Ce traité publié par deux dominicains, Heinrich KRAMER (Henri Institoris) , dominicain de Sélestat et Jacob SPRENGER, prieur du couvent de dominicains de Cologne, est une véritable œuvre de propagande de l’Inquisition et fut le point de départ de la chasse aux sorcières : édité en petit format afin que les juges puissent le consulter aisément lors des procès, l'ouvrage eut un succès considérable et fit l'objet de 34 d'éditions latines depuis sa parution à Strasbourg en 1486 ou 1487 jusqu'en 1669.
Réunion de sorcières, préparant dans un pot qu'elles déverseront dans une vigne ou un verger,
une "intempérie" destinée à détruire les récoltes...
Margretha BECKHIN est la veuve de Peter ZIMMERMANN de Soultzmatt, lui-même exécuté quelques années auparavant par le feu. Elle a été arrêtée et emprisonnée le 25 juin 1624.
Francisco de Goya: Le sabbat des sorcières
musée du Prado
L’organisation de la justice dans le bailliage de Rouffach, en 1624...
Même si l’évêque de Strasbourg est toujours le plaignant dans tous les procès, les tribunaux qui siègent pour les affaires criminelles, et donc la sorcellerie, sont des tribunaux séculiers (ce serait un anachronisme grave de parler de laïcité pour cette période: toute la société et ses institutions sont chrétiennes et catholiques, le religieux et le civil s’interpénètrent en permanence et souvent même se confondent).
Les sorciers et sorcières de Rouffach, de Soultzmatt, d’Orschwihr ou d’Eguisheim ont été jugés par des bourgeois de leur ville ou de leur village, siégeant comme jurés, et par des juges issus d’une institution à la tête de laquelle se trouve, certes, l’évêque de Strasbourg, mais non en tant que chef religieux et spirituel, mais en tant que prince temporel, seigneur de l’Obermundat, comme les Ribeaupierre, les Habsbourg, les Furstemberger, dans leurs seigneuries…
Dans l'esprit du public, la sorcellerie est toujours une histoire de femmes: on oublie que, parmi les condamnés à une mort atroce sur les bûchers, après des souffrances horribles sous la torture et dans les prisons, il y a eu aussi des enfants et des hommes...
L'article que nous proposons au lecteur est le récit de ce qui est arrivé à Geörg SCHLEGEL, bourgeois de Rouffach, un gros paysan peut-être un peu trop riche et sans doute jalousé, pas très malin et plutôt naïf. D'un naturel colérique, il sait être violent et brutal, autant avec les animaux qu’avec les hommes, ii a connu quelques aventures avec l'argent, les filles, et a peut-être eu le tort d'épouser une fille un peu légère, mère d'un bâtard et décriée comme sorcière... La première partie est la transcription des aveux de Geörg SCHLEGEL, en vingt items, à la suite de ses deux interrogatoires, le premier sans l'usage de la Question, güetlich, le second après être passé entre les mains du bourreau de la ville, Maître Melchior GINTHER peinlich.
un Soïmàga, à l'alsacienne
Les réunions hebdomadaires du Magistrat ont habituellement lieu le mardi, sauf si le mardi est un jour férié. Mais le Magistrat peut également se retrouver pour des sessions exceptionnelles. En cas d'urgence, un bourgeois de la ville peut même demander la convocation du magistrat pour une session extraordinaire pour traiter une affaire d'honneur par exemple: il s'estime touché dans son honneur et sa réputation par des injures, des calomnies,... et il veut que l'affaire soit réglée au plus vite, sans attendre la session ordinaire du mardi. Il peut ainsi "acheter" une réunion exceptionnelle, qui jugera de sa seule affaire: rappelons que le Magistrat est compétent en matière de police et de justice civile et qu'il peut rendre un jugement.
La lecture des compte-rendu de ces sessions réserve souvent des surprises comme dans le document qui suit...
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
© 2024 Obermundat