pour les amateurs de latin médiéval, un intéressant exercice de déchiffrage... (cliquez sur l'image pour l'agrandir)
parchemin A.M.R. GG 14 n° 546 1er mai 1481
Aujourd'hui, tous les vendredis à 15 heures, une courte sonnerie des cloches de Notre-Dame de Rouffach rappelle aux fidèles la Passion du Christ et l’heure de la mort de Jésus sur la croix. Il s'agit d'un usage ancien attesté par plusieurs documents d'archive.
l'Enfer, tympan du portail occidental de l'église abbatiale Sainte Foy de Conques (Aveyron)
La mort est une préoccupation constante de l’homme du Moyen-Âge, confronté aux maladies, aux épidémies, à la famine, aux guerres… Et par-dessus la mort à laquelle le quotidien finit par l’habituer, les questions sur sa vie dans l’au-delà le hantent : les images du jugement dernier, des flammes de l’enfer, de la gueule dévorante du démon, se rappellent à lui dans les sculptures des tympans des églises, les chapiteaux, les fresques, et les sermons menaçants des prêtres en chaire. Après une vie décrite comme une vallée de larmes, sauver son âme est le but ultime: mais le croyant ne peut aspirer au salut, à la paix et au repos éternels que s’il vit selon les règles divines et respecte les préceptes que lui enseigne l'Eglise.
Un clocher vidé de ses cloches depuis la construction de la tour au dix-neuvième siècle: on constate sur la photo ci-dessus l'absence de remplage dans l'une des fenêtres de la tour octogonale qui domine la croisée du transept. C'est par cette ouverture qu'étaient hissées les cloches pour les installer dans leur beffroi. La plus grande, et donc la plus grave de ses cloches, installée en 1488, pesait plus de deux tonnes 1/2!
Arrestation de Crépin et Créspinien (Église Saint-Pantaléon de Troyes)
Le vingt cinq octobre 1708, les Maîtres cordonniers de Rouffach se réunissent au Poêle dit À l'Éléphant auquel leur métier est affilié, pour décider que désormais un office religieux serait célébré chaque année le jour du 25 octobre, en l'honneur des deux Saints, Crépin et Crépinien, leurs saints patrons, ainsi que, le lendemain, une messe à la mémoire des défunts de la profession et pour prier pour le repos de leur âme.
Les cordonniers et bottiers forment un corps de métier important en nombre à Rouffach: en 1752, selon un Etat général des corps de métiers ainsi que des maîtres qui la composent (A.M.R. HH 9) il y a 18 maîtres cordonniers, ce qui laisse supposer 18 échoppes! Rouffach était bien chaussée! Dans les autres métiers liés au cuir, qui font également partie de la tribu À l'Éléphant, on trouve 3 maîtres tanneurs, un maître chamoiseur, 6 maîtres selliers et bourreliers).
tourelle d'accès à la tribune du jubé de l'église Notre-Dame de Rouffach ( avec le banc de communion et un luminaire, disparus...)
Dans une église, le jubé est une tribune formant clôture de pierre ou de bois séparant le chœur liturgique de la nef. Il tient son nom du premier mot de la formule latine jube domine benedicere, daigne Seigneur me bénir, qu'employait le lecteur avant les leçons de Matines.
Le jubé se compose de trois éléments : la tribune (le jubé proprement dit), la clôture (dite « chancel ») et le groupe sculpté de la crucifixion, comme sur les poutres de gloire encore visibles, notamment dans les église de Bretagne, et qui sont les origines des jubés.
De la tribune, on lisait l'Évangile et on prêchait; plus tard, la chaire lui succèdera dans cet dernier emploi.
La clôture a pour fonction d'isoler le chœur (réservé aux clercs et aux seigneurs prééminenciers). Les fidèles ne voient donc pas du tout, ou très peu, le maître-autel, caché par les arches et éventuellement le mur arrière du jubé.
La réforme liturgique, suscitée par le concile de Trente (1545-1563), a contribué à la transformation de l’architecture des églises. En effet, elle a voulu que les fidèles participent plus à la liturgie. Cela a entraîné entre autres modifications la suppression progressive des jubés , celle de la clôture, et dans les constructions neuves, le remplacement des églises à trois nefs par des églises à nef unique plus favorable à la participation liturgique.
Du jubé du XIVème siècle de Rouffach, démoli en 1718, ne subsistent que deux tourelles à l’entrée du chœur. Aucune image ni description précise ne nous sont parvenues à son sujet. A quoi pouvait-il bien ressembler? Seuls les contrats passés avec des artisans maçons pour sa démolition nous permettent de répondre, très partiellement, à cette question.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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