Le document étudié dans cet article est un rotulus ou rôle, un rouleau de parchemin qui se déroule de bas en haut. Ce type de support, beaucoup utilisé au moyen-âge est le plus souvent réservé à des documents destinés à être utilisés dans des lectures publiques. Le terme de rôle est encore employé aujourd'hui dans le langage juridique: il désigne en particulier un document sur lequel le greffier porte la liste des affaires qui sont appelées à l'audience d'une Chambre du tribunal.
Cette Rotel ou Rodel, en allemand, qui fait l'objet de notre article, est datée du 17 janvier 1499: il s'agit du renouvellement du règlement de la corporation des vignerons, dont le siège était le poêle qui portait l'enseigne de la Fleur de Lys. C'est un document très intéressant mais qui ne donne pas vraiment, comme on le souhaiterait, d'indications précises sur les réalités du métier au quotidien, dans les ateliers ou, comme ici, dans les vignes, les pressoirs ou les caves. D'une manière générale, les règlements de corporations qui nous sont parvenus sont, le plus souvent, des règlements de police du poêle de la corporation, die Zunft Stube, le lieu de réunion et lieu de convivialité des membres de la corporation...
Cet article propose un exemple de bail emphytéotique signé par des propriétaires, l’évêque de Strasbourg, Guillaume de Honstein, et le Grand Chapitre, et un locataire ou emphytéote, Adam Heinlen, bourgeois de Rouffach et conseiller au Magistrat. Le bien qui fait l’objet de ce bail est une parcelle de vigne de 8 schatz, (environ 8 ares) consistante en une seule pièce, située dans le ban de Rouffach, près de la chapelle saint Etienne, l’ancienne église du village disparu de Suntheim.
En 1612, l’évêque Léopold a engagé des travaux au château d’Isenbourg… ensuite il a résidé « de façon assez continue » à Rouffach de 1623 à 1625. [1]
Les lecteurs d’Obermundat ont bien en tête cette vue du Rouffach du XVIe siècle de Sébastian Münster qui nous présente une imposante forteresse qui domine et protège la cité. Le jeune archiduc d’Autriche qui venait d’accéder à l’épiscopat depuis quelques années voulait faire d’Isenbourg une demeure plus confortable, un pied à terre où il pourrait séjourner en attendant de pouvoir reprendre un jour ses quartiers à Strasbourg qui, avec sa cathédrale, restait aux mains des luthériens.
Nous consacrerons plusieurs articles à ce personnage peu ordinaire dans lesquels nous présenterons plusieurs profils de Léopold qui seront assez différents de l’image que l’on se fait d’un évêque de nos jours, peut-être conforme au portrait ci-dessus.
Procès-verbal des aveux d'Ursula
Parmi les dossiers des procès de sorcellerie conservés dans les archives municipales de Rouffach et surtout les archives départementales du Bas-Rhin, celui d'Ursula Ebsteinerin d'Orschwihr, quoique très incomplet, retient l'attention.
C'est le procès d'une gamine, sans doute un peu délurée, à qui on attribue plusieurs aventures, une veuve encore jeune et sans doute jolie, dont les deux premiers maris sont décédés, tous les deux dans des circonstances analogues peu de temps après leur mariage, et que son troisième époux, Lienhardt Beitz accuse d'avoir voulu empoisonner. La lecture de plus d'une centaine de comptes-rendus de procès de sorcellerie nous a appris que la société de cette première moitié du 17ème siècle, nous sommes en automne 1620, voyait d’un très mauvais œil ces femmes « hors normes » et beaucoup d'entre elles, entraînées par les rouages d'une justice implacable, finiront sur le bûcher.
Dans la Série FF du fonds ancien des archives municipales de Rouffach, sont conservés tous les documents en rapport avec la justice civile et criminelle: chartes anciennes, recueils de coutumes, jugements en matière civile, procès-verbaux d'interrogatoires et jugements en matière criminelle, Urphedes prononcées à la suite de condamnations au bannissement, etc. C'est dans cette série que sont conservées une dizaine de protocoles de procès de sorcellerie, dont certains ont déjà fait l'objet d'articles dans obermundat.org
Nous proposons dans cet article quelques pages extraites d'un procès intenté à Benedict BLANCK, bourgeois d'Orschwihr, convaincu d'assassinat. Voilà comment l'affaire est présentée dans l' Inventaire sommaire des archives communales de Rouffach, série FF:
Extrait d’une sentence rendue en 1618 par le Magistrat contre Benedict BLANCK, convaincu d’assassinat et portant « qu’il fera le tour de l’église ayant le corps nu jusqu’à la ceinture et un sarpe nu à la main et restera durant l’office sous la chaise de prédication, ensuite fera un pèlerinage à Notre Dame des Ermites, où il confessera, puis servira trois ans en Hongrie et ne pourra, sauf grâce expresse du juge supérieur, se tenir dans l’évêché. La dite sentence a ainsi été publiée mais les gens du bailliage en ont protesté, sur quoi la Régence de Saverne a envoyé une étrange décision, savoir que le dit criminel ne sera pas dépouillé de ses habits comme dit est, ni restera devant la chasse de prédication, bien devant l’église, à condition que le magistrat qui est juge criminel ne pourra après donner aucune grâce, mais sera simplement juge ».
L'affaire ne s'est pas terminée avec la condamnation de Benedict Blanck. On en reparlera encore 78 ans après la date du premier document, avec une traduction en français de cette sentence, suivie d’un N.B., le tout signé par DEFERROT, notaire et greffier de la ville de Rouffach, le 18 avril 1696. Pour quelles raisons a-t-on ressorti un dossier après plus de trois quarts de siècles ? Pour l’instant, la question reste sans réponse…
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
© 2023 Obermundat