Trois cafés-restaurants sur la seule Place du Marché !
Auberges de la Ville de Rouffach.
Elles se regroupent essentiellement sur la place du Marché et ses alentours, c’est à dire le centre historique d’une part et la grande route de Lyon à Strasbourg d’autre part. Nous les situons par rapport aux plans cadastraux de 1817 (L) et 1850 (X)
Le lecteur trouvera à la suite du nom de l'auberge son l'adresse actuelle (entre parenthèses et en italiques).
A. Centre ancien
1. Celles qui donnent sur la place du Marché
a. À l’Ours (L /1021, X / 896) (2 place du marché)
Peut-être la plus ancienne, citée en 1420.1 En 1550, elle appartenait à la famille ECKARDT et particulièrement à Christine, épouse BONNAT (Bona) « die alt Marschalkerin », l’un de ses 4 époux, condamnée et exécutée pour sorcellerie au début du XVIIème siècle.2
- 1 A.M.R. A/ GG 9, folio 9 Livre censier de l’église Notre-Dame Gérard MICHEL
- 2 Procès de sorcellerie Gérard MICHEL
b. Au Cygne (L /914,915, X / 892, 893) (4 Place du marché)
Voisine de celle À l’Ours, vers les monts, séparée d’elle par une ruelle qui deviendra la ruelle du Cygne. Elle appartient au milieu du XVIIème siècle, et pendant plus de trois générations, à une grande famille bourgeoise de Rouffach, les HAERING. Au XIXème siècle, une autre grande famille la gère sur quatre générations, les DIETRICH. Finalement, au XXème siècle, elle est connue sous le nom d’auberge-pâtisserie IMMELÉ.
2. Celles qui donnent sur la place du Marché et vers l’église paroissiale.
a. À la Fleur (L/1018, X/913) (1 Place du marché)
Elle apparait plus tardivement et elle est nommée dans un inventaire au milieu du XVIIIème siècle.1 Elle sera gérée par la famille RIEGERT de 1750 à 1817 : il s’agit d’une famille de meuniers et de restaurateurs. Elle est alors transformée en teinturerie par la famille savoyarde KIENE, famille de fabricants de chandelles, de restaurateurs et de teinturiers.
1 A.D.H.R. 4E Rff/146 Inv. n°929 du 10/04/1747
b. Au Lion (L/1019, X/914) (1 place du marché)
Citée dès 1500 1, elle est contigüe à celle À la Fleur et également gérée par la famille RIEGERT de 1750 à 1850 pour être reconstruite à cette époque par la maison FURDERER de Colmar : c’est le bâtiment que nous connaissons actuellement.2
- 1 A.M.R. A/AA9 Der Statt Ruffach Zinsbuch 1492-1520 Gérard MICHEL
- 2 A.D.H.R. 6E60/89 Minute n°100 du 19/06/1847
3. Celles qui donnent sur la Place du Marché et la rue du Marché
a. À l’Ange (L/905, X/841) (7 rue du Marché)
Elle fait le coin de la rue du Marché et de la rue de la Poterne. Elle est mentionnée dès 15001 et gérée par la famille patricienne des KLOPP durant tout le XVIIIème siècle, puis revendue à la famille CHEVALIER en 1803, date à laquelle elle ne porte plus l’enseigne À l’Ange.
1 A.M.R. A /AA9 Der Statt Rufach Zinsbuch G.M.
b. À la Carpe (L / 835, X /834) (9 rue du Marché)
Elle est au coin de la rue du Marché et de la rue des Bouchers, vers l’Est. Elle est gérée par la famille patricienne des CADISS de 1635 à la Révolution où elle passe à la famille RIEGERT qui la revend à la famille savoyarde des CHEVALIER en 1830, date à laquelle elle ne porte plus l’enseigne À la Carpe. Notons que ces deux auberges, À l’Ange et À la Carpe encadraient la maison natale de Conrad PELLICANUS.2
2 Conrad Pellicanus Histoire de ma vie
4. Celles autour de la Halle aux Blés
a. Aux Trois Rois (L / 1047, X / 865) (8 Place de la République)
Dénommée Au Saint Louis en 1679 lors de sa gestion par Louis MICHEL, hôtelier savoyard, époux de Madeleine HAERING, de la famille de celle qui gère À l’Ours à la même époque. Elle portera le nom Aux Trois Rois lorsqu’elle passe au gendre de ce dernier, Thomas SCHEMMEL, époux de Marie-Anne MICHEL dite « Manon », en 1706. Elle porte aujourd’hui le nom Haxakessel.
b. Au Cheval Blanc (L / 1032, X / 880) (6 Place de la République)
Mentionnée en 15951, elle est gérée par la famille patricienne des DIDENEY de 1640 à 1780 puis passe à une autre grande famille, les DIETRICH, de la Révolution à 1850, date à laquelle l’enseigne est transférée à la « Froeschwillerthorgasse ».
