Les archives municipales de Rouffach conservent dans leur fonds ancien un registre d’un intérêt considérable pour qui s’intéresse à l’histoire de la ville : il s’agit du Stadt Buch und Urbarium von Ruffach (A.M.Rouffach cote AA/11). Son rédacteur, Jean Simon MÜLLER (1679-1772) y raconte dans les premières pages l'histoire de la fondation de la ville de Rouffach, largement inspirée de l'histoire rédigée par Sebastian MÜNSTER (1488-1552) dans sa Cosmographie Universelle de 1544.
L'image ci-dessus représente un détail du retable du maître-autel de l'église Notre-Dame de Rouffach: on y voit le roi Dagobert remettant à saint Arbogast, évêque de Strasbourg, la charte de la donation de ses terres de l'Obermundat à l'évêché de Strasbourg.
Voici, traduite en français, ce que dit l’introduction à cet Urbaire:
Cet urbaire a été commencé sous le gouvernement de notre très puissant prince et seigneur Armand Gaston prince de Rohan Soubise, Cardinal de la sainte Eglise romaine et évêque de Strasbourg….
A la suite des nombreuses contestations et poursuites dont la Ville est et a été l’objet, il a été ordonné par les prévôt et magistrat de la ville de Rouffach que Messieurs Jean Paul GESCHICKT et Jean Simon MÜLLER, tous deux du Magistrat et conservateurs des archives, lisent attentivement et examinent scrupuleusement tous les anciens documents d’archives ainsi que toutes les sentences et arrêts rendus au sujet des droits et privilèges de la Ville et les recopient fidèlement. Le travail de rédaction du présent livre a été réalisé avec grand soin, grande peine et grand travail par les deux membres du magistrat précédemment nommés.
On y trouvera l’histoire de la fondation de la ville, ses règlements ainsi que les droits et privilèges qui lui ont été donnés et confirmés par différents empereurs, rois et princes. Dans ce livre sont consignés, recopiés fidèlement et à la lettre, des extraits des anciens urbaires et Stattbücher, les lettres accordant et confirmant les droits et les privilèges de la Ville ainsi que les sentences et arrêts rendus par les différents empereurs, rois et princes…
Nous, Magistrat, confirmons que ce livre et son contenu sont dignes de foi, aujourd’hui et dans l’avenir pour l’éternité
Fait à Rouffach, le 28 août 1727
Un deuxième exemplaire de cet Urbaire est conservé à la B.N.U. de Strasbourg sous la Cote : MS 1.713. Il s’agit d’un registre relié de 231 feuillets 325 x 220, avec une couverture en carton bleu, un dos en cuir sur lequel est collée une étiquette : MÜLLER Johann Simon, Chronik der Stadt Ruffach
Cette chronique contient des notes personnelles de Jean Simon MULLER qui ne figurent pas dans l’exemplaire de Rouffach, comme par exemple :
- l’incendie de sa maison le 2 mai 1749, rue de la Prévôté
- le relevé des dépenses occasionnées par la reconstruction de cette même maison
- le décès de son épouse, le 20 août 1765,
- et, page 208, une note rédigée par son arrière-petit-fils qui signale le décès de son vielgeliebter Urgroßvater, son bien-aimé arrière-grand-père, le 4 février 1771.
Un troisième exemplaire est conservé aux archives départementales de Colmar, sous la cote A.D.H.R. MS 3 et porte le titre Abschrift des Registers des Stadtbuchs und Urbarium Notices sur Rouffach 1800. Il s’agit d’une copie, abrégée, son auteur négligeant tout ce qu’il jugeait de peu d‘intérêt pour son projet (la délimitation et la description des bornes du ban et des forêts de la ville, par exemple…)
Une fréquentation de plusieurs années des originaux du Journal de l’Abbé Jean Michel VOGELGSANG me permet d’attribuer de façon certaine cette copie à la main de Jean Michel VOGELGSANG (1761-1844). Un certain nombre de notes marginales confirment cette attribution.
Pourquoi cet Urbaire et pourquoi précisément en 1727 ?
Il est nécessaire de situer cette rédaction par rapport à la situation de la ville en ce premier quart du 18ème siècle.
