Le saint Sépulcre (1455 / 1500), église saint Dominique de Vieux-Thann (photo:base Palissy)
Le 18 août 1774, le Magistrat de la ville de Rouffach décide de confier à Johannes Locher et Johannes Ruebrecht, deux peintres originaires de Mengen an der Donau et à Franz Joseph Müller, maître menuisier de Rouffach, la réalisation d’un nouveau saint Sépulcre selon le modèle du plan qu’ils proposent, en remplacement de l’ancien qui serait ruiné, brisé, gantz zerbrochen..
Le saint Sépulcre, la Sainte Tombe, das heilige Grab, est, selon une tradition chrétienne, le tombeau du Christ, aujourd’hui pris dans une rotonde englobée dans l'église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem, où le corps de Jésus de Nazareth aurait été déposé au soir de sa mort sur la Croix.
Malheureusement ce plan a disparu et nous ne savons que très peu de chose de cet ouvrage, mais une lecture attentive du contrat apporte quelques informations qui permettent d’entrevoir ce dont il pouvait s’agir.
Le 11 mars 2019, nous avons proposé dans ces pages un article consacré à un faubourg de Rouffach, le village disparu de Suntheim, intitulé 1442, l'église saint Etienne est réunie à celle de Rouffach. Pour beaucoup, Suntheim évoque le C.A.T. Moulin de Sundheim, pour d’autres un centre équestre ou une pension pour chiens et chats. Pour quelques rares autres, un hameau disparu, il y a bien longtemps, au sud de Rouffach, du côté du C.H.S.
Mais Suntheim était bien plus qu’un hameau de quelques pauvres bâtisses. D’abord, c’était la demeure de plusieurs familles nobles qui ont essaimé plus tard en d’autres lieux. A Suntheim se trouvait la première implantation des Chevaliers de l’ordre teutonique, avec des bâtiments et leur église. A Suntheim aussi, une église de paroisse, l’église saint Etienne dont des vestiges ont subsisté longtemps après la disparition du village. Un couvent de femmes qui fut transféré à Guebwiller et devint le couvent Engelpforten, de la porte de l’Ange, une communauté de religieuses de l’ordre teutonique, une léproserie, un moulin, des maisons d’habitation, des rues, des champs, des prés et des vignes…des gens, des activités, une vie qui demande qu’on s’y intéresse et dont l’histoire reste à faire.
Thiébaut Walter terminait son article consacré aux trouvailles faites au moment des travaux de terrassement pour la construction du C.H.S., en souhaitant qu’après avoir détruit sans scrupules les vestiges de Suntheim, les décideurs compétents rappellent au moins son souvenir en incluant le nom du village disparu dans le nom donné au futur établissement. Il n’a pas été écouté... Ce lieu mériterait au moins une signalisation, rien qu'un petit panneau, comme ceux qui signalent les lieux-dits, au bord de la route et qui rappellerait ce village disparu...
Je renvoie les lecteurs d’Obermundat à l’article précité et je leur propose deux courts documents datés de 1515 et 1516 qui font état de la présence de « frères et sœurs » sur le site, plus d’un demi-siècle après qu’une charte rédigée le 13 septembre 1442 eut signalé que le village était déjà vide de ses habitants et que l’église n’en était plus desservie.
Beaucoup de rouffachois se souviennent, avec un brin de nostalgie pour certains, des Kilwa-Johrmarckt du temps de leur jeunesse qui appelaient dans la ville, pour quelques jours, à l’occasion de la fête patronale du 15 août, une importante partie de la population, celle de la ville mais aussi celle des villages alentour.
Cette importante manifestation était la dernière survivante des quatre grands marchés-foires de Rouffach qui accueillaient autrefois une foule de marchands, saltimbanques, musiciens, acheteurs et curieux, venus des quatre coins du pays : le 14 février, le marché de la Saint Valentin, celui du 7 mai, fête de l’Invention de la Croix, celui du 15 août, fête de l’Assomption de la Vierge Marie et le 8 septembre fête de la Nativité de Marie.
Depuis le début de notre ère jusqu'à une époque récente, la cloche a été, en Occident, un instrument privilégié de communication de masse du fait de la portée étendue de sa voix.
Avec l’arrivée des moyens de communication modernes, téléphone, S.M.S. et bippers, nous avons perdu l’habitude de cette fonction essentielle des cloches de nos villes et villages : si les plus anciens se souviennent encore avec une pointe de nostalgie du langage « codé » des sonneries d’autrefois, beaucoup n’entendent dans ces « nuisances » qu’un bruit importun…
Il s'agit d'une vue figurant la place de l'église, avant 1862 / 1863, puisqu'y figure encore un bâtiment qui sera rasé cette année là, à la suite de la vente ou de l'expropriation pour cause d'utilité publique, des six logements qui le constituaient,. L'objectif était d'éliminer tous les obstacles qui pouvaient gêner la restauration de l'église Notre-Dame et de dégager un espace pour l'agrandissement de la place du marché. Cette place avait déjà été débarrassée du cimetière qui l'occupait, de la chapelle-ossuaire Saint Nicolas et de toutes les baraques élevées entre les contreforts autour de l’église, dont les dernières disparurent en 1849. Ce fut là une entreprise qui fit couler beaucoup d’encre par action judiciaire.
Le dernier bâtiment, un immeuble abritant les six logements, visible à gauche de la lithographie, disparaîtra en 1862 / 63: die Fräulein Häuser, les maisons des demoiselles.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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