Ce traité publié par deux dominicains, Heinrich KRAMER (Henri Institoris) , dominicain de Sélestat et Jacob SPRENGER, prieur du couvent de dominicains de Cologne, est une véritable œuvre de propagande de l’Inquisition et fut le point de départ de la chasse aux sorcières : édité en petit format afin que les juges puissent le consulter aisément lors des procès, l'ouvrage eut un succès considérable et fit l'objet de 34 d'éditions latines depuis sa parution à Strasbourg en 1486 ou 1487 jusqu'en 1669.
Couverture en parchemin d'un livre censier de l'hôpital Saint Jacques de Rouffach
Les rondes des fêtes à l’affiche des offices de tourisme offrent aux vacanciers et aux amateurs de fêtes de nombreuses manifestations organisées par des confréries de tout genre : confréries viniques en majorité, mais aussi d'autres, confrérie du chou rouge, de l’élixir de la sorcière, des gardiens de la météorite, de l’asperge, de la tarte flambée, du presskopff, etc. Convivialité, échange et partage sont les objectifs de ces rassemblements qui drainent un nombreux public, souvent familial, de tout âge.
Si le nom est le même, on reste tout de même assez loin des idéaux qui inspiraient les confréries de l’époque médiévale et du début des temps modernes dont ces nouvelles confréries se veulent pourtant souvent les fidèles continuateurs, si l'on se réfère aux costumes "médiévaux" portés par leurs membres et par le cérémonial dont ils s'entourent...
Pour comprendre ce qu’est une confrérie, il suffit de se souvenir de l’étymologie du mot : le mot confratria est attesté dès le 9ème siècle et a donné au 13ème siècle le mot confrarie puis confrérie sous l’influence du mot frère, issu également de frater.
Page du Registre du Magistrat de 1600 (A.M. Rouffach BB 1)
Dans les articles de ce site, le mot Magistrat revient fréquemment. De quoi s’agit-il ? Pour rester simple, le Magistrat est le Conseil de la Ville, l’ensemble des personnes qui administrent la cité. A Rouffach il est composé de quinze conseillers et d'un greffier municipal, qui se réunissent sous l’autorité du prévôt, représentant le bailli, lui-même représentant le Seigneur, l'évêque de Strasbourg.
Qui sont ces personnes et comment sont-elles choisies ? Un document extrait d'un ancien Urbaire de 1580 va nous donner quelques éléments de réponse:
Un juge brise le bâton de justice au-dessus d'un condamné enchaîné (Neues Rathaus Hannover)
Parmi les charges distribuées lors de l'assemblée annuelle du Magistrat du "12ème jour", vom zwölften Tag, c'est à dire le jour de l'Epiphanie, douzième jour après Noël, figurent les charges des Boten, Poten ou Potten, que l'on traduit généralement en français par "sergents-jurés". Il s'agit d'une fonction très importante dans la vie de la Ville: ils sont les intermédiaires entre la bourgeoisie de la Ville et l'autorité représentée par le Bailli, le Schultheiss ou le Magistrat dont ils diffusent les ordres, les décisions prises. Le mot est le même que Bote, le messager, celui qui est envoyé pour diffuser les informations et également les collecter, porter les convocations et les invitations, distribuer les lettres et autres documents...
Photo: le cardinal de Rohan, par Hyacinthe Rigaud
Le texte qui suit est un des nombreux documents édités, maintes fois réédités et complétés par la Régence épiscopale, destinés à réglementer la vie quotidienne des sujets de l'Obermundat. On ne peut que louer une telle démarche chez un évêque qui se montre si soucieux de la vertu et du salut de ses ouailles! Mais si les premiers articles peuvent paraître en rapport avec les préceptes religieux enseignés par l'église, ce n'est plus du tout le cas des derniers. De plus, les manquements aux règles ne sont plus punis d'une pénitence sous la forme de prières à réciter, de cierges à offrir à l'église ou de pèlerinages à effectuer, mais se payent avec des amendes substantielles à verser dans le trésor du prince... Ce règlement est en fait une liste d'infractions et de délits, touchant plus ou moins les préceptes de l'église, avec, noté en face de chaque manquement, le "tarif": jusqu'à trois cents livres d'amende pour avoir joué aux cartes... à verser au prince-évêque...
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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