Un plan de Rouffach de la Cosmographie Universelle de Sébastian Münster en français ?
Nous avons maintes fois dans ces pages évoqué l’œuvre de Sebastian Münster une œuvre magistrale publiée à Bâle à partir de 1544 qui connut un grand succès, elle fut l'un des ouvrages les plus lus au XVIème siècle, et fit l’objet de multiples rééditions. Les rouffachois connaissent bien le « plan » de 1548 que nous avons souvent utilisé pour tenter de reconstituer la topographie de la ville de Rouffach dans la première moitié du 16ème siècle. Mais l'image présentée en tête de l'article porte un titre et des notes, en français!
Elle est extraite d'une Cosmographie Universelle, parue à Paris en 1575, dont l’objectif était de réimprimer la Cosmographie de Münster, mais en français : le texte est dû à François de Belleforest (1530- 1583) et 49 planches (dont celle représentant Rouffach) sont tirées de l’œuvre de Sebastian Munster.
Le texte de Belleforest n’est pas une simple traduction de celui de la Cosmographie de Münster : le lecteur pourra s’en rendre compte aisément en comparant le texte allemand avec le texte français. Le traducteur ajoute sa propre interprétation et ses commentaires : pour ce qui est des pages concernant Rouffach, la « traduction » de Belleforest est même plus précise, plus riche, que le texte original allemand de Conrad Pellican et de son neveu Conrad Wolfhard.
Nous vous proposons ci-après quelques passages des pages sur Rouffach de la Cosmographie de Belleforest et à la suite, l’intégralité du texte allemand, toujours sur Rouffach, de la Cosmographie de Münster .
Liens utiles:
Le lecteur trouvera la cosmographie de Sébastien Münster ( indexée, qui permet très rapidement de trouver par ex. les pages Rouffach) en cliquant ici
et la Cosmographie de Belleforest ( pas indexée cette fois, vous trouverez Rouffach à la page 1150) en cliquant ici
La fondation de la ville de Rouffach...
page 1146
La description de Rufach, ville du Haut Pays d’Alsace, par Conrad Pellican et Conrad Vuolfhard, nepueu d’iceluy, natif dudict lieu de Rufach et très savants personnages.
Rufach, très ancienne ville d’Alsace, fut bastie par les Romains, l’année seconde de la 235. Olympiade, l’an 914 depuis la fondation de Rome, au temps que Junius Rusticus et Aquilenus estoient Consuls, soubz l’Empire de M. Antoine et Luc, son frère, l’an de la nativité de nostre Seigneur 164. On dit, que le nom a esté imposé à cette ville d’un petit fleuve, qui sourd en la vallée sainct George auprès du bourg nommé Sultzmatt et coulant par un conduict rouge au travers de champs et des vignes, il entre dedans la ville, à laquelle il apporte beaucoup de commoditez. Les habitants l’appellent aujourd’huy Ombach, lequel a esté appelé autresfois Rotbach (comme il appere par les anciennes annales) à cause de l’eau qui sembloit estre rouge de la lueur du conduit, et a baillé aussi ce mesme nom à la ville, qui se peut encore aujourd’hui assez commodément exprimer en latin. Car Rubeaquum signifie comme ville d’eau rouge. Ceste ville fut premièrement bastie magnifiquement avec double fauxbourg et a esté longtemps la retraite de la noblesse romaine qui y a habité près de 500 ans à cause de la fertilité et de l’abondance de toutes choses qui sont nécessaires à la vie humaine.
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Le bon roi Dagobert... les origines de l'Obermundat...
