Cet article fait suite à un premier, sur le même sujet, paru sous le titre Les vicissitudes d'un chef-d'œuvre: le grand portail de Notre-Dame de Rouffach (cliquez ici pour y accéder)
La population de Rouffach suit avec beaucoup d'intérêt les travaux de restauration des façades de l'église Notre-Dame et redécouvre la blondeur initiale de la pierre des carrières du Strangenberg qui a servi à sa construction. Les voussures du portail ouest ont été soigneusement débarrassées des mousses, de la crasse et des déjections de pigeons qui les avaient noircies. Le travail d'extrême précision des restaurateurs a permis de redonner son éclat au délicat entrelacs de feuillage qui orne ces voussures, les consoles et l'encadrement de la porte et même de retrouver des traces d'une polychromie ancienne ! Mais ce nettoyage n'aura pas permis de retrouver le moindre vestige du riche décor sculpté ancien, définitivement perdu...
Pourtant, de ce décor sculpté du quatorzième siècle, ont survécu au moins deux statues, conservées au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon.
Image ci-dessus: Le peuple écrasé par les privilégiés
« â faut esperer q’eu s’jeu la finira ben tôt. Un païsant portant un Prélat, et un Noble. »
Eau-forte en couleurs, [Paris, 1789]
La France serait championne du monde des taxes et des impôts… Voilà qui n’est pas nouveau… Mais cette fois encore, on ne dira pas que c’était mieux avant ! Nicolas Chamfort, rapporte en 1794 dans ses Caractères et anecdotes les propos d’un de ses contemporains, parlant du peuple français : « un peuple serf, corvéable, taillable à merci et miséricorde »
L’objet du présent article est précisément la taille, un impôt ancien, le nom est attesté dans la première moitié du 14ème siècle en Alsace, mais surtout l’impôt le plus impopulaire à cause surtout de son montant très arbitraire. Dire que le serf est taillable signifie qu’il est soumis à l’impôt de la taille, comme corvéable signifie qu’il est assujetti à la corvée seigneuriale, au bon vouloir, à la merci, du seigneur.
Dans le monde germanique, la taille est das ou der Gewerf(f) [1] et le collecteur de la taille est der Gewerfer.
Ci-dessus, le portail de la collégiale Saint Thiébaut de Thann
Jean-Michel VOGELGSANG, prêtre rouffachois, est l’auteur d’un Journal dans lequel il témoigne des événements qu’il a observés dans sa ville tout au long des années de Terreur. Prêtre réfractaire ou non-jureur, à la Constitution civile du Clergé, promulguée en juillet 1790, Jean-Michel Vogelgsang est contraint à la clandestinité : la vie d’un prêtre réfractaire, s’il est dénoncé et retrouvé, se termine souvent sur l’échafaud. Dès lors, il vivra caché, fuyant d’une maison amie à une autre, ou terré dans la maison familiale, dans l’actuelle rue Poincaré, caché sous le plancher du grenier. Il poursuivra cependant son ministère, visitant les malades et administrant les mourants, se déguisant parfois en femme pour ne pas être repéré…
Les fenêtres gothiques de la galerie, côté promenade des Remparts.
Le document proposé dans cet article est tiré d’un registre des archives municipales de Rouffach, conservé sous la cote A.M.R. AA 3.
Ce registre est un recueil des droits, règlements, usages et coutumes de la ville de Rouffach, recopiés les uns à la suite des autres, sans plan particulier et sans respect de la chronologie, daté de 1343 pour le plus ancien et de 1517 pour le plus récent.
Il s’agit d’un ensemble de documents d’une importance considérable pour l’histoire des institutions de la fin du Moyen-Âge à Rouffach.
Le document choisi détaille l’ensemble des droits, usages et obligations réciproques de la ville et de l’abbesse d’Eschau, propriétaire d'une importante Cour, à Rouffach, depuis le VIIIème siècle.
La console de l'orgue Claude Ignace Callinet de 1855
Note en marge :
Acceptation d’un devis présenté par M. Callinet Cadet, facteur d’orgues à Rouffach, pour une grande réparation à l’orgue de la paroisse de Rouffach, suivi d’un traité du contrat.
Dans ce devis, Claude Ignace Callinet précise bien que les travaux à entreprendre sont une grande réparation de l'orgue en place dans l'église. Le greffier du conseil de fabrique note également qu'il s'agit de grandes réparations et agrandissements à faire à l'orgue de l'église paroissiale de Rouffach.
Revenons un peu en arrière et examinons l'orgue de 1855, avant l'intervention de Claude Ignace Callinet, qui nous a laissé, pour la plus grande partie, l'instrument que nous pouvons voir et entendre encore aujourd'hui.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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