.d’avril à octobre et de 428.26 frs de salaires horaires pour novembre et décembre, soit un total de 9.441.21 francs
L’entrepreneur TSCHEILLER n’interviendra que 3 fois, en juin, juillet et octobre 1873. En particulier sur la flèche pour la pose de la nouvelle croix. Il a été marqué par les événements. En décembre 1961 des travaux de reprise de la croix et de la flèche sont en cours:
8. découverte dans le bouton de la flèche
Au moment de la dépose et comme il fallait s’y attendre, on a découvert le message inclus dans la base de la croix par l’ancien constructeur. Il s’agit en l’occurrence de 2 plaquettes de cuivre jaune gravées. La première (155x35 mm) porte sur l’une de ses faces l’inscription suivante :
V. TSCHEILLER de Ste-Marie a/m entrepreneur en fer de Mulhouse, le 1er juillet 1873 De l’autre côté nous lisons: M.KLEIN, inspecteur de l’ »église c’est le 4ème , c’est-à-dire la quatrième fonctionnaire chargé par la municipalité de la surveillance des travaux de restauration et d’achèvement de l’église.
La deuxième plaquette (200x35 mm) est plus riche en textes et porte au recto les précisions suivantes : TSCHEILLER, Victor entrepreneur de serrurerie et de construction en fer à Mulhouse-Alsace. M’ont été adjugé les travaux de l’église de Rouffach en septembre de l’année 1867 avec 4 % de rabais, le fer coutait alors francs 18 les 100 kg aujourd’hui le 30 juin 1873, il coûte francs quarante huit.
Comme on le constate, la course des prix n’est pas chose nouvelle et elle fut à l’époque la cause principale du ralentissement puis de l’arrêt des travaux.
Mais c’est au verso de la plaquette que notre artisan a confié son vœu le plus cher. Le voici :
Dieu veuille que les Alsaciens qui liront un jour cet écrit appartiennent de nouveau à la Mère Patrie, à notre France si belle et si chérie . Mulhouse le 30 juin 1873, deuxième année de notre annexion à la Prusse, et du règne Maudit des Allemands en Alsace. Tscheiller Victor
Et le Bon Dieu l’a voulu.
Les travaux de couverture et de plomberie ont repris en 1873 par l’entrepreneur ECK de Mulhouse à la suite du décès de BÜHNER. Il réalise la couverture en ardoises de la flèche, soit 494 M2. En mai juin et juillet il utilise 2994 kg de plomb et 1334.50 en août et septembre, en tout 4328.50 kg.
Photo G.MICHEL 11 janvier 2018
9. démission de Maximilien MIMEY
L’événement majeur en 1873 est la démission de l’architecte Maximilien MIMEY. Par lettre datée de Paris, du 16 août 1873, il s’adresse au maire et aux conseillers municipaux en ces termes :
Une affaire de la plus grande importance me force à partir immédiatement pour le Pérou, et il m’est impossible, avant mon départ pour LIMA, de me rendre à Rouffach. L’état dans lequel, du reste j’ai laissé les travaux de l’église, à ma dernière visite, ainsi que les diverses lettres que j’ai reçues depuis, soit de l’inspecteur des travaux, soit des entrepreneurs, me laissent dans la persuasion, qu’actuellement, ma présence sur les travaux n’est plus d’une impérieuse nécessité ; et que, d’une part, avec les dessins et instructions que l’inspecteur des travaux, Monsieur KLEIN et les entrepreneurs tiennent de moi, et de l’autre, avec le personnel actuel des entrepreneurs, il sera facile à l’inspecteur M. KLEIN, si cela est de votre agrément, de mener la fin de l’entreprise conformément aux désirs des membres actuels du conseil municipal. Je vous prie en conséquence, Monsieur le maire, de vouloir bien accepter, en date de ce jour, ma démission d’architecte de l’église de Rouffach, et de vouloir bien donner à la personne qui sera agréée à ma place, l’ordre d’arrêter, en date du 15 août, le compte des travaux conduits par moi. Madame MIMEY, qui reste à Paris, 16 rue de Bruxelles, a reçu de moi plains pouvoirs pour toucher les sommes qui me sont dues. Vous voudrez bien, je vous prie, en conséquence, Monsieur le maire, lui adresser les mandats pour le paiement des honoraires qui me sont dus et dont le compte aura été arrête par mon successeur.
Recevez, je vous prie, monsieur le maire, ainsi que messieurs les conseillers municipaux, l’assurance de ma considération distinguée.
Max. MIMEY
Nota : Cette lettre n’ayant pu être mise à la poste avant mon départ de Paris, le 18 août dernier, elle ne pourra parvenir entre vos mains que dans les premiers jours d’octobre
Le successeur de l’architecte en chef des monuments historiques d’Alsace WINKLER de Strasbourg.
10. première messe dans l'église nouvellement consacrée
Autre événement important, le jour de Noël 1873, à 05 heures du matin, la première messe dans l’église nouvellement consacrée. Le culte se faisait de 1866 à 1873 dans l’ancienne église des Récollets.
En 1874 HILLER utilise 161 M3 de grès de Phalsbourg, qui sera bouchardé sur 162 M, il n'empotera par contre que 0.04 M3 de grès de Rouffach avec 11 M de bouchardage + 32 M de maçonnerie. Une voûte est réalisée avec 14 M de briques. 32 M de déblais serviront au remplissage des voûtes de la tour nord. Sont également réalisés 42 M2 de voûtain , 42 M2 de crépissage et 32 M2 de dallage dans les deux tours.
