Francisco de Goya: Le sabbat des sorcières
musée du Prado
L’organisation de la justice dans le bailliage de Rouffach, en 1624...
Même si l’évêque de Strasbourg est toujours le plaignant dans tous les procès, les tribunaux qui siègent pour les affaires criminelles, et donc la sorcellerie, sont des tribunaux séculiers (ce serait un anachronisme grave de parler de laïcité pour cette période: toute la société et ses institutions sont chrétiennes et catholiques, le religieux et le civil s’interpénètrent en permanence et souvent même se confondent).
Les sorciers et sorcières de Rouffach, de Soultzmatt, d’Orschwihr ou d’Eguisheim ont été jugés par des bourgeois de leur ville ou de leur village, siégeant comme jurés, et par des juges issus d’une institution à la tête de laquelle se trouve, certes, l’évêque de Strasbourg, mais non en tant que chef religieux et spirituel, mais en tant que prince temporel, seigneur de l’Obermundat, comme les Ribeaupierre, les Habsbourg, les Furstemberger, dans leurs seigneuries…
- 1. Les aveux, ou Urgichten, d'Anna Carlerin tels qu’ils ont été consignés par le greffier et lus au tribunal :
- 2. Résumé du déroulement du procès. (traduction G.M.)
- 2.1. Anna revient sur sa déposition et récuse ses aveux...
- 2.2. Comment une torture peut-elle être légère?
- 2.3. Un moment pathétique, la prière d'Anna...
- 2.4. Le tribunal prend conseil auprès de la faculté de Droit de Freiburg
- 2.5. Une femme vieille et physiquement usée...
- 2.6. Qu’est-il advenu de cette Anna ? une question sans réponse...
Le tribunal est présidé par un représentant de l’évêque, en théorie le bailli mais qui se fait très souvent représenter. Le plus souvent d’ailleurs, les seuls « juges » qui sont mentionnés dans les comptes rendus des procès, sont le receveur du bailliage et le greffier du bailliage, Amptschaffner et Amptschreiber. Les autres membres du tribunal sont quinze jurés, les 15 membres du Magistrat. Plus sept bourgeois, les Sibner, qui sont présents au moment des aveux de l’accusé après l’interrogatoire güetlich et peinlich, et qui, au moment de la lecture de ces aveux devant le tribunal, sont chargés de témoigner de la conformité de ce qui est lu avec ce qu’ils ont entendus.
0.1. Les religieux à l'auberge du Saumon...
Donc, aucun religieux dans la composition de ce tribunal… Bien sûr, ils sont certainement présents pour assister les malheureux condamnés dans leurs derniers instants et leur apporter le secours de la religion. Je n’en ai pas d’attestation formelle dans les documents d’archives, ce que je peux dire, c’est qu’ils étaient présents lors du repas qui, après le verdict et l’exécution de la sentence, réunissait tout le tribunal dans l’une des auberges de la ville, le plus souvent à l’auberge Au Saumon, qui fournissait d’ailleurs également les repas pendant tout le temps de l'incarcération aux accusés et à leurs gardiens…
0.2. La Caroline, ou Peinliche Halsgerichtsordnung Kaiser Karls der V.
Les interrogatoires et les débats sont conduits selon un code de procédure pénale extrêmement strict qui doit être respecté scrupuleusement : il s’agit de la Peinliche Halsgerichtsordnung Kaiser Karls der V., [1] de l’empereur Charles Quint, souvent appelée la CAROLINA.
0.3. Un procès en conformité avec le droit...
Il ne s’agit donc, en aucun cas, d’un procès improvisé suivi d’une exécution sauvage, à l’issue d’une course-poursuite à travers les rues de la ville, menée par une foule hystérique, une sorte de lynchage de la sorcière, comme l’imaginent trop souvent des organisateurs de fêtes qui se prétendent médiévales… Pour mémoire, rappelons que les procès en sorcellerie ne sont attestés à Rouffach qu’à la toute fin du seizième siècle et surtout dans la première moitié du dix-septième siècle. On est loin du Moyen-Âge !
