Bâton de procession de la Confrérie du Saint Rosaire de Rouffach
L'Ascension, fin XVIIème siècle (coll. privée)
La confrérie du Rosaire est une confrérie pieuse dont l’objectif est de réunir un grand nombre de croyants unis par la charité fraternelle dans la récitation en commun du Rosaire de Marie afin d’obtenir ses grâces et sa protection.
La première confrérie aurait été fondée en 1468 à Douai par un moine dominicain Alain de la Roche Alanus de Rupe (* vers 1428 † 1475). Elle sera suivie en 1475 à Cologne par une seconde, fondée par l’inquisiteur, Jakob Sprenger (*1436/38 † 1495), de sinistre mémoire puisqu’il est avec Heinrich Kramer le co-auteur du Malleus maleficarum ou Hexenhammer qui légitima la chasse aux sorcières.
Depuis Cologne, les confréries se répandirent très rapidement à travers l’Allemagne, la Hollande et les Flandres pour arriver en Alsace, plus précisément à Colmar en 1484.
Il s’agit vraisemblablement de la plus ancienne confrérie de Rouffach et elle restera active pendant plus de trois siècles de 1358 jusque vers 1690: les archives municipales de Rouffach conservent dans leurs réserves les cahiers de comptes des receveurs de la confrérie de 1438 à 1632, presque sans interruption, ainsi que plusieurs livres censiers. En 1690, il est dit de cette confrérie que tous ses membres, frères et sœurs, sont décédés, mais qu’il reste des biens et des revenus qui seront intégrés à ceux de la confrérie du Rosaire. L’acte fondateur est un parchemin de 1358, rédigé en latin, confirmé par les sceaux de Jean, évêque de Bâle. Ce document sera le premier d’une série de quatre dont nous proposons une analyse rapide qui permettra de comprendre la vocation et le fonctionnement de cette importante Reitbruderschaft, qui n’est pas liée à un ou des métiers et dont l’objectif premier est l’accompagnement des défunts et le salut de leur âme.
Portrait de Martin LUTHER par Lucas Cranach
Les archives de Rouffach sont très discrètes sur un évènement qui a été, en Alsace et dans toute l’Europe, à l’origine d’un bouleversement profond : la Réforme.
Et pourtant...
La Réforme pénètre très tôt en Alsace et s’y implante rapidement. Elle fut atteinte, dès 1520, par les écrits de Martin Luther, diffusés par les imprimeurs strasbourgeois favorables aux idées nouvelles. Même si la majorité des membres du Grand Chapitre, les chapitres de Saint-Pierre-le Vieux et de Saint-Pierre-le-Jeune comme une bonne partie du clergé traditionnel se refusèrent à embrasser la Réforme, l’évêque de Strasbourg, Guillaume de Honstein ne parvint pas, malgré sa résistance, à freiner le mouvement de renouveau.
Photo: le cardinal de Rohan, par Hyacinthe Rigaud
Le texte qui suit est un des nombreux documents édités, maintes fois réédités et complétés par la Régence épiscopale, destinés à réglementer la vie quotidienne des sujets de l'Obermundat. On ne peut que louer une telle démarche chez un évêque qui se montre si soucieux de la vertu et du salut de ses ouailles! Mais si les premiers articles peuvent paraître en rapport avec les préceptes religieux enseignés par l'église, ce n'est plus du tout le cas des derniers. De plus, les manquements aux règles ne sont plus punis d'une pénitence sous la forme de prières à réciter, de cierges à offrir à l'église ou de pèlerinages à effectuer, mais se payent avec des amendes substantielles à verser dans le trésor du prince... Ce règlement est en fait une liste d'infractions et de délits, touchant plus ou moins les préceptes de l'église, avec, noté en face de chaque manquement, le "tarif": jusqu'à trois cents livres d'amende pour avoir joué aux cartes... à verser au prince-évêque...
pour les amateurs de latin médiéval, un intéressant exercice de déchiffrage... (cliquez sur l'image pour l'agrandir)
parchemin A.M.R. GG 14 n° 546 1er mai 1481
Aujourd'hui, tous les vendredis à 15 heures, une courte sonnerie des cloches de Notre-Dame de Rouffach rappelle aux fidèles la Passion du Christ et l’heure de la mort de Jésus sur la croix. Il s'agit d'un usage ancien attesté par plusieurs documents d'archive.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
© 2025 Obermundat