Dagobert, Roy de France, tres puissant, tenant Ruffach, édifia un château dedans la ville mesme en un lieu bien muni de nature, l’an de nostre rédemption 613, lequel il feit appeler Isembourg, c’est-à-dire, bourg de fer, à cause de la grande masse de pierre qui y est, que c’est une forteresse bien seure contre les ennemys : combien les autres disent, qu’à cause de la déesse Isis, qui trouvé les bleds, pour ce qu’ils estiment qu’elle ayt testé autrefois adorée en ce costau pour la fertilité d’iceluy, le dict chasteau ayt esté appelé Isisbourg. Après donc que Dagobert eut dressé son siège royal en ce lieu, il feit venir Amand Evesqye de l’Eglise d’Utrecht, qui estoit en ce temps-là excellent en doctrine et saincteté, pour retirer et évoquer le peuple de la superstition des payens au vrai service de Dieu. Auquel il bailla environ l’an 638 son fils Sigisbert, qu’il avoit eu de Mechtilde, duchesse de Saxe, pour l’enseigner en la vraye foy de nostre Seigneur Jesus Christ : et voulut aussi, qu’après la confession de la foy par luy faicte, il fut baptisé au chasteau d’Isenbourg par le dict Evêque en la présence de plusieurs, au nom de la saincte et individue Trinité. Ce faict Amand fut constitué le premier pasteur de ceux de Strasbourg pour annoncer l’Evangile à tout le pays d’Alsace et tira le peuple hors d’erreur au service de Jesus Christ
Depuis le noble jouvenceau Sigisbert, allant à la chasse, prez d’Eberschemunster, environ l’an de salut 646, fut jetté bas de dessus son cheval furieux et blessé par un sanglier écumant, en sorte qu’il fut trouvé demi mort. Dagobert donc envoya messagers à l’Arbogast d’Aquitaine, qu’il avait mis en l’Evesché de Strasbourg au lieu du dict Amand, à fin qu’il vint à Sigisbert qui s’en allait mourir. L’evesque vint incontinent et cependant qu’il prioit Dieu pour Sigisbert, le jeune enfant receut entière guérison. Pour cet office de piété, le Roy Dagobert donna à l’Eglise d’Argentine la ville de Ruffach et tout le territoire qu’on appelle encore aujourdhuy Munus datum : mais les habitants par un mot corrompu nomment Mundet…
Les bourgeois de la ville s'emparent des insignes de l'empereur Henri 4...
… Car premièrement l’Empereur Henry 4 de ce nom, estant venu environ l’an 1068 en Alsace et honorablement receu avec ses gens de ceux de Ruffach, troubla merveilleusement cette cité. Car, comme ses satellites ou gens de cour, se portaient orgueilleusement en ladicte cité et faisoient tous leurs efforts pour accomplir leurs méchants désirs, les citoyens sentants qu’on violoit leurs femmes et filles, feirent leurs compleinctes à l’empereur Henry, les accusants de avoir rompu le droict d’hospitalité : mais il ne faisoit pas semblant d’en rien voir et n’en tenant comte. Par quoy les citoyens estants esmeuz tant par l’affection qu’ils avoyent envers leurs gens que pour la vilanie et meschanceté de ces soldats, accoururent d’un costé et d’autre et empoignerent les armes et pour autant la sédition s’esmeut, le menu peuple s’enflamba, les pierres voloyent et la fureur administra les armes. L’empereur, oyant ce tumulte, va sans tarder vers ses gens, non pour défendre l’injure qu’on avait fait aux citoyens, mais pour l’augmenter, non pas pour appaiser la batterie mais pour l’esmouvoir encores plus. A cette cause le menu peuple s’assembla encore d’avantage, la femme avec le mary, le serviteur avec le maître, le fort avec le foible, comme il advient en telles choses, l’injure faicte donne plus grand courage. Or comme la batterie commença, les Impériastes commencèrent à fuir ; car quand il veirent le peuple ainsi furieux se ruer de telle impétuosité, ils se trouvèrent bien pressés et n’eurent autre recours qu’à la fuyte. Les citoyens les poursuyvirent de prez et les battirent si bien qu’ils leur ostèrent les enseignes impériales (à scavoir la couronne, l’estendar avec l’aigle, un autre estendar my-party de rouge et de jaune, la pomme et le sceptre d’or) et au reste emportèrent grand butin. L’empereur s’estant levé par la suyte avec petit nombre de gens à bien grand peine, se complaignoit plus d’avoir perdu ses enseignes que ses gens d’armes et pour autant il mist peine de faire la paix avec ceux de Ruffach…
Les insignes du pouvoir impérial pris par les bourgeois de Rouffach à l'empereur Henri IV
On connait la suite: l’Empereur après avoir récupéré les insignes du pouvoir impérial que les bourgeois naïfs lui avaient rendus, ne tint pas sa promesse et se vengea cruellement de l’affront qu’il avait subi, en mettant la ville à feu et à sang…
Le lecteur appréciera l'étonnante précision des dates, autant dans le texte de Belleforest que dans celui qui suit, de Conrad Pellican et de son neveu Conrad Wolfhard. Aujourd'hui, on est devenu bien plus modeste! Mais peut-être ces auteurs avaient-ils des sources, perdues depuis ?