La guerre de Trente Ans qui a secoué l’Alsace se termine le 24 octobre 1648 par le traité de Westphalie. Rouffach sort anéantie de cette guerre, la bourgeoisie ruinée et le peuple exsangue après les longues années de privations, de famines, d’épidémies Mais Rouffach gardait son seigneur, l’évêque de Strasbourg...
La paix de 1648 ne rétablit cependant pas le calme dans le pays, les mouvements de troupe continuèrent et la ville et ses habitants devaient fournir logement et nourriture aux troupes de passage.
En 1663, l’évêque cède ses territoires d’Alsace au roi de France et Rouffach, ainsi que le Haut-Mundat, devinrent français. Une ordonnance du 9 août 1680 établit publiquement la souveraineté de la couronne de France sur les territoires de l’évêque de Strasbourg et en septembre 1682 l’évêque Wilhelm Egon de Furstenberg reçoit par lettres du roi la confirmation de ses anciens droits :
- sa cour de justice composée de sept juges à Saverne qui se prononce sur tous les différends dont le montant de l’amende ne dépasse pas 1000 livres
- ses droits sur les amendes, les taxes sur la chasse et la pêche, l’exploitation des mines, le monopole sur le salpêtre, etc. Il perdra la perception des droits de douane mais en compensation il touchera désormais des droits sur toutes les ventes de biens mobiliers et immobiliers.
Mais, par ces mêmes lettres patentes, la ville de Rouffach sera dépouillée des droits et des privilèges dont elle avait joui depuis des siècles : il s’en suivit une succession de querelles et de procès qui seront plaidés devant le Conseil souverain d’Alsace et dans lesquels Rouffach se référait aux anciens documents conservés dans ses archives et qui faisaient état des usages et des coutumes qui avaient prévalu jusqu’à présent. Presque tous ces procès furent jugés en détriment de la ville et de la bourgeoisie.
L’Urbaire de 1726 est donc une tentative pour rassembler les anciennes chartes et lettres conservées aux archives de la Ville contenant les anciens droits, usages et coutumes qui jusqu’alors avaient eu force de loi depuis des siècles, dans le but de les opposer aux nouveaux règlements.
Ce recours aux anciens textes est d’ailleurs une constante dans beaucoup de décisions de justice et dans la plupart des règlements promulgués par le Magistrat de Rouffach, depuis les plus anciens textes conservés par les archives actuelles. A chaque événement marquant de la vie de la ville, en particulier au moment du décès et de la nomination d’un nouvel évêque et donc seigneur de Rouffach et du Haut Mundat, la ville se hâte de faire rédiger des chartes de franchise, Freiheits Briefe, dans lesquelles seront confirmés les droits et les privilèges accordés par le seigneur précédent… un peu comme si la Ville craignait que ses immunités, libertés, usages et coutumes soient menacées par le nouveau seigneur et surtout par les seigneurs ou villes qui l’entouraient…
Description de la ville de Rouffach par Jean-Simon MÜLLER
L’Urbaire commence, page 1, par un historique de la Ville, Beschreibung der Stadt RUFFACH, très largement inspiré de Sebastian MÜNSTER dans sa Cosmographia Universalis dans les pages qu’il consacre à la description de la ville de Rouffach :
Beschreibung der Statt RUFACH im Obern Elsass gelegen, auff das kürtzest durch die wirdigen unnd hochgelehrten Herren Conradum PELLICANUM und Conradum WOLFFHARDUM seiner Schwester Sohn zu Ruffach geboren, in die nachfolgende Form gestellt Cap. CXLVII
Rouffach est une ville ancienne, fondée par les romains, 164 années avant la naissance du Christ, notre Seigneur.
Sebastian MÜNSTER, lui, situe l’événement en 164 après la naissance du Christ :
Rufach ist eine alte Statt, gebawen anfengklichen von den Römern ungefehrlich 164 nach der Geburt Christi.
