En 1612, l’évêque Léopold a engagé des travaux au château d’Isenbourg… ensuite il a résidé « de façon assez continue » à Rouffach de 1623 à 1625. [1]
Les lecteurs d’Obermundat ont bien en tête cette vue du Rouffach du XVIe siècle de Sébastian Münster qui nous présente une imposante forteresse qui domine et protège la cité. Le jeune archiduc d’Autriche qui venait d’accéder à l’épiscopat depuis quelques années voulait faire d’Isenbourg une demeure plus confortable, un pied à terre où il pourrait séjourner en attendant de pouvoir reprendre un jour ses quartiers à Strasbourg qui, avec sa cathédrale, restait aux mains des luthériens.
Nous consacrerons plusieurs articles à ce personnage peu ordinaire dans lesquels nous présenterons plusieurs profils de Léopold qui seront assez différents de l’image que l’on se fait d’un évêque de nos jours, peut-être conforme au portrait ci-dessus.
Exécution de Robert Tresilian 1388 (image Wikipedia)
Habituellement, lorsqu’il est question du bourreau dans les documents d’archives c’est en tant qu’exécuteur d’une décision de justice. Dans l’affaire qui nous intéresse dans le présent article, Johann Melchior Günther, désigné tantôt comme exerçant la profession de Wasenmeister, tantôt celle de Scharpfrichter, comparait à la barre d’un tribunal criminel qui l’accuse d’avoir enlevé Anna Maria Ansel. Tout commence par ce qui pourrait passer pour une belle histoire d’amour : deux amoureux, lui veuf, la cinquantaine, elle célibataire, 25 ans. Il a même rencontré le curé pour qu’il bénisse leur union ! Mais la famille de l’élue ne l’entend pas de cette oreille et le fait poursuivre pour rapt...
1625 3 G / 5b folio 59 verso:
Les dépenses à l'occasion d'un procès criminel sont toujours scrupuleusement notées par les greffiers et les archives conservent nombre de "Zettels", de notes, celles par exemple délivrées par les aubergistes pour les frais de bouche des juges, l'avoine de leur chevaux ou celles de l'exécuteur des hautes œuvres pour son salaire et celui de ses assistants... Rien n'est omis, les dépenses pour les chandelles des geôliers, leurs repas, pour les cordes, les chaînes, la paille, le bois du bûcher... tout cela sera déduit des biens du supplicié ou de ses héritiers.
L'article qui suit présente un récapitulatif des dépenses occasionnées lors du procès et de l'exécution de deux malfaiteurs, dont nous ignorons les méfaits et qui sont juste nommés par "der schwartzen Schneider und (der) freÿburger Beckh...". Schneider et Beck sont-ils leur patronyme ou leur profession, tailleur et boulanger ? Nous n'en saurons pas plus ...
Le sabbat des sorcières... Hans Baldung Grien
Dans un premier article, intitulé Jacques Strölin der landtstreiffenten Zauberer von Süttigen, un maître sorcier S.D.F.!, nous avons proposé le texte original d'une traduction en français de la sentence d'un procès criminel qui s'était tenu le 7 septembre 1630. À ce procès comparaissaient Jacques Ströhlin, Christina Siger et Christina Eckart, tous trois accusés du crime de sorcellerie.
Jacob STRÖLIN, le sorcier vagabond, natif de Sittingen, également surnommé Grossnass (grand nez) a été arrêté et emprisonné le 24 juin de cette année 1630. Il a fut soumis à une premier interrogatoire puis à un second, après que le bourreau lui eut préalablement infligé la Question. A l'issue de ce second interrogatoire du 9 août 1630, il a avoué ce qui suit:
Page de titre de la „Constitutio Criminalis Carolina“ (1532) ou „Peinliche Halsgerichtsordnung Kaiser Karls V.“
Jacob Strolin est un personnage haut en couleurs, bien connu de nos lecteurs. Deux articles lui ont été consacrés sur obermundat.org. Le premier intitulé: Récit rocambolesque d’un aventurier ou délires d’un mythomane? le procès du "sorcier" Jacques Strölin et le second: Procès criminel de Jacques Stroelin, Christina Siegerin et Christina Eckartin, brûlés vifs pour crime de sorcellerie en 1631.
Dans le présent article je vous propose le texte original, avec l'orthographe originale, parfois même très originale, d'une traduction en français de la sentence d'un procès qui s'est tenu à Rouffach le 7 septembre 1630, celui de Jacques Ströhlin, Christina Siger et Christina Eckart. Cette copie, conservée aux archives municipales de Rouffach, est datée du 17 janvier 1698. Pour quelles raisons s'intéressait-on encore à ces trois malheureux, 68 ans (et même encore encore 80 ans en 1710) après leur procès et leur exécution ? Le lecteur se souvient sans doute que ces procédures ne se terminaient pas avec l'exécution: le dernier acte en était toujours l'inventaire des biens sur lesquels le Fiscus prélevait une large part. Les biens laissés par Jacques Ströhlin ne devaient pas représenter grand chose, mais il n'en était pas de même pour la succession des deux autres condamnées, et il est possible que cette succession ait fait l'objet de procédures interminables entre les héritiers potentiels et l'administration de la régence épiscopale...
Le lecteur notera que le procès de Ströhlin s'est déroulé le 7 septembre 1630, et non en 1584 comme écrit dans un article paru sur un autre site consacré à l'histoire de Rouffach... et que ces documents sont conservés aux Archives municipales de Rouffach sous la cote A.M.R. FF 11 / 76 et 77
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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