Rouffach, dans l'édition 1550 de la Cosmographie universelle de Sébastian Münster:
texte intégral
Cosmographei, oder Beschreibung aller länder, herrschaften, fürnemsten stetten, geschichten, gebreuche, hantierungen, ietz zum dritten mal trefflich sere durch Sebastianum Munsterum gemeret und gebessert… getruckt zu Basel 1550
Beschreibung der Statt Rufach im Obern Elsass gelegen / auff das kürtzest / durch die Wirdigen unnd Hochgelehrten Herren Conradum Pellicanum / und Conradum Wolffhardum seiner Schwester Sohn zu Rufach geborn / in die nachfolgende Form gestellt.
Rufach ist eine alte Statt / gebawen anfengklichen von den Römern / ungefehrlich 164 jar nach der Geburt Christi. Der Namen Rubeaqua: das ist / Rot Wasser / ist ihr zugestanden von einem Wässerlin / das beÿ Sultzmat in S.Gregorien Thal sein Anfang nimt / und laufft in eim Roten Stram durch Aecker unnd Weingärten der Statt zu / wird jetz zur zeit Ombach genennt / so vor zeiten seins Roten scheins halb Rotbach ist genennt worden / wie man des noch etlich urkundt findet.
Der alt galgen zu Rufach
Es ist die Statt zum ersten mit Herlichen Gebewen unnd mit einer Vorstatt auffgericht worden / und ein Herberg gewesen des Römischen Adels / der darinn bey 500 Jaren sein Behausung gehabt / der grosse Fruchtbarkeit halben so darumb in allen Dingen ist / die Menschliche dürfftigkeit zu auffenthaltung des Leibs bedarff. Sie haben gemacht gute Gesatz / dardurch zu erhalten der Wolstand der Statt / unnd sonderlich wider die Dieb sind sie Rauch gefahren / daher auch ein Sprichwort im Teutschlandt erstanden ist / das man noch zu unsern zeiten gemeinlich braucht und spricht: Der alte Galgen zu Rufach hat gut eychen Holtz. Damit man den Dieben getrewt hat / dass sie nicht bald entrinnen würden / wo sie nicht abstünden. Unnd damit meniglich Diebisch Gemüt von seinem fürnemmen abgewendet wurd, hat man den Galgen an ein offentliche Landstraß gesetzt / der vorhin onfern von Gundelsheim an eim umgängen (dans une autre édition: ongengen) Weg stund.
Isenburg das schloss
Als nun die Römer diese Statt etlich hundert jar inngehabt / auß dem Elsass vertrieben worden / und die Gallier am Rheinstram auffrichteten das Königreich Austrasia genannt, / hat Dagobertus der 9. unnd gewaltigst König in Franckreich Ruffach inngehabts / und dahin im Jar Christi 1023 an ein gantz gelegnen Ort auff ein Berglin ein starck Schloß gebawen / unnd das seiner stercke halb Isenburg genannt / wiewol etlich meynen der Name sey ihm geben worden von Iside / die bey den Heyden für ein Göttin gehalten / den Fruchtwachß soll erfunden haben.
Amandus bischoff
Und da nun Dagobertus sein Sitz an diesem Ort hatt zugericht / wolt er das Wolck auch underrichten in Christlichen Glauben unnd im Dienst des wahren Gottes / darumb beschickt er Amandum den Bischoff von Utrecht oder Mastrich / der dazumal gar berümpt was seine Kunst und Gottseligkeiten halb / damit er das Volck auch auff den rechten Weg Gottes brächte. Es befahle auch der König diesem Heyligen Mann seinen Sohn Sigisbertum / daß er ihn unterrichtet / unnd in gegenwertigkeit des Volcks tauffte / wie auch beschahe im jar Christi 638. Nach diesem ward Amandus geordnet zum Bischoff
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Bischoff gen Straßburg / unnd zum treuwen Hirten uber das gantz Elsaß gesetzt Unnd alß hernach im jar Christi 646 Sigisbertus der Jüngling bey Eberßheim Münster auff dem Gejägt dem Gewild nach eylet / warff ihn sein Frewdig Rosß ab / und ward von eim Wilden Schwein schwerlich und biß auff den Todt verwundt. Da schickt König Dagobert eylends zu Bischoff Arbogasten (welcher ein geborner Aquitanier was / unnd den er gen Straßburg nach abgehn Amandi zum Bischoff geordnet hatt) daß er auffs fürderlichst käme zu seinem Sohn / der in Tods nöthen leg. Da kam der Bischoff schnell / thet sein gebett zu Gott / und erwarb daß der Jüngling / der von jederman verschetzt / wider gesund ward. Das erfrewet König Dagobertum also wol / daß er dem Bisthumb zu Straßburg gab sein Statt Ruffach und das gantz Ländlin gerings darumb/ unnd ward auch darnach biß auff den heutigen tag diß Landt / der ubergab halb genennt Mundat.