1. Les aveux, ou Urgichten, d'Anna Carlerin tels qu’ils ont été consignés par le greffier et lus au tribunal :
Anna CARLERin, appelée Schielaïglin, (celle qui louche!) veuve de Gangolff BADER de Soultzmatt, est soupçonnée de magie et de sorcellerie. Elle a fait l’objet d’une Inquisition le 30 mai 1624.
1.1. Une Inquisition...
Ce mot inquisition peut prêter à confusion : on n’est plus dans les tribunaux d’Inquisition du Moyen-Âge, créés au début du treizième siècle en France pour empêcher la diffusion de dogmes différents, principalement celui des cathares et des vaudois. Cette Inquisition médiévale a duré jusqu'au quatorzième siècle et a notamment persécuté les templiers. Inquisition, pour ce qui concerne notre sujet ici, signifie Interrogatoire de témoins. C’est une procédure qui n’entre pas dans le cadre d’un procès, il s’agit d’une enquête « de voisinage » sur les mœurs et les habitudes d’une personne, souvent à son insu.
Les témoins disent d’elle qu’elle est une indigente qui vit de l’aumône. Elle passe ouvertement pour être une sorcière, au point que même les enfants dans la rue, la traitent de magicienne et de sorcière. Elle a été élevée par sa belle-mère, qui avait été sage-femme à Soultzmatt et qui, elle aussi, avait été soupçonnée d’être une sorcière. Dans sa jeunesse, elle aurait, dit un témoin, vécu dans une extrême débauche (eine grosse Unzucht).
Il faut ajouter que cette Anna avait été dénoncée comme leur complice par trois femmes qui avaient été brûlées sur le bûcher en 1615 et 1616, pour sorcellerie, 7 et 8 ans avant le début de l’affaire. Il s’agit de :
- Magdalena VISCHER, l’épouse de Michaël KUENTZMANN, l’ancien Schultheiß de Soultzmatt
- Gertrud MÜLLER, surnommée la RUEFFlerin, également de Soultzmatt
- Offlerin, veuve de Heinrich WISCHER de Westhalten
- et tout récemment, par Margreth, la veuve de Peter ZIMMERMANN de Soultzmatt, qui avait lui-même été exécuté sur le bûcher, il y a quelques années.
1.2. Une réputation qui colle à la peau...
Une réputation de sorcière ou de maître sorcier, constitue une situation stable, qui reste « collée » à la personne et qui peut durer longtemps, des années et même toute une vie, sans qu’elle soit autrement inquiétée, à condition qu’aucun événement perturbateur n’intervienne…Pourquoi cette Inquisition, que s’est-il passé pour qu’elle soit demandée ? Pour l’instant, je n’ai pas la réponse.
Elle sera arrêtée et emprisonnée le 25 juin 1624, 26 jours après cette Inquisition.
A l’issue d’un premier interrogatoire güettliche Befragung dans lequel il ne sera pas fait usage de la torture, et d’un second, peinliche Befragung au cours duquel il sera fait usage de la torture, jusqu’à ce que les aveux soient jugés suffisants, elle a reconnu ce qui suit :
(Rappelons que la torture est prévue dans le code de procédure criminelle, la Carolina. Elle fait partie de toute procédure pénale, les aveux spontanés ne sont pas suffisants. (d’ailleurs même, ils sont suspects…) Elle comporte un certain nombre de degrés auquel on aura recours jusqu’à ce que les aveux soient jugés suffisants, c’est-à-dire conformes à ce qu’on attend…
- Il y a environ 16 ou 17 ans de cela, alors qu’elle se trouvait chez une certaine KELLERLERin (KELLER), exécutée sur le bûcher pour sorcellerie, en 1615, et dont Anna dit que c’était elle qui l’avait pervertie (verführt), arriva un homme, vêtu d’un habit rouge et portant une plume à son chapeau. Il proposa à Anna de le suivre, lui dit qu’il lui donnerait de l’argent en quantité. Après qu’elle eut accepté, il lui donna une main pleine de monnaies de Lucerne, la conduisit dans la chambre de la KELLERLERin, où ils eurent une relation sexuelle Beÿschlaff geleistet. Elle trouva son amant unnatürlich, pas humain : dans d’autres aveux, il est dit que le partenaire avait été trouvé froid, glacé, qu’il avait un corps qui n’avait pas la chaleur humaine habituelle… A son réveil, après l’acte, elle se retrouva couchée dans un banc renversé, coincée entre les pieds du banc ! Après cela, l’esprit mauvais, der böse Geist, le Malin, car c’était bien lui, lui ordonna de renier Dieu et tous ses saints, ce qu’elle fit, mais à contrecœur.
