Photo d'un ramoneur, vers 1850 (Wikipedia)
L’anecdote relatée dans le document ci-dessous est datée du 13 janvier 1723, un mercredi, lendemain des jours de conseils "ordinaires". Les premiers jours de l’année sont, selon l’usage, les jours où sont reconduits les conseillers du Magistrat, et ceux où sont renouvelés les offices de la Ville : tous ceux qui au cours de l’année précédente occupaient un office rendent leur charge et en demandent la reconduction pour l’année nouvelle. C’est le cas pour des offices tels que celui de gourmet-juré, de jaugeur de tonneaux, d’aborneur, d’arpenteur, de maître des forêts ou des pâtures, de contrôleur des poids, des mesures...et celui de ramoneur…
Pourquoi une ruelle du saint Esprit à Rouffach ?
Vers 1180, Guy de Montpellier (1160-1208) fonde l'ordre des Hospitaliers du Saint-Esprit et de la confrérie du Saint-Esprit dont la vocation est d'accueillir tous les déshérités de la vie, les enfants abandonnés, les pauvres et les malades. L’ordre se répandit rapidement dans toute la chrétienté, surtout en Italie et en France, avec près de 800 maisons. En Allemagne, il y en eut beaucoup moins, une dizaine, surtout en Allemagne du Sud : le premier et le plus important d’entre eux était situé en Alsace, à Stephansfeld, fondé vers 1210, au sud de Brumath. En 1270 est fondé une filiale de Stephansfeld, l’hôpital du Saint Esprit de Rouffach, que l’on appellera altes Spital, le vieil hôpital, pour le distinguer du neues Spital, le nouvel hôpital, l’hôpital saint Jacques, cité pour la première fois en 1311.
L'ordre a connu son apogée au XVe siècle, avec près de mille hôpitaux à travers l'Europe puis disparut presque totalement au XVIIIème siècle pour ne subsister aujourd'hui principalement qu'en Espagne et en Pologne.
Les protocoles des séances du Magistrat (conseils municipaux de l'époque...) sont une source inépuisable de renseignements pour le chercheur: Tout au long des pages, le lecteur y découvre des anecdotes parfois savoureuses, les événements, même les plus secrets, de la vie quotidienne des hommes et des femmes du Rouffach ancien.
Ici il est question d'ânes et du règlement qui en limite le nombre par foyer... toute infraction sera sévèrement punie! Qu'on se le dise !
Les archives municipales de Rouffach conservent dans leur fonds ancien les protocoles des audiences du Magistrat depuis la toute fin du XVème siècle jusqu'à la Révolution, avec une interruption de 1631 à 1642 due aux troubles de la Guerre de Trente Ans.
Ces protocoles sont une source inépuisable de renseignements pour le chercheur: Tout au long des pages, le lecteur y découvre les événements, même les plus secrets, de la vie quotidienne des hommes et des femmes du Rouffach ancien.
Rappelons qu'un membre du Magistrat est à la fois conseiller, c'est-à-dire qu’il siège dans les assemblées qui gèrent les affaires courantes de la ville mais aussi juré dans les assemblées qui jugent les délits mineurs qui relèvent de la police de la ville : déplacement de bornes, litiges au sujet de clôtures ou de murs, pâturage sur des terres non autorisées, injures, coups et blessures... A d’autres moments il peut également être amené à siéger comme juré dans des affaires criminelles : vols, vols dans les églises, impudicité, adultère, assassinats ...et sorcellerie. Le Magistrat a donc une double fonction : celle d’une cour administrative et celle d’une cour de justice. Bien souvent d'ailleurs, le même conseiller peut être désigné - ou alors il signe lui-même - tantôt par « des Raths » tantôt par « des Gerichts » apposé à la suite de son nom : Jacob FISCHER des Raths et Jacob FISCHER des Gerichts, Jacob FISCHER membre du Conseil ou Jacob FISCHER membre du tribunal.
Le présent article propose un extrait du registre BB 39 qui consigne les protocoles des années 1626 à 1629 qui traitent de sujets aussi divers que le balayage et la propreté des rues de la ville, la réception de nouveaux bourgeois, la répartition de la glandée des porcs dans la forêt du Hochberg, et, dans le document qui nous intéresse, la nomination et le salaire de l'organiste et du souffleur de l'orgue de l'église Notre-Dame. Cet orgue est, en 1626, un orgue neuf, puis qu'il venait d'être installé par Thomas Schott facteur d'orgues de Bremgarten, en Suisse. Cette orgue avait été déchargé le 5 mai de la même année d’un bateau du Rhin à Neuenbourg sur cinq chariots et était arrivé dans la soirée à Rouffach accompagné par le facteur d’orgue et une vingtaine d’autres personnes.
Le document étudié dans cet article est un rotulus ou rôle, un rouleau de parchemin qui se déroule de bas en haut. Ce type de support, beaucoup utilisé au moyen-âge est le plus souvent réservé à des documents destinés à être utilisés dans des lectures publiques. Le terme de rôle est encore employé aujourd'hui dans le langage juridique: il désigne en particulier un document sur lequel le greffier porte la liste des affaires qui sont appelées à l'audience d'une Chambre du tribunal.
Cette Rotel ou Rodel, en allemand, qui fait l'objet de notre article, est datée du 17 janvier 1499: il s'agit du renouvellement du règlement de la corporation des vignerons, dont le siège était le poêle qui portait l'enseigne de la Fleur de Lys. C'est un document très intéressant mais qui ne donne pas vraiment, comme on le souhaiterait, d'indications précises sur les réalités du métier au quotidien, dans les ateliers ou, comme ici, dans les vignes, les pressoirs ou les caves. D'une manière générale, les règlements de corporations qui nous sont parvenus sont, le plus souvent, des règlements de police du poêle de la corporation, die Zunft Stube, le lieu de réunion et lieu de convivialité des membres de la corporation...
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
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