Sant Veltin zu Rufach
Lang hernach ist die Statt Ruffach den Außländigen bekannt worden der Fährten halb so dahin geschehen zu S. Veltin. Dieser S. Veltin ist umb das jar Christi 270 zu Rom under dem Keyser Claudio sampt den andern frommen Christen umb Christus willen gemartert worden / und sein Gebein bey 741 jar gehalten zu S. Potentiam / darnach aber under dem Bapst Sylvester dem 2. etwas von seim Gebein herauß gebracht gen Ruffach / und umb das jar Christi 1001 ein Bilgerfahrt dahin angefangen. Und sittenmal auff Erden nichts bestendig ist / alle ding auff und ab gehen durch Glück unnd Unglück / ist der Statt Rufach nach ihrer langwierigen Glückseligkeit / die bey 1000 jaren gewert hat / auch viel Unfals zugestanden / dadurch sie zu hoher Armut kommen ist.
Auffrur zu Rufach
Dan Anno Christi 1068 nachdem der Key. Henrich der 4. dieses Namens in das Elsaß kam / und ganz Ehrlich empfangen ward von den Rufachern / ist von seinem Hofvolck ein grosse Unrhu in der Statt erstanden. Dan sie wollten viel mutwillen treiben mit der Burgern Weybern und Töchtern / das volten die Burger nicht leiden / klagten sollichs dem Keyser alß ein unleidlich ding / daß er ihnen darvor wölt seyn. Da aber sollichs nicht geschahe / unnd der Keyser nicht understund die Auffrhur zustillen / sonder legt sich mit den seinen wider die Burger und mehret die Auffrhur / wurden die Burger noch mehr bewegt / lieffen zusammen / Mann und Fraw / Meister unnd Knecht / Schwachs und Starcks / hielten trewlich zusammen / treiben den Keyser und die seinen in die Flucht.
Keyserliche kleinoterEs zwang auch die noht die Keyserischen / daß sie dahinden liessen die Keyserlischen Kleynoter / nemlich die Kron / das Fehnlin mit dem Adler / unnd ein ander Fehnlin mit Roter und Gelber Farb underscheiden / den Apffel und Guldinen Scepter / welche auch die Rufacher zu ihren Handen namen / sampt anderm Raub: da nun der Keyser mit den seinen kümmerlich entrunnen was / kümmert ihn mehr der verlust seiner keyserlichen Zeichen / dann etlicher Diener todt / die ihm erschlagen waren / deshalb mutet er den Rufachern zu / daß sie mit ihm ein Frieden machten. Des waren die Rufacher wol zu frieden / doch daß er ihnen anzeigt durch was mittel er sie zu Gnaden wölt annemmen. Auf das begert der Keyser sie sollten ihm die Keyserliche Zeichen wider geben / und solt damit alles was so sich verlauffen hatt / todt und ab seyn. Alß die Burger des Keysers Gutmütigkeit vernamen / gaben sie ihm widerumm alle Gezierd / so sie in der Auffrhur genommen hatten. Aber Key.
Rufach wirt zum ersten verwüst
Henrich hat bald vergessen seiner Zusagung: dann alßbald ihm seine Keyserliche Zeichen wider zuhanden wurden gestelt / uberzog er ungewarneter sachen die Rufacher/ verderbt die Statt gantz und gar. Es hett diese Statt zwo herrlicher Vorstett gegen Auffgang und Mittag / darin die Golderhandwercker sassen / die wurden gar zerstört / daß man auch jetzund kaum die Zeichen finden mag ihres wesens.