On comptabilise : 996 heures de maçons. 588 de tailleurs de pierre et 651 de manœuvres. Le gardien du chantier était présent pendant 276 jours.
L’intervention de BÜHLER est assez réduite en 1874. En bois il fournit 48 M2 de planches et madriers, plus 7 M2 de sapin, 15 M2 de chêne sont utilisés pour le chevalement du clocher et 175 kg de clous pour fixer tout ceci. Les charpentiers ont travaillé 87 heures payées 3518 soit 0.40 de l’heure.
TSCHEILLER ne travaille que sur la tour nord où il utilise 267 kg de fer pour encrages. Pour goujons et crampons pour le chevalement des cloches et l’échafaudage : 350 kg de fer. Il a fallu reforger 9 kg et ½ de vieux fer. Un ouvrier serrurier a été employé pendant une journée.
ECK, le successeur de BÜHNER, a eu plus de travail en couverture. Il a remanié 857 M de couverture avec lattes et tuiles anciennes. En ardoises il a couvert 73 M2 71 M2 de planches ont été employées en plaquage. En garniture 543 kg de plomb ont été nécessaires ainsi que 19 M2 de zinc. 5717 tuiles neuves ont été posées, le mille à 45 f. 424 heures de travail ont nécessaires à ce travail.
En 1875 HILLER termine les travaux à Rouffach. Il emploie encore 51 M3 de grès de Phalsbourg avec un bouchardage de 1139 M2 et 7 M3 de grès de Rouffach en bouchardage sur 52 M2.
Il y eut 1950 M2 de jointoyage de pierres de taille à l’extérieur et 626 M2 à l’intérieur. S’ajoutent 6 M3 de maçonnerie en briques et 26 M2 de dallage dans la tour Nord. 216 M3 de déblais sont évacués, puis on rebouche les trous d’échafaudage pour terminer ce chantier où les maçons ont travaillé pendant 752 heures en 1875 ; les tailleurs de pierre 483 et les manœuvres 2636.
11. le maire F.X. HEIMBURGER se fait immortaliser sur une clé de voûte...
Sur la clé de voûte à l’étage de l’horloge le maire s’est fait immortaliser par l’inscription circulaire suivante « Restauré et achevé sous l’administration de M. F.X. Heimburger maire 1875 ». Le petit écu à bande du conseil en orne le centre. Il s’est dressé ainsi un monument personnel en oubliant son prédécesseur destitué par les allemands en 1870, l’architecte et les curés doyens.
Les charpentiers de BÜHLER sont occupés pendant 10.584 heures en 1875. Ils ont utilisé entre autre 53 M2 de planches et madriers, pour 151 fr. de bois de chêne et pour 75 fr. de vis, clous et crampons.
En 1876 on note 1280 heures de travaux pour les charpentiers qui ont employé 22 M2 de planches et de madriers. S’y ajoutent entre autre des clous et des vis pour une somme de 19 fr.
12. nouvelle tribune pour l'orgue
TSCHEILLER intervient une dernière fois par la mise en place des poutrelles en fer pour la tribune d’orgue d’un poids de 3069 kg Pour le scellement des consoles 60 kg de plomb seront nécessaires. Toute cette armature métallique d’une surface de 61 M2 sera traitée au minium.
Les travaux pour les orgues continuent en 1877 par la mise en place de la tribune par l’entreprise de charpente BUHLER. 40 heures de travail seront nécessaires aux charpentiers et 5 jours aux serruriers. 1 M3 de bois de sapin équarri est façonné en 37 mètres courants.
On a produit 53 mètres de corniches diverses en chêne, 113 m de couvre-joints, 99 m de bois de sapin rainuré. Pour couverture en bois de sapin raboté et comme plancher on utilise 101 M2 de bois. Une balustrade de 5.40 m est façonnée avec une main courante de 11 mètres et 14 m de socle. 627 vis maintiennent l’ensemble.
BÜHLER réclame en plus une somme de 100 fr. pour la confection d’un modèle réduit de la flèche centrale et 86 f. pour des tuiles vernissées modèles pour la même tour. Il met également en compte la différence de prix pour 66 M3 de bois de sapin qui en 1872 valait 25 fr. et que la ville lui a vendu en augmentant à 55 fr., soit (rabais ½ % compris) ; 1984 fr..
L’entreprise ECK sera la dernière à intervenir pour des travaux de réparations après dégagement du chantier. Les couvreurs d’ardoises y mettront 15 jours, en utilisant 506 tuiles, 6 kg de plomb et 2.5 kg de clous. N’oublions pas 5 clous spéciaux à 16 cts. pièce.
13. réception définitive des travaux
La réception définitive des travaux est faite en 1879 par l’architecte WINCKLER qui permettra de payer les différentes entreprises.
La montagne et la forêt sont descendues dans la cité : 7587 M3 de grès ont été utilisés dont 1955 M3 de Rouffach et 5632 de Phalsbourg. Le bois est présent avec 1475 M3 plus 9195 M2. Tout ceci amalgamé avec 53.055 kg de fer, 6551 kg de plomb et 1472 kg de cuivre. Notre Dame, c’est aussi cela.
Malgré tous les efforts et sacrifices l’œuvre n’a pas été achevée. Pourtant ce désir n’était pas mort. En 1897 WINCKLER dresse de nouveaux plans pour l’achèvement de la tour sud et la statuaire de la façade. Une association est même créée, le Kirchenbau Verein pour aider au financement. De nouveaux plans pour le même travail sont présentés en 1904.
Malgré ces soubresauts les travaux ne furent pas repris et comme il a été dit, la décision reste aux générations futures.
Pierre Paul FAUST