La photo ci-dessus représente une porte gothique percée dans le mur sud du transept roman de l'église. Cette porte, face à l'ancien cimetière a été murée et on y a réemployé deux dalles de pierre jaune de Rouffach portant des inscriptions :
Ce premier article traitera de la première pierre gravée provenant de l'ancien ossuaire. Un article ultérieur présentera la seconde dalle, une épitaphe posée à la mémoire de Theobald WOLFHARD par ses fils Conrad (qui prendra plus tard le nom de LYCOSTHENES) et Theobald.
Détail d'un des panneaux du retable surmontant le maître-autel de Notre-Dame de Rouffach. (photo G.M.)
Un document découvert récemment dans une collection privée permet d'ajouter un élément supplémentaire à l'histoire de l'église Notre-Dame de Rouffach, grâce à un petit détour par l'église du couvent des Dominicains de Colmar. En 1720, les Dominicains furent mis au goût de l'époque avec l'installation d'un décor baroque, et quelques années plus tard, la Révolution en fit un magasin d'artillerie puis un grenier à blé. Le mobilier en fut dispersé, et c'est là que nous revenons à Rouffach: la Ville de Rouffach a racheté, en 1803, le maître-autel de l'église des dominicains de Colmar pour l'installer dans l'église de Rouffach !
On sait peu de choses sur la vie quotidienne des frères du couvent des Récollets de Rouffach, les textes d'archives conservés sont plutôt rares et il faut souvent se contenter de courts passages découverts au hasard de lectures dans les chroniques ou les protocoles du Magistrat. En voici deux, l'un tiré des archives municipales de Rouffach, l'autre cité par Th. Walter dans un manuscrit inédit rédigé sur un cahier d'écolier, intitulé Ratskronik der Stadt Rufach 1501 - 1598. Son ouvrage, Urkunden und Regesten der Stadt und Vogtei Rufach édité en 1913 couvrant la période allant de 1350 à 1500, cette Ratskronik commençant en 1501 serait-elle le brouillon du quatrième volume de Urkunden und Regesten ?
Au numéro 23 de la rue Callinet, on peut admirer un bas-relief de belle facture joliment mis en valeur au dessus de la porte cochère. Il nous présente un pape d’allure débonnaire veillant sous sa tiare à la quiétude de la petite cité de Rouffach bien à l’abri derrière ses remparts. On y reconnaît plusieurs bâtiments caractéristiques : au centre de la composition se trouve Notre-Dame avec sa tour-clocher octogonale et l’ancienne flèche Sud, aujourd’hui disparue. À sa droite, des clochetons localisent le prieuré de Saint Valentin et la chapelle de l’hôpital Saint Jacques tandis qu’à gauche celui des Récollets culmine au-dessus du chevet de l’église Sainte Catherine. Le fond du décor est un entrelacs de vignes chargées de grappes en abondance, suggérant que ce personnage représente Saint Urbain, le patron des vignerons et pour qui en douterait, quelques tonneaux sont présentés au premier plan en attente d’une récolte prometteuse ! Mais en-dessous, se trouve une inscription (URBANUS-VIII. R.P.) qui pose un sérieux problème, puisque ce pape Urbain VIII n’a jamais été canonisé et ne peut donc se prévaloir du titre de saint !
Materne BERLER, né à Rouffach en 1487 et décédé à Gueberschwihr vers 1573, a fait ses études à l’école latine de Sélestat, creuset de l’humanisme alsacien, comme élève de Jérôme GUEBWILLER (1473-1545) puis à l’Université de Bâle (1507-1509). Il s’inscrit dans le courant humaniste qui s’épanouit au XVIe siècle, qui en est l’âge d’or dans l’ensemble de l’Europe de la Renaissance. Sans atteindre la notoriété des illustres humanistes qu’il a pu côtoyer au cours de ses études, Sebastian MUNSTER, Beatus RHENANUS, Ulrich ZWINGLI, ERASME de Rotterdam ou Jakob WIMPFELING, Materne BERLER a légué une chronique dont de nombreux passages sont précieux pour l’historien. Cet ouvrage, rédigé entre 1510 et 1530, au style parfois embrouillé et lourd est, comme beaucoup d’ouvrages de la même époque, une compilation de récits empruntés à diverses sources, mais il recèle quelques pages de vraie chronique dans lesquelles l’auteur relate des épisodes liés directement à Rouffach.
Cette Chronique de 794 pages a malheureusement disparu dans l’incendie de la bibliothèque de la Ville de Strasbourg en 1870. Quelques pages, 120, recopiées sur l’original avant sa destruction, ont été publiées par L.SCHNEEGANTZ dans le Code historique et diplomatique de la ville de Strasbourg, Strasbourg 1843.
Dans les passages que nous avons choisi de présenter, Materne BERLER raconte comment, en 1444 Conrad de Busnang réforma le couvent des franciscains de Rouffach qui, après une période d'errements, revint à la stricte observance de la règle du fondateur de l'ordre, saint François.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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