Rufach zum andern verwüst
Als nun diese Statt den grossen erlitten Schaden ein wenig uberkommen hatt / ward sie uber 140 jar wider uberzogen von König Philippen / der ein Sohn was Key.Friederichen des ersten / und zerstört die und andern mer Stett
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darumb das sie ihn nit für den Künig erkennen wollten. Dann es hat der Bapst in in bann gethon / und wolt das die Churfürsten ein andern erwöleten / wie sie auch theten / dann etliche auß inen erwöleten Hertzog Otten von Brunschwic / und die weil disem Otten der Bischoff von Straßburg anhieng / ward Künig Philips wider in bewegt / zog anno Christi 1200 in das Elsaß und schedigt es übel in den flecken die under dem bischof von Straßburg waren. Darnach über 100 jar thet solichs auch grave Adolff von Nassaw Römischer künig / der anno Christi 1192 von etlichen Churfürsten erwölet ward / und darnach als ein onnützer wider entsetzt von herzog Allbrecht von Oestereich an sein stat erwölt / das künig Adolffen nit ein wenig beschmacht / darumb er sich auch understund zu rechen an allen denen die wider in waren. Und die weil der Bischoff von Straßburg im auch zu wider was /fiel er dem bischoff in sein land und schädigt es übel / und sunderlich gewan er Rufach / plündert es undverbrents zu letst. Das geschah anno Christi 1298.
Rufach von den engelender verderbt
Nach disen dreien zerstörungen [1] der statt Rufach / machten die Juden auch aber ein grosse onruw. Dann als sie umb und umb hetten zusammen geschworen / und iren vil irer übelthat halb verbrent worden / haben die Rufacher vil von iren Juden / die ein synagog in der statt hatten / auch ausserhalb der statt verbrent Anno Chrisit 1309 im Jenner / und die andern auß der statt getriben. Darnach über 9 jar, ist ein großer hunger in diese statt kommen, und do mit ir nit vergessen würd / haben die leüt ein gemeine steüwer zu einem hunger tuch [2]/ das man in der fasten in der kirchen auff henckt / gethan / und darin also lassen schreiben: Anno Christi 1347 ist dieser fürhang [3] gemacht worden / und ist im selbigen jar ein trefflich großer hunger und mangel der erdfrüchten gewesen. Weyter ist Rufach zwei mal verwüstet worden von den Engellendern / zum ersten anno Christi 1364 und darnach anno Christi 1374 do ward Rufach gar mercklich geschedigt. Also ist die statt Rufach von den zeiten keyser Henrichen des vierdten här biß zu unseren zeiten manchmal verderbt, verbrent und umbkert worden / daß sie nümmer zu recht hat mögen kommen [4].
Lüzelstein bei Zabern
Es hat wol bischoff Friderich von Blanckenheim grosse schatzung [5] unnd zöll [6] von seinem volck auffgehept [7] / und do mit anno Christi tausent drey hundert und achtzig (1380) die rinckmauer umb Rufach widerumb auffgericht / do durch er sich auch feindselig [8] gegen seinen underthanen / pfaffen unnd leyen gemacht unnd des halben sein bisthumb vertauscht umb des bisthumb Utrecht / aber die statt Rufach was noch nit zu recht bracht. Es wolten auch die von Straßburg den wechsel Bischoffen von Utrecht nit annemen / ob schon der bapst disen tausch het bestetigt [9] / sunder erwölten grave Burckharden von Lützelstein iren thumprobst [10]/ daraus groß zanck [11] und zwyspalt erstund / und do bischoff Burckhard sahe das er sein sach nit mocht behaupten / wich er anno Christi tausent drei hundert vier und neüntzig (1394) / dem wechsel bischoff / und behielt für sich die statt Rufach und das umbligend ländlin. Und do er sich noch besorget gegen seinen widerfächern (widerfechter, widerfächter?) [12] / ließ er es alles faren / land und leüt und das gantz pfaffenwerck [13] / und mit des bapsts dispensation nam er ein haußfraw / und gebar mit ir zwen sün Jacoben und Wilhelmen grave zu Lützelstein / die vertrieb nachmals Pfaltzgrave Friderich auß irer graveschafft und nam er sie yn / wie hie unden weiter gemeldet wirt. On lang här nach anno Christi 1416 und 1426 als die Ungerer in das Elsaß fielen / übersahen [14] sie Rufach auch nit / sie schedigten es nit wenig. Item anno Christi 1439 als die Capitel herren zwen Bischoffenn in zwytracht erwölten / nemlich Conrad den freyherren [15] von Bußnang auß dem Thurgöw / und ein freyherren von Ochsenstein / wolt der herr von Bußnang der besser sein / übergab das bisthumb doch mit solichen fürworten [16] / daß die herren vom Capitel erwöleten zu bischoff / Ruprechten pfaltzgraven bey Rhein und herzogen von Baiern / im aber gebend die statt Rufach sampt dem schloß Isenberg unnd der gantzen Mundat. Dieser fürschlag gefiel dem capitel wol / sie machten pfaltzgrave Ruprechten zu bischoff / und gaben herrn Conradten zu besitzen sein leben lang künig Dagoberts wonung nemlich Rufach und die gantz Mundat. Er hielt sich gar freündlich gegen den Rufachern / das in iederman lieb het.