Le nom RUBEAQUA qui signifie « eau rouge » lui provient d’un ruisseau qui prend sa source dans un rocher derrière Soultzmatt et qui grossit très vite au point qu’il est capable d’actionner non loin de sa source un moulin et qui coule à travers les champs, les prés et les vignes dans un flot rouge, à cause des sols qu’il traverse, jusqu’à Rouffach qu’il traverse en son milieu, après avoir actionné 12 moulins sur une distance correspondant à une heure de marche…
Sebastian MÜNSTER écrit :
Der Name Rubeaqua, das ist „Rot Wasser“, ist ihr zugestanden von einem Wässerlein das bey Sulzmat in S.Gregorien Thal sein Anfang nimbt und laufft in eim roten Strom durch Acker unnd Weingärten der Statt zu, wird jetzt zur Zeit Ombach genennt, so vor Zeiten seins roten Scheins halb Rotbach ist genennt worden, wie man des noch etlich Urkundt findet.
Jean-Simon MÜLLER poursuit:
la ville de Rouffach est située dans un lieu très riant et fertile avec des céréales, de la vigne, des prairies, des champs et des forêts à profusion. A cause de cette situation privilégiée, la noblesse romaine s’est installée dans la ville pendant 500 ans et depuis cette époque la ville a acquis «grosse Freyheit», de grands droits et privilèges qui lui ont été concédés par les empereurs, rois et prince qui leur ont succédé, lesquels droits et privilèges ont été confirmés par des lettres…
Les romains, après plusieurs siècles en Alsace, en ont été chassés par les gaulois, die Gallier. Dagobert le neuvième Dagobertus der neündte y fit construire sur une colline un puissant château qui fut nommé, en raison de sa solidité Isenburg et le roi Dagobert s’y établit et en fit sa résidence.
Jean Simon MÜLLER n’a pas repris la note de Sebastian MUNSTER dans laquelle il rappelle que certains expliquent le nom Isenbourg par le nom d’Iside [1], une déesse païenne qui aurait inventé den Fruchtwachs, littéralement la pousse des céréales. Sebastian MÜNSTER date la construction de ce château de l’année 1023…
Rouffach adopte la religion chrétienne.
Dagobert fit venir Amandtus, évêque d’Utrecht, un homme très pieux et de grande renommée afin qu’il vienne en Alsace pour convertir la population à la religion chrétienne. Il baptisa Sigisbert, le fils de Dagobert et Dagobert fit de Amandtus le premier évêque de Strasbourg en 638 et il devint le berger fidèle, gardien de toute l’Alsace.
Sebastian MÜNSTER :
„…Und da nun Dagobertus sein Sitz an diesem Ort hat zugericht, wolt er das Volck auch underichten in christlichen Glauben unnd im Dienst des wahren Gottes. Darumb beschickt er Amandum den Bischoff von Utrecht oder Mastricht, der dazumal gar berümt was, seiner Kunst und Gottseligkeiten halb, damit er das Volck auch auff den rechten Weg Gottes brächte. Es befahle auch der König diesem heyligen Mann seines Sohn Sigisbertum dass er ihn underichtet unnd in gegenwertigkeit des Volcks tauffte, wie auch beschahe im Jar 638.. Nach diesem ward Amandus geordnet zum Bischoff gen Strassburg unnd zum trewen Hirten über das gantz Elsass gestzt…“
646 : Sigisbert est rendu à la vie grâce à la prière de saint Arbogast.
En 646, au cours d’une partie de chasse dans la forêt de l’abbaye d’Ebersheim, Sigisbert est désarçonné par son cheval et mortellement blessé par un sanglier. Le roi Dagobert, apprenant la nouvelle en son château d’Isenburg, envoya un messager à l’évêque Arbogast qu’il avait nommé évêque de Strasbourg à la suite d’Amandtus, pour qu’il vienne en toute hâte au secours de son fils. Arbogast vient au plus vite, fit une prière et Sigisbert, que tous donnaient pour mort, recouvra la pleine santé.
En signe de reconnaissance pour le miracle d’Arbogast, le roi Dagobert fit don à l’évêché de Strasbourg de la ville de Rouffach et de toute la seigneurie avec Soultz et Eguisheim et leurs villages et vallées. A cause de cette donation, cette seigneurie fut nommée MUNDAT ou MUNUS DATUM, mais Rouffach continua cependant de conserver sa grandeur, ses anciens droits et privilèges.