- Peu de temps après cela, son fiancé, ihr Buehl, l’emmena au Tanzplatz de Soultzmatt où ils célébrèrent leurs noces. Les convives à cette noce étaient, dit-elle, des hommes et des femmes qui, pour la plupart étaient décédés, de mort naturelle, les autres avaient tous été brûlés ! D’autres femmes, sous la torture, donneront des listes très complètes de noms de leurs Gespielen, leurs compagnons, des noms qui seront scrupuleusement notés… Son fiancé, l’esprit mauvais, le Malin, lui remit à cette occasion un petit fagot de verges, dont elle devait se servir pour nuire, faire du mal, aux personnes et au bétail. (il n’est pas question ici de l’onguent, die Salbe, dont on enduisait les verges ou les mains, avant de frapper…)
- Peu de temps après, elle utilisa une semblable verge que lui avait donnée la KELLERLERin pour en frapper un âne qui appartenait à Burckhardt KNORR. L’âne tomba au sol, mais prise de pitié, elle ordonna à l’âne de se relever, au nom de l’esprit mauvais, son fiancé !
- Il y a environ six ans, ou plus, elle dit avoir frappé, de ces mêmes verges, une jeune mendiante étrangère (on est très rapidement étrangère en ce temps-là, il suffit de venir hors de la seigneurie…). Cette jeune mendiante se retrouva doll et mourut deux jours plus tard dans la maison de la KÖBLERin, à Orschwihr.
- Avec ces mêmes verges qu’elle avait reçues de son fiancé, elle avoue avoir frappé un porcelet, âgé d’un an, et qui appartenait à sa belle-mère. Le porcelet en devint lamb, paralysé.
- Il y a de cela environ huit ans, elle dit avoir assisté, avec d’autres de ses comparses, aux noces sataniques, Hexenhochzeit, d’une jeune servante de Guebwiller, une certaine OTTILIA.
- Il y a environ six ans de cela, elle avoue avoir frappé, avec ces mêmes verges, au nom de son fiancé diabolique, un cheval roux (!), qui appartenait à Paulus KOPP, de Wintzfelden. Le cheval s’en retrouva paralysé, Lamb, et mourut peu de temps après.
- Elle cite une certaine APPOLONIA, surnommée FÜXLIN, petit renard, l’épouse du cordonnier de Soultzmatt, comme faisant partie de ses comparses.
On jugera si les faits mentionnés (si on exclut le décès de la jeune mendiante) justifient un procès et une condamnation à mourir sur un bûcher !
2. Résumé du déroulement du procès. (traduction G.M.)
Le dossier d’Anna CARLERIN comporte un résumé du déroulement du procès, dont je vous propose une traduction :
Un tribunal criminel impérial pour l’éradication du très condamnable fléau de la sorcellerie, a siégé le mardi 9 juillet de la présente année 1624, présidé par les très honorables personnes mandatées par l’archiduc LEOPOLD d’Autriche, Johann MARELL, docteur en droit et chancelier de Murbach, Hans Leonhardt NOTTER, receveur du bailliage et Simon OTTMANN, greffier du bailliage pour juger Anna CARLERin, veuve de Gangwolff BADER de Soultzmatt ainsi que d’autres personnes du sexe féminin. Après les procédures réglementaires, il fut procédé à l’audition des aveux et à leur lecture.
2.1. Anna revient sur sa déposition et récuse ses aveux...
A ce moment de la procédure, Anna CARLERin et son porte-parole ont demandé une suspension de séance à l’issue de laquelle elle a déclaré revenir sur sa déposition et a déclaré récuser les aveux dont il avait été fait lecture. Elle a renié tous les points de ses aveux, disant que tout ce qui avait été dit était faux, qu’elle n’avait avoué que sous l’effet de la terreur que lui inspirait la torture.