Delphinisch Krieg
Under im fiel der Delphin anno Christi tausent vier hundert vier und viertzig här auß in das Elsaß mit seinen Armeniecken / schedigt das land gar hertiglich[17] / nam die statt Rufach yn / schetzt[18] die burger umb gros gelt / plündert sie darnach unnd stieß sie mitt feüwer an.
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Do aber herr Conrad von Bußnang sahe / wie die Burger so ein grossen schaden genommen hetten / kam er inen nach allen seinen vermögen zu hilff und ergetzt [19] sie ihres erlitten schadens. Er het auch gelerte männer lieb und fördert sie wo er mocht. Von der selbigen zeit an hat Rufach vil gelerte männer aufferzogen / die doch mer andern stetten und fürsten gedient haben dann irem vatterland. Es ist gemelter herr Conrad von Bußnang gestorben anno Christi 1471 und sein leib gehn Straßburg gefürt und do begraben.
Isenburg wider gebauwen
Und als nachmals bischoff Ruprecht auch gestarb / ward an sein stat anno Christi 1478 erwölt Albrecht pfalzgrave [20] bey Rhein und herzog [21] in Baiern / herttzog Otten sun / der zum Newenmarck sein wonung hat / und der bauwet widerumb das schloß Isenburg / so durch vil und manchfaltige[22] Krieg allenthalben [23] zerbrochen was / und bißhar nit mocht wider auffgericht werden / krieg und zwitracht halb so die thumherren under inen selbs oder mit der statt hetten die zeit gehabt. Es hat auch bischoff Wilhelm grave von Honstein im schloß Isenburg vil fürsten gemach[24] und hübsch wonungen zugericht anno Christi 1536 und ein grossen kosten dar an gelegt.
Notes:
- [1] destruction, dévastation, ruine
- [2] Hungertuch : le voile de la Passion ou Fastentuch, Passionstuch, Palmtuch
- [3] Vorhang : rideau, tenture
- [4] zu Recht kommen : s’en sortir
- [5] taxes, impôts, contribution foncière, rançon
- [6] péages, douane
- [7] collecter, percevoir
- [8] hostile, haineux il s’est attiré l’hostilité de…
- [9] confirmer
- [10] prévôt du chapitre
- [11] querelles, disputes, discordes
- [12] adversaires
- [13] le clergé
- [14] ne pas voir, omettre,négliger
- [15] Freiherr, m. baro, liber baro, mhd. vrîhërre, der würde nach zwischen Edelmann und Graf stehend, meistenteils mit ansehnlichem Landbesitz ausgestattet
- [16] Fürwort : condition, réserve, restriction
- [17] härtiglich : hart, streng, scharf, schwer, vom zürnen, strafen
- [18] rançonner
- [19] vergüten, ersetzen, entschädigen
- [20] comte palatin
- [21] duc
- [22] manchfältig : varié
- [23] partout, en tout lieu
- [24] chambres, salles, appartements
A voir également, dans Obermundat.org: Deux chroniqueurs, Sébastian Münster et Jean Simon Muller racontent la fondation de la ville de Rouffach, en cliquant ici
Gérard Michel