… suit la copie de la donation de Dagobert à l’évêché de Strasbourg, datée de 706, trente deuxième année du règne de Dagobert (706 se situe en réalité sous le règne de Childebert III qui régna de 695 à 711. De plus, jamais le règne d’aucun roi franc ne dépassa 23 ans !...)
Grandidier, dans son Histoire de l’Eglise de Strasbourg date cette donation de 675 et rajoute que Dagobert II (qui régna de 675 à 679) en fit faire un acte authentique qu’il remit au saint évêque en présence des seigneurs de sa cour.
Celui-ci, de retour à Strasbourg, le remit solennellement en présence du clergé, de la noblesse et du peuple, sur le grand autel de l’église de Notre Dame. La vérité de cette donation ne fut jamais révoquée en doute, quoique le titre primordial qui l’assure ne soit pas parvenu jusqu’à nous.
Le diplôme de Dagobert, un faux ?
Selon Grandidier, ce diplôme de Dagobert existait encore au dixième siècle lorsque ETTON écrivit la vie de Saint Arbogast. Il s’est perdu depuis, peut-être dans l’incendie qui consuma en 1002 la cathédrale de Strasbourg.
Personne depuis l’an mil n’a donc vu cet acte dont l’importance est évidemment considérable puisqu’il affirme les droits de l’évêque de Strasbourg sur Rouffach et le Haut-Mundat. Thiébaut Walter, dans Aus der Verfassungs Geschichte der Stadt Rufach, émet de très sérieuses réserves sur l’existence de ce document (qui, selon lui daterait de 662 !); après que l’évêque eut exigé de la ville qu’elle fût caution pour un emprunt qu’il avait contracté pour renflouer ses caisses vides, les bourgeois de Rouffach rêvaient sans doute de se libérer des rênes que tenait fermement l’évêque et aspiraient à statut différent, celui peut-être d’une ville libre d’Empire… et sans doute à ce moment ont-ils voulu en savoir davantage sur cette fameuse donation de Dagobert qui les liait aux évêques de Strasbourg. On chercha, à l’évêché, au Grand Chapitre, sans rien trouver apparemment et on finit par exhiber, en 1357, une copie de ce fameux document, d’après un document conservé dans un ancien Rechtsbuch, recueil des droits, des privilèges, des usages et des coutumes de l’évêché de Strasbourg : mais ce document là aussi, personne ne le vit jamais, ni avant ni après qu’on en eut fait copie ! Il est donc fort probable qu’il n’a jamais existé et la copie qu’on en a faite est tout simplement un faux. Mais les bourgeois de Rouffach n’eurent d’autre choix que de s’en contenter !
Thiébaut Walter ne cite malheureusement pas ses sources mais ses suppositions sont plus que vraisemblables.
Ce document, s’il a existé, était selon toute vraisemblance un faux, rédigé au cours du Moyen-Âge pour servir de preuve au moment d’un procès…
De très nombreux documents conservés aux archives municipales de Rouffach témoignent d’un besoin incessant des bourgeois de Rouffach de rappeler, confirmer, recopier, traduire, citer, des documents anciens tirés d’Urbaires anciens dans le but de rappeler les usages anciens, les anciens droits, les anciennes immunités, les anciens privilèges qui leur avaient été accordés ou qu’ils avaient obtenus.
En 962, l’Alsace entre dans le giron du Saint Empire Romain Germanique et elle en fera partie jusqu’à son rattachement à la France en 1648.
En 1015, Wernher de Strasbourg, évêque, s’empare du territoire de Soultz qui devient ainsi fief de l’évêché de Strasbourg et intégrera le Haut Mundat.
Eguisheim sera rattaché au Haut Mundat après l’extinction des comtes de Dabo Eguisheim avec le décès de Gertrude, fille d’Adalbert en 1225 : la ville sera léguée à l’évêché de Strasbourg et rattachée au Haut Mundat.
Dagobert, Arbogast et Sigisbert…
Quant à la résurrection de Sigisbert, c’est une tout autre histoire qui mérite qu’on s’y attarde.
