Le document n'est pas daté, il figure dans un registre dont les documents sont classés par ordre chronologique : le document qui le suit est daté de 1593 et on peut raisonnablement penser que A FF 11/33 date d’avant cette date.
Le document ne cite pas le nom de l'accusée. Les seuls noms cités sont Margreth MÜNTZENBERGERIN, sa „Gespielin… auch eine Zauberin“, sa comparse, elle aussi sorcière, Beat MEYER, propriétaire à l’époque des faits du “…hoff Muethersheim » et qui avait été son patron et également Meister Hans SCHLEDENMEYER, qui aurait dû être victime des maléfices de l’accusée. Il aurait dû devenir aveugle, mais qui ne l’a pas été, puisqu’au moment des faits, alors qu’il chevauchait entre Thann et la forêt de Pulversheim, il chantait des cantiques, ce qui le protégeait de tout maléfice !
Nous avons failli oublier ROTMENNLEIN, (littéralement le petit homme rouge) l’esprit mauvais, le „fiancé“ satanique de l'accusée.
Ce document est très incomplet: il se réfère à un autre texte, qui n'a malheureusement pas été conservé, qui lui, énumère les différents items des aveux prononcés par une femme accusée de sorcellerie devant l'assemblée des Sibner à l'issue de son interrogatoire. Notre document ne recopie que les items 4, 6, 11, 12, 13 et 14.
Ursula SCHMIDin infanticide et sorcière
Ursula est l'épouse de Hans HÄBERLIN d' Ober Sultz (plus loin elle sera appelée die Heberle et die Heberlerin et la sœur de Michell HILLWECKH, bourgeois de Sultz. L'affaire débute lorsque la petite bonne de la maison découvre sur un tas de fagots de sarments de vignes le cadavre d'un nouveau né, enveloppé dans un drap de lin noir. Très rapidement le bruit court en ville que c'est Ursula, la maîtresse de maison qui aurait tenté de cacher l'enfant dont aurait accouché en secret une servante welche qui avait été à son service neuf mois auparavant: a-t-elle accouché à terme d'un enfant viable, s'agissait-il d'un enfant mort-né, d'un avortement, d'un infanticide, tous ces bruits alimentent la rumeur, une rumeur qui conduira Ursula au bûcher. La mère de l'enfant a quitté la ville, à aucun moment de "l'inquisition" qui a suivi les enquêteurs n'ont cherché à retrouver sa trace pour pourvoir l'interroger...
Les différentes pièces de ce volumineux dossier feront l'objet d'un développement détaillé dans un article ultérieur.
On ne saurait, semble-t-il, concevoir de fête médiévale sans sorcières, tant l'imagination populaire associe sorcellerie et Moyen-Âge. Mais on est parfois amené à s'interroger sur les spectacles qui nous sont présentés. Ainsi celui vanté par un annonce passée dans le supplément Loisirs du journal L'Alsace, en date du 12 juin 2009. Voici comme était présentée une fête médiévale dans une charmante petite bourgade viticole du proche Bas-Rhin:
... la fête[...] souhaite mettre l'accent sur le caractère d'authenticité de la manifestation. Un marché médiéval est lui aussi voulu au plus près de ce qu'on pouvait trouver au Moyen-Âge. Des animations, le bourreau et ses sorcières, des saynètes sur le thème de la torture, des guerriers en armes, entre autres, égaieront la journée...
Il n'est pas dit si les organisateurs avaient prévu un atelier torture, pour occuper les enfants, et rendre encore plus attractive cette sortie familiale...
La torture ne peut être ludique, le martyre de centaines de femmes, d'hommes et d'enfants ne peut distraire et encore moins égayer. Si des faits tragiques de notre histoire doivent être représentés en spectacle, ce ne peut être que dans le but d'instruire et de mettre en garde contre l'obscurantisme et la barbarie... pas pour passer un moment récréatif en famille.
Ce traité publié par deux dominicains, Heinrich KRAMER (Henri Institoris) , dominicain de Sélestat et Jacob SPRENGER, prieur du couvent de dominicains de Cologne, est une véritable œuvre de propagande de l’Inquisition et fut le point de départ de la chasse aux sorcières : édité en petit format afin que les juges puissent le consulter aisément lors des procès, l'ouvrage eut un succès considérable et fit l'objet de 34 d'éditions latines depuis sa parution à Strasbourg en 1486 ou 1487 jusqu'en 1669.
Réunion de sorcières, préparant dans un pot qu'elles déverseront dans une vigne ou un verger,
une "intempérie" destinée à détruire les récoltes...
Margretha BECKHIN est la veuve de Peter ZIMMERMANN de Soultzmatt, lui-même exécuté quelques années auparavant par le feu. Elle a été arrêtée et emprisonnée le 25 juin 1624.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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