Ci-dessus une page du carnet de relevés des marques lapidaires effectués par Pierre Paul Faust en 1961 sur la façade occidentale de l'église Notre-Dame de Rouffach. L'édifice a été minutieusement prospecté par étages numérotés (ici le n° 8) correspondant aux travées de l'échafaudage qui avait été mis en place pour la restauration de la façade, de deux mètres en deux mètres. Il s'agit là d'un document unique et d'un intérêt exceptionnel pour l'histoire de la construction de notre église... (collection personnelle)
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Il ne s'agit pas, dans les deux cas, de signes que l'on appelle communément "marques de tâcherons" qui sont des marques d'assemblage ou de montage, comme on peut en trouver quantité à l'église Notre-Dame de Rouffach, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, mais de la marque propre à un maître qui signe là son oeuvre.
Rouffach et les communes de l’ancien Obermundat ont été façonnés au XVIe s. et au début du XVIIe s. par des artisans de haut niveau, maîtrisant l’ensemble du processus depuis les carrières jusqu’à l’élévation des façades ornementées. On ne sait pas grand-chose de ces professionnels, qui pourtant ont laissé des traces dans les comptes de chantier - lorsque les documents ont été conservés - ce qui limite le champ aux bâtiments publics ou seigneuriaux. Leur connaissance est toutefois facilitée par ce que l’on appelle communément et à tort des « marques de tâcheron », ou ce qui est mieux : « marques lapidaires ». Le bon terme est cependant l’allemand « Steinmetzzeichen » ou marque de tailleur de pierre. Ce sont des signes de complexité variable, hauts de quelques centimètres, gravés en des endroits bien visibles des édifices. Ce ne sont pas des marques facilitant le paiement à la tâche, comme on le dit trop souvent, mais des signatures propres à chaque artisan ou artiste, et bien sûr au Baumeister, l’architecte.
Contrepoids de pressoir (chevet de l'église de Rouffach)
Quelques mots relevés dans le compte-rendu d'un procès criminel conservé aux archives municipales de Rouffach ont retenu particulièrement notre attention. Il s'agit du procès de Fridlin Dossenbach, Wiltprätschützen, littéralement tireur de gibier, autrement dit chasseur. Il est accusé de violences et de braconnage, mais, bénéficiant de protections, condamné en premier lieu au bannissement il sera finalement acquitté. Son procès fera l'objet d'un article dans ces pages, ultérieurement .
Mais pour l'heure, nous ne nous intéresserons qu'aux quelques lignes figurant en tête d'une des pièces de cette procédure: quelques mots qui y figurent nous feront découvrir comment d'infimes détails peuvent éveiller notre imagination et nous plonger dans la vie quotidienne du Rouffach d'antan...
Le visiteur attentif n'aura pas manqué d'être intrigué par cette corniche moulurée, à la droite de la "porte des Morts" percée dans le mur sud du transept de l'église Notre-Dame. Cette pierre porte la date 1506. De quoi peut-il bien s'agir?
Les rois d’Austrasie avaient fait construire aux abords de la voie romaine qui longeait le piémont des Vosges, un château qui devint l’une de leur résidence, Isenbourg. Selon la légende, l’un de ces rois, Dagobert II, aurait fait don de sa royale demeure et des terres qui l’entouraient, au saint évêque Arbogast et à ses successeurs, par gratitude envers celui qui avait rendu miraculeusement la vie à son fils Sigisbert. Dans sa longue histoire, le château connut des épisodes mouvementés, entre destructions, restaurations et agrandissements :
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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