2.2. Comment une torture peut-elle être légère?
A cela, les plaignants (accusateurs) répliquèrent qu’elle n’avait subi que les premiers degrés de la torture par l’estrapade, qu’elle n’avait été « soulevée » que très légèrement…et qu’on n’avait pas utilisé les poids (ohne Gewicht…) A la suite de cette torture « légère », elle avait néanmoins procédé à des aveux complets, devant les SIBNER, tous présents à ce moment-là.
Ces SIBNER, de peur sans doute d’être soupçonnés d’avoir fait un faux témoignage, avaient d’ailleurs demandé spontanément à se présenter comme témoins au tribunal et à y être entendus.
Au moment de l’audition des SIBNER, Anna ne s’exprima que très peu, mais reconnut cependant qu’elle avait effectivement reconnu devant les SIBNER tous les faits qui figuraient dans le compte rendu de ses aveux, mais elle répéta que tout cela était faux, elle n’avait avoué qu’à cause de sa grande frayeur devant la torture, et elle ne voulut rien admettre.
Tous les SIBNER, ensemble, et chacun individuellement, ont déclaré que les aveux qui venaient d’être lus au tribunal étaient en tous points semblables à ceux qu’ils avaient entendus au moment de l’audition des aveux qu’Anna avait formulés spontanément au cours de son interrogatoire.
Les plaignants rappellent alors que les juges du tribunal devaient s’en tenir à ce que disait la rumeur publique, c’est-à-dire à la parole des gens honnêtes, et également aux déclarations des SIBNER. Cette Anna n’avait subi que les premiers degrés de la torture, elle avait été épargnée par pitié et en considération de son âge, et il n’y avait pas lieu de tenir compte de sa rétractation.
A la suite de quoi le tribunal se retira pour décider du verdict. Les juges demandèrent alors aux Commissaires de tenter de faire venir cette malheureuse personne à de meilleures dispositions.
On rappela alors à Anna qu’elle devait savoir, avoir entendu et compris tout ce qu’elle avait avoué et dont elle était accusée aujourd’hui et qui avait été confirmé par les sept témoins, et on lui demanda comment elle justifiait son attitude et si elle voulait ou non une nouvelle fois reconnaître ses aveux.
2.3. Un moment pathétique, la prière d'Anna...
A la suite de cela, elle a baisé le crucifix qu’elle serrait dans ses mains, se mit à pleurer et prononça les paroles suivantes qui sont entièrement reproduites dans le compte-rendu:
“O Jesus Christus,
O Heÿlige Muetter Gottes Maria,
verzeihe mir meine Seündt, daß ich so
feltschlich auf mich
gelogen, und obschon die Sibner solches
von mir gehört, so hab ich‘s doch wegen
großer Marter und Forcht der Pein
gestanden, aber es ist nit wahr, und
wann ein einziger Mensch fürkhommen
werde, der solches auf mich beweisen
könne, so wölle Ichs gestehen.“
Messieurs les Commissaires lui rappelèrent à nouveau qu’elle n’avait subi que la leichte Tortur, sans l’usage des poids et que, bien avant déjà, la rumeur publique l’avait accusée suffisamment pour qu’on prononce à son encontre le verdict que prévoyait le code Carolina.
Après un refus catégorique de revenir sur ses déclarations, l’accusée a demandé que l’on veuille bien, parce qu’elle avait de manière si éhontée menti sur elle-même, la punir en lui permettant de s’exiler dans une terre lointaine, promettant qu’elle ne reviendrait plus jamais, aussi longtemps qu’elle vivrait, sur les terres de sa seigneurie.
A cela le chancelier, Johann MARELL, répondit que, si elle était effectivement innocente, elle ne pouvait être exilée et bannie de la seigneurie. Les juges devaient savoir comment se comporter vis-à-vis d’elle. Quant à lui, il ne voulait pas tremper ses mains dans son sang !
On décida alors de se donner le temps de la réflexion et qu’on allait reconduire l’accusée dans sa prison où elle sera maintenue jusqu’à ce qu’on décide de son sort.
