Un plan de Rouffach de la Cosmographie Universelle de Sébastian Münster en français ?
Nous avons maintes fois dans ces pages évoqué l’œuvre de Sebastian Münster une œuvre magistrale publiée à Bâle à partir de 1544 qui connut un grand succès, elle fut l'un des ouvrages les plus lus au XVIème siècle, et fit l’objet de multiples rééditions. Les rouffachois connaissent bien le « plan » de 1548 que nous avons souvent utilisé pour tenter de reconstituer la topographie de la ville de Rouffach dans la première moitié du 16ème siècle. Mais l'image présentée en tête de l'article porte un titre et des notes, en français!
Elle est extraite d'une Cosmographie Universelle, parue à Paris en 1575, dont l’objectif était de réimprimer la Cosmographie de Münster, mais en français : le texte est dû à François de Belleforest (1530- 1583) et 49 planches (dont celle représentant Rouffach) sont tirées de l’œuvre de Sebastian Munster.
Le texte de Belleforest n’est pas une simple traduction de celui de la Cosmographie de Münster : le lecteur pourra s’en rendre compte aisément en comparant le texte allemand avec le texte français. Le traducteur ajoute sa propre interprétation et ses commentaires : pour ce qui est des pages concernant Rouffach, la « traduction » de Belleforest est même plus précise, plus riche, que le texte original allemand de Conrad Pellican et de son neveu Conrad Wolfhard.
Nous vous proposons ci-après quelques passages des pages sur Rouffach de la Cosmographie de Belleforest et à la suite, l’intégralité du texte allemand, toujours sur Rouffach, de la Cosmographie de Münster .
Illustration : Simulation de la position de la Comète de Halley le 2 octobre 1607 (ou 22 septembre du calendrier julien), © logiciel Stellarium 0.20.1.
La « Gründliche Beschreibung des Montrosischen Sternes… » (description précise de l’étoile monstrueuse…) est le premier écrit connu de Remus Quietanus. Il date de 1607, bien avant que l’auteur ne vienne s’établir à Rouffach [1]. C’est le seul écrit qu’il signe de son nom de naissance, Rudrauf. En 1607, Johann vit en Thuringe, un pays protestant. Le fils du pasteur Rudravius a évidemment bénéficié d’une éducation luthérienne, aussi ne faudra-t-il pas s’étonner si dans son premier traité, l’Église catholique et le Pape seront vilipendés. Johann est âgé de 19 ans quand cette comète apparaît dans le ciel de l’été. Il rédige ses observations et leur interprétation astrologique sur un ton péremptoire, voire sentencieux, fortement influencé par les écrits de Paracelse qu’il a dû étudier.
Illustration : Jeremiah Horrocks observant le transit de Vénus de décembre 1639, Eyre Crowe 1891.
Dans un article récent [1], nous mettions le doigt sur un point de désaccord entre l’astronome Johannes Kepler, acteur majeur de la révolution copernicienne et notre astronome rouffachois Johannes Remus Quietanus. Il s’agit de l’évaluation de la distance de la Terre au Soleil et partant, de la dimension du système solaire tout entier que Quietanus imaginait quatre fois plus grand que son ami Kepler. En effet Kepler estimait la distance de la Terre au Soleil à 3400 fois le rayon de la Terre, alors que selon Quietanus, cette distance était de 14 000 rayons environ.
On peut se demander sur quels fondements l’un et l’autre s’appuyaient pour proposer ces valeurs, c’est ce que nous exposerons dans la suite, mais nous remarquerons d’abord que Quietanus n’était pas le seul à proposer ses 14000 RT, puisqu’en 1639 l’anglais Jeremiah Horrocks donnait cette même valeur sans rien connaître, apparemment, de l’opinion de Quietanus sur ce sujet.
En février 1629, l’astronome Johannes Kepler écrit à son nouveau protecteur, le Chevalier Albrecht von Wallenstein, duc de Friedland et de Sagan. Cette lettre retient notre attention parce que Kepler lui parle de Johannes Remus Quietanus, médecin à Rouffach et il évoque une question qui les oppose : Kepler pense que la distance de la Terre au Soleil vaut 3400 fois le rayon de la Terre, tandis que Quietanus l’estime à plus de 14 000 rayons terrestres. Et, dit Kepler « Je dois tolérer cela et laisser à nos descendants le soin de juger qui a fait le mieux… » (Das muß Ich nu leiden, und den Nachkommen das Urtheil überlassen, wölcher es besser gemacht…)
Nous consacrerons deux articles à cette lettre : le premier est un commentaire de texte, le deuxième, plus scientifique, reviendra sur cette question cruciale de la distance de la Terre au Soleil.
Morillon: Journal de voyage de Genève à Paris (1791)
avec un itinéraire descriptif de Paris à Basle et les vues d'Altkirch et de Belfort / dessinées par l'auteur LDLSDL'HP (Lazare de la Salle de l'Hermine, Parisien), publié pour la première fois d'après le manuscrit original par LBJCM (le bibliothécaire Joseph Coudre, Mulhousien) 1886
L'auteur, un jeune aristocrate parisien, a effectué deux voyages en "Allemagne" (c'est ainsi qu'il désigne l'Alsace), à cinq ans d'intervalle: le premier, à la fin de ses études, le second pour y régler un affaire d'héritage: la famille l'avait délégué pour légaliser à Breisach un certificat de décès d'un lointain cousin germain décédé 14 ans auparavant alors qu'il se trouvait en garnison dans cette ville.
Le récit du trajet et du séjour est émaillé d'anecdotes racontées avec beaucoup d'humour. Le lecteur y découvre l'Alsace et les alsaciens, au travers du regard que leur porte un "français de l'intérieur" , un regard souvent amusé, moqueur, parfois étonné, mais toujours très juste...
L'ouvrage est disponible dans une réédition récente disponible en librairie et est également disponible, dans son intégralité sur B.N.F. Gallica (cliquez sur ce mot pour découvrir le texte).
Nous proposons dans cet article quelques courts extraits de l'ouvrage, qui, nous le souhaitons, donneront au lecteur l'envie de s'y plonger...
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
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