1 A.D.H.R. 4E Rff / 102 n° 232 du 28/04/1595
B. Du « Scharpfeneck » au « Froeschwiller Thor »
Chaussée traversant la ville depuis le Carrefour de la Grande Route de Lyon à Strasbourg jusqu’à la sortie vers Breisach, porte de Froeschwiller ou porte de Breisach.
1. A la Weidengasse
Aux Trois Colonnes (L / 464, 465 X / 741, 742) (3 rue du Mal. Joffre)
Gérée par la famille SOHN pendant trois générations au XVIIème siècle, elle passe aux familles SCHEMMEL et HUNOLD. Elle est détruite lors du gigantesque incendie du 14 mai 1895 qui a emporté tout le BRENNERHOF, et la propriété actuelle date de cette époque.
2. A la Froeschwillergass
a. Au Cygne, donnant aussi sur la Place du Marché
b. À l’Ours, donnant aussi sur la Place du Marché
c. Au Brochet (L/1104, X/960) (16 Place de la République)
Gérée dès 1590 par la famille patricienne DIDENEY, elle semble sinistrée en 1680 et rachetée par Alain HUNOLD et Reine SCHOEN qui restaurent la maison en 1725 pour en faire une teinturerie. Celle-ci appartiendra à un personnage célèbre, Aloyse DIETRICH, maire de Rouffach jusqu’en 1870. Au XXème siècle, elle devient une épicerie puis, après le départ à la retraite des époux Marcel SCHANGEL, l’actuel restaurant À la Grappe, dans les années 1980.
d. Au Cheval Blanc. (L/1103, X/961) ( rasé en 1965, à côté de l'ancienne épicerie Schangel et de l'actuel caveau A la Grappe)
Propriété construite probablement dans les années 1580 par Frantz BAUER, l’architecte de la Ville de Rouffach, originaire d’Ulm. Elle faisait probablement partie de la Colonge épiscopale. Vendue comme bien national au moment de la Révolution, elle est rachetée par le dernier Grand Bailli de l’Obermundat, Léonce Ignace SCHNEIDER dont la fille unique, Adelaïde, épouse LACROIX, le revendra aux familles KUNTZ-RISS. Xavier RISS est connu comme aubergiste Au Cheval Blanc après le transfert de l’enseigne primitive, à côté de la Halle aux Bleds, qui sera transformée en fabrique de chandelles. Se succèdent les aubergistes SCHERRER, FAUST et SCHWARTZ, avant le rachat de l’immeuble par l’hôpital voisin et sa destruction en 1965.
L'auberge au Cheval Blanc
C. Grande Route de Lyon à Strasbourg, route royale puis impériale, puis Landstrasse.
1. De Lyon à Strasbourg, donnant à l’Est de la Ville
a. À la Vigne (L/348, X/356) (16 rue du 1er RSM)
Mentionnée au milieu du XVIIIème siècle lors du décès d’André SOMMEREISEN connu comme boulanger de pain blanc et aubergiste À la Vigne, au coin Sud de la rue de la Prévôté et de la route nationale.1 A noter qu’il est également propriétaire de la maison en face, future auberge À la Chasse après la Révolution. L’auberge À la Vigne est incendiée au milieu du XIXème siècle et achetée par Antoine FOLL, maître tailleur de pierre, qui reconstruit l’immeuble que nous connaissons actuellement.
1 A.D.H.R. 4E Rff/155 n°1192 du 19/11/1757
b. A la Chasse (L/528, X/442) (14 rue du 1er RSM)
Il existait une première enseigne A la Chasse au couvent des Récollets, après sa vente comme bien national. Elle était tenue par François Louis JAENGER, le fils de François Ignace, chirurgien et maire, assassiné au moment de la Révolution. L’actuelle auberge A la Chasse prend la place d’un ancien pensionnat de jeunes filles, après un incendie criminel le 11/12/1848, causé par une des pensionnaires. Des modifications ont été apportées au bâtiment : il est tenu en 1870 par Agathe FRIESS, l’épouse de François Xavier BARTA, cabaretière A la Chasse. Son époux, sculpteur, tailleur de pierre. Il meurt accidentellement à 32 ans, écrasé par un bloc de pierre. Sa fille, Eugénie BARTA sera l’époux d’Antoine FREISMUTH qui tiendra l’enseigne au début du XXème siècle : ce sont les parents de Maurice FREISMUTH, maire de Rouffach et conseiller général.
