Elsässisches Wallfahrtsbild um 1480
Personne n'ignore, au moins l'espère-t-on, qu'il existait à Rouffach jusqu'à la fin du 18ème siècle, au pied du château d'Isenbourg, un prieuré bénédictin mentionné pour la première fois en 1183, mais probablement plus ancien, qui devint rapidement un lieu de pèlerinage célèbre à travers l’Europe d’alors : il accueillait les épileptiques et leur famille qui venaient prier et implorer la guérison de leur mal devant les reliques de saint Valentin. Au 15ème siècle, on construisit un hôpital spécialisé pour l'accueil et les soins de épileptiques qui aurait même été le premier de ce type. L'hôpital ferma au siècle suivant et le site disparut avec la Révolution française. Il n'en reste aujourd'hui que le souvenir : une rue, la rue du Prieuré, un grand vitrail représentant saint Valentin dans l'absidiole du transept sud de l’église paroissiale et, dans la même absidiole, un buste-reliquaire en bois doré du 18ème siècle, représentant saint Valentin, provenant de l'ancien prieuré. Sans oublier une grande toile en attente de restauration, Saint Valentin et l'épileptique, provenant elle aussi du même prieuré.
Buste reliquaire de saint Valentin, évêque et martyr, église Notre-Dame de Rouffach
Au moment de la fondation du pèlerinage, les moines avaient obtenu de l’évêque de Strasbourg l’autorisation de recueillir des aumônes, soit sur place à la chapelle, soir au cours de tournées de quêtes dans le diocèse. Des moines quêteurs parcouraient ainsi les villes et villages du diocèse de Strasbourg et progressivement étendirent leur tournée aux diocèses de Bâle et même celui de Constance. Ces expéditions procuraient au prieuré les ressources nécessaires et faisaient connaître au loin les miracles et les guérisons d’épileptiques.
La notoriété du pèlerinage était telle que l'empereur Frédéric III avec son fils Maximilien et plusieurs princes électeurs, avait lui-même fait un pèlerinage à Rouffach pour vénérer Saint-Valentin. L'empereur Maximilien lui-même, le 18 mars 1507, prit sous sa protection spéciale le monastère et l'hôpital de Rouffach et se rendit lui-même en pèlerinage avec sa cour en 1511.
Le lecteur trouvera ci-dessous un article du Dr. Louis Pfleger (1932) sur le sujet des quêteurs de Saint Valentin de Rouffach. L'article est en allemand, j'en propose un traduction en français qui sera suivie du texte original en allemand.
En fouillant dans mes classeurs, je suis tombé sur une copie d’une photo ancienne, en noir et blanc, de l'intérieur de l’église Notre-Dame de Rouffach. Je ne me souviens pas de sa provenance et la date de la prise de vue n'y figure pas.
Photo banale à première vue, mais en m’y attardant, il s’est avéré qu’elle n’était pas si banale que cela. La qualité de la reproduction permettant l'agrandissement, j’ai découvert quelques détails qui méritent d’être retenus : observons attentivement...
photo Wikipedia
par Charles Gérard, avocat à ma cour impériale de Colmar1814-1877 et J.Liblin directeur de la Revue d’Alsace
Edition complète d’après le manuscrit de la bibliothèque royale de Stuttgart, avec traduction en regard, notes et éclaircissements à Colmar 1854
L’œuvre des Dominicains de Colmar a été écrite au 13ème siècle. Elle constitue un des monuments importants de l’histoire de l’Allemagne pendant le Moyen-Âge et, sans contredit, le document capital de l’histoire de notre province pendant la période à laquelle elle se réfère (1211-1303).
Nous nous intéresserons surtout à la première partie de l'ouvrage qui, « sous forme d’annales, indique plutôt les événements qu’elle ne les raconte. La chronologie en est souvent défectueuse et les mentions géographiques inexactes ou obscures. Précieuse, au point de vue des faits généraux, elle est particulièrement curieuse de l’abondance ces détails qui intéressent l’histoire des mœurs, par les observations météorologiques, par les renseignements qu’elle nous a conservés sur les familles alsaciennes, sur les querelles et les désordres du régime féodal, sur l’origine des châteaux et de quelques monastères… et sur les longues guerres qui ont eu l’Alsace pour théâtre. » (dans l'introduction de l'édition Charles Gérard de 1854)
Une grande avancée dans les travaux de Notre-Dame de Rouffach: le démontage des échafaudages et la révélation de la voûte du chœur restaurée...
Intérieur de l'église de Rouffach Lithographie Engelmann (1828 ?)
Septembre 1664 ... le curé de Notre-Dame, Johann Jacob WINTZ [1], se plaint auprès du Magistrat de la Ville que les habitants de la cité fréquentent peu les offices religieux et les « Predigt » Cette « Predigt » précède généralement d’une heure « das Amt », la grand-messe. On serait tenté de traduire Predigt par sermon ou homélie,il s’agit plutôt d’une heure d’instruction religieuse, de catéchisme… par un Prediger, un prédicateur, qui n’est pas nécessairement le Pfarrherr qui, lui, officiera pour la messe, das Amt, qui comportera une homélie, un sermon, également proclamé en chaire. Et il demande au Magistrat de mettre fin à cette situation, au plus vite.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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