Illustration : Jeremiah Horrocks observant le transit de Vénus de décembre 1639, Eyre Crowe 1891.
Dans un article récent [1], nous mettions le doigt sur un point de désaccord entre l’astronome Johannes Kepler, acteur majeur de la révolution copernicienne et notre astronome rouffachois Johannes Remus Quietanus. Il s’agit de l’évaluation de la distance de la Terre au Soleil et partant, de la dimension du système solaire tout entier que Quietanus imaginait quatre fois plus grand que son ami Kepler. En effet Kepler estimait la distance de la Terre au Soleil à 3400 fois le rayon de la Terre, alors que selon Quietanus, cette distance était de 14 000 rayons environ.
On peut se demander sur quels fondements l’un et l’autre s’appuyaient pour proposer ces valeurs, c’est ce que nous exposerons dans la suite, mais nous remarquerons d’abord que Quietanus n’était pas le seul à proposer ses 14000 RT, puisqu’en 1639 l’anglais Jeremiah Horrocks donnait cette même valeur sans rien connaître, apparemment, de l’opinion de Quietanus sur ce sujet.
En février 1629, l’astronome Johannes Kepler écrit à son nouveau protecteur, le Chevalier Albrecht von Wallenstein, duc de Friedland et de Sagan. Cette lettre retient notre attention parce que Kepler lui parle de Johannes Remus Quietanus, médecin à Rouffach et il évoque une question qui les oppose : Kepler pense que la distance de la Terre au Soleil vaut 3400 fois le rayon de la Terre, tandis que Quietanus l’estime à plus de 14 000 rayons terrestres. Et, dit Kepler « Je dois tolérer cela et laisser à nos descendants le soin de juger qui a fait le mieux… » (Das muß Ich nu leiden, und den Nachkommen das Urtheil überlassen, wölcher es besser gemacht…)
Nous consacrerons deux articles à cette lettre : le premier est un commentaire de texte, le deuxième, plus scientifique, reviendra sur cette question cruciale de la distance de la Terre au Soleil.
Morillon: Journal de voyage de Genève à Paris (1791)
avec un itinéraire descriptif de Paris à Basle et les vues d'Altkirch et de Belfort / dessinées par l'auteur LDLSDL'HP (Lazare de la Salle de l'Hermine, Parisien), publié pour la première fois d'après le manuscrit original par LBJCM (le bibliothécaire Joseph Coudre, Mulhousien) 1886
L'auteur, un jeune aristocrate parisien, a effectué deux voyages en "Allemagne" (c'est ainsi qu'il désigne l'Alsace), à cinq ans d'intervalle: le premier, à la fin de ses études, le second pour y régler un affaire d'héritage: la famille l'avait délégué pour légaliser à Breisach un certificat de décès d'un lointain cousin germain décédé 14 ans auparavant alors qu'il se trouvait en garnison dans cette ville.
Le récit du trajet et du séjour est émaillé d'anecdotes racontées avec beaucoup d'humour. Le lecteur y découvre l'Alsace et les alsaciens, au travers du regard que leur porte un "français de l'intérieur" , un regard souvent amusé, moqueur, parfois étonné, mais toujours très juste...
L'ouvrage est disponible dans une réédition récente disponible en librairie et est également disponible, dans son intégralité sur B.N.F. Gallica (cliquez sur ce mot pour découvrir le texte).
Nous proposons dans cet article quelques courts extraits de l'ouvrage, qui, nous le souhaitons, donneront au lecteur l'envie de s'y plonger...
Rembrant Les mendiants 1648
Les archives municipales de Rouffach conservent dans leur fonds ancien les protocoles des audiences du Magistrat depuis la toute fin du XVème siècle jusqu'à la Révolution, avec une interruption de 1631 à 1642 due aux troubles de la Guerre de Trente Ans.
Ces protocoles sont une source inépuisable de renseignements pour le chercheur: Tout au long des pages, le lecteur y découvre les événements, même les plus secrets, de la vie quotidienne des hommes et des femmes du Rouffach ancien.
Je vous propose dans cet article trois extraits de protocoles d'audiences de l'année 1617 qui illustrent bien la diversité des questions sur lesquelles les Conseillers du Magistrat étaient appelés à se prononcer lors de leurs assemblées hebdomadaires.
Discours astronomique et astrologique des Grandes conjonctions de 1643 et 2020.
Les lève-tôt l’auront remarqué : Jupiter et Saturne occupent en ce mois de mars des positions voisines sur la voûte céleste. Bien visibles avant le lever du Soleil, elles sont installées entre le Sagittaire et le Capricorne, et Mars, la Planète Rouge, se rapproche d’elles pour venir s’intercaler en dernière semaine. Le passage à l’heure d’été nous obligeant à nous lever plus tôt à la fin du mois, le spectacle matinal de leur proximité pourra nous consoler de cette heure perdue.
En avril, Mars s’éloignera, c’est presqu’une évidence ! Jupiter et Saturne se lèveront de plus en plus tôt, tout en cheminant de conserve dans le ciel de l’été. À l’automne, nous les retrouverons astres du soir, et là, de soir en soir, elles se rapprocheront davantage jusqu’au 21 décembre : leur distance ne sera plus alors que de 6 minutes d’angle, soit moins que ¼ du diamètre de la Lune.
Ces rapprochements virtuels des deux planètes supérieures se produisent régulièrement, à peu près tous les 20 ans. On les appelle Grandes conjonctions, les astronomes s’y intéressent depuis la nuit des temps. En 1642, le rouffachois Johannes Remus Quietanus a écrit un opuscule d’une trentaine de pages sur la Grande conjonction qui devait se produire le 26 février de l’année suivante : son Discours astronomique et astrologique de la grande rencontre des deux planètes supérieures Jupiter et Saturne a été, selon ses dires, élaboré avec soin d’après les Fondements (scientifiques et bibliques). Le document original est accessible en ligne sur Numistral, la bibliothèque numérique patrimoniale de l’Université de Strasbourg. Nous nous livrerons dans cet article à une analyse succincte de ce discours qui n’est pas facile à lire, mais souvent instructif et parfois amusant par la grandiloquence de son auteur.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
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