c. À la Couronne (9 rue Poincaré)
Il existait au XVIème siècle une auberge « zur KRONE » (bim Würtzhauss zur Cronen gelegen, stosst hinden uff die Ohmbach),1 probablement dans la rue de la Poterne, mais que nous n’avons pas eu la possibilité de localiser. Celle dont il s’agit se situe tout de suite après le Scharpfeneck (le carrefour aux feux tricolores d’autrefois), mentionnée lors du décès de Jean Jacques WÜRTH en 1678, « mort de sa propre faute et n’a pas eu les saint sacrements » comme le notait le curé. Cette famille va gérer l’auberge pendant trois générations jusqu’à la Révolution où l’enseigne disparaît. Elle est une brasserie au XIXème siècle et porte le nom d’Hôtel Restaurant WITZ au XXème siècle.
1 A.M.R. A /AA9 Erneuerung der Statt Ruffach Zinze 1554 G.M.
d. Aux deux Clés (L/558, X 468-470) (34 rue Poincaré)
Auberge Aux deux Clés d'Or
Auberge construite en 1600 d’après le cartouche au-dessus de l’entrée, elle est appelée Au Soleil d’Or jusqu’au début du XIXème siècle. Lorsqu’elle est vendue par Louis MOSSER en 1838, il est dit « aubergiste Aux deux Clés d’Or » : il est le beau-père de Claude-Ignace CALLINET. Acquise par François ROTH, sculpteur, en 1875, elle est vendue par sa veuve à Jacques EBERTH, sculpteur et époux de Fanny BARTA, la fille de Joseph, sculpteur, dit « le grand Barta ». De la famille EBERTH ou EBERT, on se souvient de la dernière aubergiste, Juliette EBERTH, dite « Jettla », décédée à la fin du XXème siècle.
Enseigne Aux deux Clés
e. Au Lys (L/614, X/536-537) ( 30 rue Poincaré)
Construite en 1583, d’après le cartouche au-dessus du porche d’entrée. Tenue durant tout le XVIIIème siècle par la même famille WIRTH sous l’enseigne A la Couronne, elle passe à un brasseur Thadée VOEGELE au début du XIXème siècle, pour finir comme grand domaine fermier de Hubert RUEHL, puis au début du XXème siècle, à Antoine VALENTIN (la ferme Valentin) et finalement à la famille BOHRER-MULLER
2. De Strasbourg à Lyon, donnant à l’Ouest vers les Monts
a. A la Couronne (L/63, X/101) (56 rue Poincaré)
Joseph KOCH, gendarme impérial retraité, reprend l’enseigne lorsque l’ancienne est transformée en brasserie au début du XIXème siècle. Sa fille Marguerite la gère avec Ignace MULLER qui est le grand-père de Prosper MULLER lequel abandonne l’auberge pour devenir Me cuisinier à l’hôpital psychiatrique. Sa fille, Jeanne MULLER sera l’épouse de Jean CAËL, instituteur, artiste et cycliste émérite.
b. À la Demi-Lune (L/154, X/141) (23 rue Poincaré)
Avec celle A l’Ours et Au Saumon, certainement l’une des plus anciennes et célèbres auberges de Rouffach. Immeuble de la fin du XVIème siècle, l’auberge est mentionnée dans l’inventaire de Jean KLEIN en 1607. Parmi les aubergistes, on retient la famille RIEGERT qui la dirige depuis le milieu du XVIIIème siècle : on retient surtout Thiébaut RIEGERT, père de Marie et Thérèse, épouses en première et seconde noces de François Xavier Héribert MULLER, Me Boucher et ancêtre de la famille des célèbres bouchers, dont Frantzi ! Après eux, et au XXème siècle l’auberge devient une grande ferme agricole et passe à différentes familles d’agriculteurs dont André SOMMEREISEN, le dernier en date. Elle vient d’être restaurée par la ville de Rouffach.
