Dans son Restitutio universalis motuum caelestis, Remus Quietanus présente un tableau des coordonnées géographiques de diverses villes d’Europe ou au-delà qui sont liées à ses activités astronomiques, soit parce qu’il y a résidé, soit parce qu’il dispose de comptes-rendus d’observations notoires qui y ont été faites. La confrontation de ces chiffres avec les valeurs actuelles fournies par le GPS nous permettra de revenir sur l’histoire de la difficile détermination des longitudes. Nous évoquerons aussi quelques questions relatives à la cartographie qui nous ramèneront à l’énigme de la carte géographique du cadran solaire des Récollets de Rouffach.
Le Restitutio universalis de Remus Quietanus
En 2016 un échange avec l’archiviste de la Ville de Rouffach m’a conduit à m’intéresser de plus près à la biographie de notre astronome local Johannes Remus Quietanus.
Nous avions là sur le cadran solaire du couvent des Récollets une représentation peu courante du Système solaire qui devait, croyait-on, commémorer une éclipse de Lune, et à l’intérieur de l’église Ste Catherine de ce même couvent, la tombe de l'épouse de celui qui (c’était une première mondiale) a observé un transit de Mercure en 1631 à Rouffach.
Depuis lors, j’ai vainement essayé de trouver une connexion entre ces deux sujets d’étude : la fresque astronomique des Récollets et la biographie de l’astronome local, mais hormis cette coïncidence géographique et chronologique, je n’ai pas trouvé d’autre relation jusqu’ici. Dans cette quête, je demandais à la Ville d’acquérir une copie numérisée d’un manuscrit que Remus Quietanus avait rédigé en 1615, alors qu’il était élève de Christoph Grienberger au Collège de Rome : le Restitutio universalis motuum caelestium. Le déchiffrage de ce fascicule, le plus scientifique que Quietanus nous ait laissé, ne m’a pas permis de valider mon hypothèse, mais il nous donne l’occasion de faire plus ample connaissance avec l’auteur et de mesurer ses connaissances et compétences en Astronomie. Quelques autres articles reviendront sur cette étude.
Jacques Mertzeisen
Et si on payait nos loyers ou nos impôts autrement ? Pourquoi pas en chapons ou en poules ?
Dans les registres de comptes de Jacob ANSHELM, comptable des dépenses et des recettes, Schaffner, de l’hospice du Saint Esprit de Rouffach, entre les années 1573 et 1609, figure au chapitre des recettes, un état des cens dus à l’hospice par des bourgeois de Rouffach, Pfaffenheim, Orschwihr et Gueberschwihr.
Ces cens constituent vraisemblablement le loyer d’une terre donnée à un tenancier, suivant un contrat emphytéotique, à titre héréditaire (erblehen, hereditates) ou à bail. Ou alors zins désigne intérêts d’un prêt à intérêt, ce qui n’est pas le cas de cens, charge qui reste attachée à un bien fonds.
Habituellement, les cens sont annuellement, à date d’échéance fixe, le plus souvent à la Saint Martin, en espèces ou en nature. Le paiement en espèce est rare, pour une raison très simple : au moment de la signature, le tenancier fixe un loyer qui restera le même tout au long de la durée du bail emphytéotique, un bail de très longue durée, le plus souvent compris entre 18 et 99 ans, voire plus, puisqu’il peut être héréditaire. Si le cens est dû en nature, en grains par exemple, un boisseau de blé, de seigle ou d’orge représentera toujours le même volume, 99 ans plus tard ! De même, un omen de vin restera toujours un omen de vin… Par contre, qui peut dire quelle sera encore la valeur de la livre, du schilling ou du pfennig, un siècle plus tard ?
L'article intitulé La chasse aux marques lapidaires continue!, rendait compte de la découverte de l'une des rares traces laissées par l'ordre du Saint Esprit dans le paysage urbain de Rouffach. Dans l'un des jambage du portail de l'ancienne ferme de la rue Ullin avaient été réemployées deux blocs de pierre (remontées à l'envers!) sur lesquels figurent deux écus. L'un d'entre eux représente la croix de l'ordre des Hospitaliers du Saint-Esprit. Nous n'avons pas su interpréter alors le second écu, mais dans un commentaire à cet article, un lecteur d'obermundat.org, M. Denis Heissler, émet l'hypothèse qu'il pourrait s'agir des armoiries de la famille Zuckmantel de Brumath. Depuis, cette ancienne ferme a été démolie pour céder la place à un projet immobilier, mais les deux pierres remarquables ont été préservées et offertes à la Ville de Rouffach par l'ancien propriétaire. Sur l'envers de l'une d'elle, que l'on ne pouvait apercevoir lorsqu'elle était en place, a été découvert un troisième écu, dont nous avons soumis une photographie à M. Denis Heissler qui, très aimablement, a accepté d'entreprendre des recherches pour l'identifier, à la suite desquelles il nous propose l'interprétation qui suit:
Gustave Doré Les cadeaux de l'Enfant Jésus 1856
Source: gallica.bnf.fr
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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