2.4. Le tribunal prend conseil auprès de la faculté de Droit de Freiburg
Il fut finalement décidé de prendre conseil auprès de la faculté de droit de l’université de Fribourg et d’attendre son avis sur ce cas.
Les archives municipales de Rouffach et celles départementales de Strasbourg conservent des copies des nombreuses lettres qui furent alors échangées entre les experts-juristes de Fribourg (en grande partie rédigées en latin), les autorités de Rouffach et celles de la Régence de Saverne.
2.5. Une femme vieille et physiquement usée...
La dernière de ces lettres date du 11 février 1625, neuf mois après l’incarcération de cette femme, dont il avait été dit qu’elle était vieille et physiquement usée, que son âge et son état de faiblesse physique ne permettaient plus de poursuivre les interrogatoires sous la torture…
Un paragraphe de l’un de ces courriers nous interpelle et il est particulièrement révélateur du fonctionnement de la justice :
Zuvor und ehe aber sie an die Volterung geschlagen würdt, ist es nit unrhatsamb daß
der Obrigkheit zu bemeltem Orschweÿer zugeschriben und nachgefragt werde, obe und
wann in besagter KÖBLERIN Hauß ein Bettelmeÿdlin gestorben und ob es doll worden.
D'abord et avant de procéder à un nouvel interrogatoire sous la torture, il ne serait pas inutile (déconseillé) que l'on envoie un courrier aux autorités du dit Orschwihr et que l'on demande si et quand une jeune mendiante serait morte dans la maison de la femme KÖBLER!
N'aurait-on pas pu et dû commencer par là, et éviter, sans doute, des souffrances inutiles à une vieille femme? A-t-il été donné suite à ce conseil donné par les juristes de Fribourg? Comment se fait-il que personne n’y ait songé auparavant ? C’eut été le rôle d’un avocat… Celui que l'on appelle "avocat" dans ces procès n'est en fait qu'un porte-parole (Fürsprecher) de l'accusé: mais on ne peut prendre la défense de quelqu’un qui est coupable de pacte avec le diable, avant même d’être jugé, ni tenter de l'innocenter! Ce serait la preuve qu’on est soi-même complice!
Un autre conseil donné par les juristes de Fribourg était de :
…sie in Ihre Behausung verbanniesieren und ein Urphedt von Ihren nehmen…
de la bannir dans sa maison, c’est-à-dire de la condamner à la réclusion à vie dans sa propre maison, et de lui faire signer « eine Urphed », une caution juratoire, dans laquelle elle s’engageait à ne jamais chercher à se venger, de quelque manière que ce soit, de ceux qui l’ont dénoncée, jugée, torturée…
Le 22 mars 1625 et le 15 mai 1625, rien n’est décidé, les différents courriers se contredisent l’un l’autre, certains proposent de la laisser rentrer chez elle, d’autres ne veulent rien modifier au verdict initial et exigent l’exécution de la sentence.
Après le 15 mai 1625, un an après l’incarcération d’Anna, les archives sont muettes : aucun témoignage sur une éventuelle exécution, une libération ou un bannissement. D‘ailleurs, si l’exécution avait eu lieu, il y aurait eu obligatoirement un inventaire des biens, dressé au lendemain de l’exécution. Or, aucune trace d’un pareil document.
2.6. Qu’est-il advenu de cette Anna ? une question sans réponse...
Les trois autres femmes qui ont été jugées le même jour qu’elle, ont été brûlées le jour même. Il s’agit de :
- Agatha MEYERin, veuve de Hans BÜRCKHLIN, le boulanger, de Rouffach
- Agatha LAMPERTerin, épouse de Gall SCHNEIDER d’Orschwihr
- Margretha BECKHin, veuve de Peter ZIMMERMANN de SOULTZMATT
Gérard MICHEL juillet 2018
[1] Caroline ou Constitution criminelle de Charles Quint ou encore Code criminel de de Charles V, en allemand Peinliche Halsgerichtsordnung Kaiser Karls V, en latin Constitution Criminalis Carolina, rédigée en 1530 -1532, publiée en allemand en 1553 puis traduite en français, assortie de commentaires en 1731, 1742, 1767 et 1779.