À la Demi-Lune
c. À la Cigogne (L/264, X/266) (37 rue Poincaré)
Maison du XVIIIème siècle, construite probablement par Henri ISNER, conseiller au Magistrat et chef de Tribu. Il est l’époux de Catherine DIDENEY et la croix tombale de ce couple est conservée au Musée du Bailliage. La première mention d’auberge A la Cigogne date de sa vente par adjudication en 1814. Cette enseigne disparait très rapidement après l’annexion allemande en 1870. En 1927, le propriétaire est René CORNET, chef porion aux M.D.P.A. qui fit un important legs à l’hôpital civil qui nomme sa salle de réunion « salle CORNET ».
d. À l’Arbre vert (L/276, X/277) (57 rue Poincaré)
Il s’agit également d’une appellation éphémère apparue après la Révolution. Avant celle-ci, elle portait le nom de Cour des GSCHICKT, une très ancienne famille patricienne qui l’a fait construire. Elle devient une brasserie avant l’annexion allemande et l’enseigne disparait.
e. Au Saumon (L/284, X/280) (63 rue Poincaré)
Avec À l’Ours et À la Demi-Lune, l’autre auberge célèbre de Rouffach. Le 18/05/1592, la Ville de Rouffach l’avait vendue à Jean BRODHAG pour en faire l’auberge et le siège du gourmet-juré (…Würth und Weinsticher Haus der Statt…). Mais en 1601, l’auberge et l’office sont rachetés par Bartholomé LANDONET : cette famille patricienne va le gérer pendant un siècle et demi jusqu’en 1750.1 Au XXème siècle, elle deviendra l’épicerie EBELIN. Notons que le bâtiment du XVIème siècle a subi d’importantes restructurations au XVIIIème siècle, avec un portail armorié.
Portail armorié de l'ancienne auberge Au Saumon
1 A.M.R. D 8 folio 33 Zinsbuch der Statt Ruffach 1591 G. M.
f. Au Coq, puis À l’Aigle d’Or. (L/285, X/283) (1 rue du 1er RSM)
Attestée dès 1585, elle disparait au profit de la construction de la maison Renaissance de 1671 par les deux familles patriciennes BOLLENBACH-WILLEMANN, comme l’attestent leurs armoiries sur l’oriel. En souvenir (?) , elle portera l’éphémère enseigne A l’Aigle d’Or au début du XIXème siècle. L’immeuble que nous connaissons est rénové en 1913 par Louis KELLER, inspecteur d’assurances.
g. Au Cerf (L/286, X/284) (3 rue du 1er RSM)
Bâtiment du XVIIème siècle, également propriété de la famille BOLLENBACH, il est contigu au précédent. Il est dit Au Cerf dans l’inventaire du décès d’Erasme BOLLENBACH en 1697. L’auberge acquiert sa notoriété avec son achat en 1750 par la famille ISNER qui la dirigera jusqu’en 1880, date à laquelle elle passe à la famille OTT sous le nom Zum Hirsch, jusqu’au décès des grands parents de Hubert et Jacques OTT.
D. De quelques auberges éphémères de localisation imprécise.
a. Au Bœuf et À la Croix d’Or. (6-8 rue Poincaré)
Auberges évoquées épisodiquement dans les documents d’archives, toujours situées « … beim neuen Thor, neben der Ringmauer, gegenüber sankt Veltin… ». S’agit-il de l’ancienne cour de l’abbaye de Lucelle qui correspondrait à cette position ?
b. Au Chêne (? rue des Bouchers)
Signalée en 1796, elle est tenue par la veuve KNIESEL, rue des Bouchers.
c. Au Dragon. (39 rue du Mal. Lefebvre)
Signalée au XIXème siècle à l’angle de la rue Ullin et du Mal Lefebvre vers les monts : l’actuelle quincaillerie Walter ?
d. À l’Etoile.
Signalée en 1700 à la Landstrasse, cabaretier Jacques Heisslen.
e. À l’Etoile rouge.
Signalée en 1594, « bey der Schule auf dem Platz, gegen der Kirche… »
f. Aux Etoiles. (6 Place de la République)
Signalée au XVIIème siècle, à l’endroit de l’actuelle résidence Lefebvre, sur la place, à côté de l’auberge Au Cheval Blanc.
g. Au Lion. (16 rue du 1er RSM ?)
Signalée en 1589: „Paul Kroner, Würth gegenüber franziskaner…“
h. À la Montagne Noire (rue des Oignons ?)
Signalée au début du XVIIème siècle: Georges Walck „..gegen über der Metzig… ».en 1613. A la place de l’ancien restaurant Biehlmann ?
i. Au Mouton (L/1022, X/895) (20 rue du Mal. Lefebvre) (3 Place du Marché)
Signalée à la fin du XVIIème siècle : « neben Beren und ein gässlein gegen gebirg… » Ancienne droguerie Kolb ?
j. À la Roue.
Signalée en 1591: Jacques FRICK « …hinten Kornhalle neben Brunnen zum Rad…“
k. Au Sauvage
Signalée en 1795, sans autre précision
l. Au Soleil
Signalée en 1629: Wolff KRAUSSLER, „…Würth auf dem Platz…“
François Boegly, mai 2020