D’abord Arbogast : si Amandus est bien le premier évêque de Strasbourg, il a vécu au 4ème siècle et aurait participé au concile de Sardique en 343. Il ne peut donc être le prédécesseur immédiat de Saint Arbogast. Arbogast, selon certaines sources, serait né en Irlande. D’autres sources le font naître dans le sud de la France, en Aquitaine selon Sebastian MÜNSTER. D’autres encore prétendent qu’il serait issu de la noblesse franque et qu’il aurait été envoyé en Alsace par un roi mérovingien vers 550 pour s’y établir comme missionnaire dans la région d’Haguenau.
C’est de là qu’il fut appelé par le roi Dagobert II pour rendre la vie à Sigisbert, à la suite de quoi le roi Dagobert nomma Arbogast évêque de Strasbourg, ville dans laquelle il mourut vers 618 ou 628.
Ensuite Dagobert : Jean Simon MÜLLER écrit bien « Dagobert le neuvième»: or la lignée des Dagobert s’arrête à Dagobert III ! Dagobert est roi d’Austrasie, un royaume franc couvrant le nord-est de la France actuelle, les bassins de la Meuse et de la Moselle, jusqu’aux bassins moyen et inférieurs du Rhin. La capitale en fut d’abord Reims puis Metz. Dagobert II régna peu de temps, de 675 à 679, il mourut le 23 décembre 679 d’un coup de poignard dans l’œil, près de Stenay, ce qui lui valut l’auréole du martyr. Dagobert II vit le jour en 652, alors qu’Arbogast était décédé depuis bien longtemps. Même si on imagine que la légende se soit trompée et qu’il y ait eu confusion, Dagobert Ier (né en 604 et décédé en 639), n’aurait eu, au décès d’Arbogast que 14 ans…
Il s’agit donc d’une légende qui, sans doute, à la différence des contes, repose sur une réalité : mais quelles qu’en aient été les raisons et les circonstances, la donation des terres de Rouffach à l’évêché de Strasbourg n’a jamais été mise en doute pendant les dix siècles qui suivirent et c’est elle qui a fait toute son histoire…
Rois fainéants et jeunesse dorée…
En 1758, DUBOYS, l’auteur de l’Inventaire des titres des bailliages Tome huitième Obermundat (A.D.H.R) donne dans ses Observations une version de l’événement légèrement différente, mais il ne cite pas ses sources :
A défaut du titre de la donation, qui sans doute expliquerait le motif d’icelle, il faut se contenir de ce que la tradition nous apprend à son égard et de ce qui se lit dans certaines histoires de l’abbaie d’ebersheim-munster, sçavoir : que Sigebert, un des fils du roi Dagobert second, lequel demeuroit ainsi que le roi son père dans le château d’Isenbourg à Rouffach, étant allé à la chasse et ayant poussé jusqu’à l’île de Novientum (dans laquelle est située aujourd’hui l’abbaye d’Ebersmünster et dans laquelle il existait déjà un couvent bâti par Saint Materne en l’honneur de Saint Pierre) résolut de passer la nuit dans ce couvent dans lequel il entra avec les siens et y fit plusieurs désordres et dégâts, faisant manger à ses chevaux les grains qui étaient sur les greniers et accablant d’insultes les moines, lesquels passèrent la nuit dans l’église où ils remirent entre les mains de Dieu et de Saint Pierre la vengeance de l’injure qu’ils recevaient ; que le lendemain Sigebert fut attaqué et tué par un sanglier et transporté mort au roi son père qui eut recours aux prières de Saint Arbogast qui gouvernait l’église de Strasbourg ; que celui-ci ressuscité Sigebert et par là excita la reconnaissance du roi, son père, qui pour la témoigner donna au dit évêque et à son évêché l’Obermundat ; et que de là aussi le couvent de Novientum prit le nom d’apri monasterium ab apro à cause du sanglier qui tua Sigebert et de là Ebersmünster.
Un récit qui ternit quelque peu l’image du fils bien-aimé de Dagobert…
Pour terminer et pour ajouter encore un peu plus à la confusion, Sebastian MÜNSTER situe cette donation en 640, par le roi DAGOBERT, qui aurait habité souvent le château d’Isenbourg…
[1] s’agit-il de la déesse égyptienne Isis dont la tradition gréco-romaine a fait l'incarnation de la terre fertile et l'inventrice de l'agriculture ? La déesse est aussi celle qui sema pour la première fois les blés et qui, chaque année, fait fructifier les arbres