Bancs-clos de l'Eglise Saint-Pierre de Thimert- Gâtelles (Eure et Loir)
Nous avons déjà évoqué dans ces pages l'héroïsme des femmes de Rouffach qui leur aurait valu la place privilégiée qu'elles occupent encore aujourd'hui, à droite dans notre église paroissiale, une place réservée traditionnellement aux hommes.
Nous proposons dans cet article un extrait du protocole du Magistrat du 26 février 1726 qui confirme que la place des hommes était bien à gauche, face au chœur, mais qui ne dit toujours pas quelles sont les véritables raisons du privilège accordé aux femmes de Rouffach !
Vue de l'intérieur de l'église de Rouffach Lithographie Engelmann 1830
A Rouffach les femmes sont placées à droite dans l’église, face au chœur, alors qu’elles ont habituellement leur place réservée à gauche. Qu’est ce qui leur a valu ce privilège réservé partout ailleurs, ou presque, aux hommes ? Quelques mâles chagrins, sans doute jaloux d’avoir perdu une place qu’ils estiment leur être due, affirment qu’on les a placées là, sous la chaire, pour qu’elles entendent mieux les sermons du curé ! Pour en savoir un peu plus, le lecteur trouvera une page plus complète sous le titre L’héroïsme des femmes de Rouffach qu’il pourra consulter en cliquant ici.
Le présent article complète cette première page et corrige une traduction parue en mars 2019 dans un annuaire sous le titre La Place des femmes à l’église de Rouffach.
Nous avons reproduit au bas de l'article les pages de l’Urbaire * qui concernent la répartition des places à l’église paroissiale, côté femmes, telles que définies par le Magistrat dans sa session du 12 février 1724, et nous en proposons une traduction et quelques commentaires.
* Urbaire de la Ville de Rouffach, (A.M.R. AA / 11) rédigé à partir de 1727
Saint Valentin, sur le plan de Sebastian Münster
Pour le plaisir de lire, dans le texte, Materne Berler, chroniqueur né à Rouffach, nous vous proposons quelques paragraphes de sa célèbre chronique, rédigée entre 1510 et 1530, dans lesquels il raconte l’histoire du couvent saint Valentin de Rouffach. Nous les avons laissés dans leur langue d’origine, l’allemand de l’Alsace du 16ème siècle : les lecteurs germanophones n’éprouveront aucune difficulté dans cette lecture. Berler n’est pas historien, il est comme beaucoup de ses contemporains l’étaient, un auteur compilateur. Ainsi par exemple, lorsque dans sa chronique, il évoque des phénomènes étonnants, comme l’apparition dans le ciel de l'année 1152 de trois soleils, il n’a évidemment pas été le témoin de ce prodige, il n’en a pas non plus trouvé la trace dans un document d’archive du milieu du douzième siècle. Il reproduit là tout simplement un épisode qu’il a lu dans un ouvrage ancien, une chronique peut-être, qui l’a marqué suffisamment pour qu’il juge utile de le noter dans sa propre chronique pour le faire connaitre à ses lecteurs.
Obersultz, dans A.D.H.R. Evêché de Strasbourg 3 G / 54 1695
En 1695 l’abbaye de Murbach porte plainte à la Régence de l’évêché de Strasbourg de ce que la ville de Soultz exige d’eux les droits de péage, pontonage et du pied fourchu.
Au premier plan deux épileptiques, à l'arrière plan des membres de leur famille avec des offrandes. Au bas, les armes du prieur Johann Sansetti (1465-1506)
Dans sa Chronique (entre 1510 et 1530), Materne BERLER raconte comment fut fondé le prieuré saint Valentin de Rouffach et comment il devint rapidement un lieu de pèlerinage réputé pour la guérison de l'épilepsie. Materne Berler n'est pas historien, il rapporte ici un récit populaire, dont nous verrons dans un article ultérieur qu'il ne correspond qu'à une très lointaine réalité. Mais laissons nous charmer par une légende, bien fixée dans la tradition, maintes fois reprise par les folkloristes. Auguste Stoeber (1808 - 1884) poète et folkloriste alsacien, également théologien protestant, archéologue et historien, a donné de ce texte une version à laquelle nous renvoyons nos lecteurs dans Légendes d'Alsace, traduction de Paul Desfeuilles, édition scientifique Françoise Morvan, Rennes, éd. Ouest-France, 2010, 410 p.
Nous proposons à la suite du texte allemand de Berler une traduction, bien moins fleurie et poétique que celle que l'on trouvera dans l'ouvrage d'Auguste Stoeber...
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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