A.D.B.R. W 346 Bailliage de Rouffach
Inquisition bössen Verdachts etlicher Persohnen vorgenomen in beÿwesen Caspar YMBLEINs, des Schultheißen alhie zu Egisheimb, de 25. et 26. Junii A° 1630
Inquisition menée contre neuf personnes soupçonnées de sorcellerie, en présence de Caspar Ymblein, Schultheiss d’Eguisheim, les 25 et 26 juin 1630
Rappelons que dans ce contexte, Inquisition signifie enquête, audition de témoins, sur des personnes que la rumeur publique dénonce. Et ce n’est pas, « encore une fois une histoire de curés » : à la fin du seizième et au dix-septième siècle, les procès de sorcellerie sont jugés par des tribunaux laïcs et les jurés en sont de braves (?) bourgeois de Rouffach et / ou d’Eguisheim ! L’inquisition est l’étape préalable d’une procédure juridique qui se fait en l’absence et à l’insu de la personne concernée et elle n’implique pas nécessairement une arrestation et un interrogatoire suivi d’un procès.
Au moins une des neuf femmes qui ont fait l’objet de cette Inquisition, Margaretha Schönholtzer, a été poursuivie en justice, condamnée et exécutée. Une note découverte aux archives municipales de Rouffach dit que Margaretha Schönholzerin, épouse de Joachim Haberer d’Eguisheim a été exécutée, la même année 1630…
1514 : dans la semaine précédant la saint Laurent éclata une émeute opposant la population de Rouffach et des alentours d’une part, aux Bailli, Schultheiß et conseillers du Magistrat, d’autre part. Le bailli et ses gens durent se réfugier à l’abri des murailles du château et se défendre : la bourgeoisie de Rouffach avait pris les armes et assiégé Isenbourg, en bonne et due forme ! L’affaire aurait éclaté à cause du Schultheiß, prévôt de la ville : celui-ci aurait repéré en ville une jeune et jolie bourgeoise, qu’il avait voulu séduire et soumettre à sa volonté… Mais comme elle se refusait à lui, il se serait vengé en cherchant à causer du tort à l’époux de la belle…
Image extraite du Hausbuch der Nürnberger Zwölfbrüderstiftung 1433
Le vieux Bartle Strell est décédé après quarante-quatre ans de bons et loyaux services rendus à la Ville de Rouffach. Il avait été Thurnbleser pendant 44 ans : Thurnbleser c'est à dire littéralement sonneur de trompe au sommet d'une tour de guet. Nous écririons aujourd’hui Turmbläser, Türmer ou Turmwächter. Rappelons que Turn désigne la tour (et s'écrit Turm aujourd’hui) ,mais signifie également prison (généralement aménagées dans une tour.) Quoique essentielle dans la protection de la cité, la profession est peu prisée et même entachée d’indignité jusqu’au seizième siècle.
En parcourant les protocoles du magistrat, il est assez fréquent de rencontrer des mentions relatives au sonneur de la Ville et à des salaires versés à des Trometer ou Trompeter, trompettes ou sonneurs de trompes. Malheureusement, nous n’avons pas trouvé jusqu’à présent de Règlement précis au sujet de l’emploi de sonneur et ce que nous savons de cette charge reste très fragmentaire.
Les Conseillers du Magistrat de Rouffach ne connaissent ni vacances, ni jours fériés ! Ils se réunissent en conseil ordinaire, chaque semaine, sous la présidence du Schultheiss, le « prévôt » de la Ville. Mais ils sont appelés à siéger à d’autres séances : si l’on se réfère aux protocoles conservés aux archives, les réunions du conseil sont particulièrement nombreuses, parfois jusqu’à quatre, cinq, voire plus par semaine et même parfois le dimanche ou veille de fête ! Rappelons que tous ces conseillers appartiennent à une bourgeoisie aisée, qui dispose de revenus considérables qui leur permettent d’exercer un mandat à temps plein… Beaucoup des affaires traitées lors de ces réunions sont des affaires de simple police : il est demandé au Magistrat d’arbitrer toutes sortes de conflits, depuis le déplacement de bornes, l’abattage non autorisé d’un arbre, la divagation d’un âne, jusqu’à des affaires plus sérieuses comme des rixes, coups et blessures, injures touchant l’honneur, l'ivrognerie, le tapage nocturne et même adultère !
Voilà deux sujets débattus am heiligen Weÿnacht Aubend, la veille (et non le soir !) du saint jour de Noël 1614 :
Première page du registre des délibérations du Magistrat année 1613
Dans l’administration de la ville de Rouffach les jours séparant Noël de l'Epiphanie sont un temps particulièrement important : au cours de ces douze jours, une partie des élus du Magistrat démissionne chaque année de leur fonction de conseiller et de juré ainsi que des offices qu’ils exerçaient. Sur les quinze membres élus du Conseil, seuls cinq d’entre eux sont maintenus dans leur poste, ceux qui exercent les charges les plus importantes, celles touchant aux finances de la Ville, dans lesquelles il importe d’assurer la continuité : économe de l’hôpital, de la léproserie, de l’église, receveur de la taille et receveur de l’Umgelt, la taxe sur le vin.
Une fois les nouveaux conseillers réélus et les charges redistribuées, le conseil au grand complet prête serment au cours d’une cérémonie importante, celle du jour du serment, le Schwörtag. Habituellement seuls deux, rarement trois, ne sont pas renommés, remplacés par un membre proche de la famille qui leur cédera son poste dès l’année suivante…
Cette année-là à Rouffach, en 1612, ces festivités sont honorées par la présence du seigneur de l’Obermundat, Léopold, évêque de Strasbourg accompagné d’une partie de sa cour et d’Herman Adolphe, comte de Salm, grand bailli, qui sont arrivés à Rouffach la veille de Noël (am heiligen Weÿnach Aubend). Le douzième jour (am Obent des XII.ten Tags), veille des trois Rois, ils présideront à l’hôtel de ville les cérémonies de la résignation et de l’investiture des nouveaux conseillers du Magistrat et à la prestation des serments. (voir la page Obermundat )
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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