Les archives municipales de Rouffach conservent dans leurs réserves un nombre important de documents relatifs à des procédures criminelles. Plusieurs articles traitant de ce sujet ont paru précédemment dans les pages d’obermundat.org, en particulier sur les procès de personnes accusées du crime de sorcellerie.
Certains dossiers sont très complets et permettent de suivre toutes les étapes d'un procès. D'autres, il ne subsiste que quelques pièces, parfois même une seule page, comme dans les trois affaires qui font l’objet du présent article : il n’en a été conservé que les verdicts , celui du procès de Peter Bausy, de Lanng Hanns et de Wilhelm BRAUN.
Tous trois sont des étrangers à la ville : le premier est de Gruyère dans l’actuelle Suisse, le second de Saverne et le dernier de Beissenberg.
Sauf pour Lanng Hanns condamné pour coups, blessures ayant entrainé la mort et surtout jeu et tricherie au jeu, nous ne savons rien des crimes pour lesquels ils ont été jugés.
Tous trois seront condamnés à l’infamie du pilori et bannis hors de la seigneurie, chassés de la ville à coups de verges par le bourreau.
La chaire gothique de la cathédrale de Strasbourg
image: Société des Amis de la Cathédrale de Strasbourg
Dans un article publié le 29 septembre sous le titre La découverte de l’été : les deux tomes manuscrits de Documenta Collecta d'Appolinaire Freyburger, (1813-1901), j’avais relevé un passage de chronique sur la « petite histoire » de la paroisse dans lequel son auteur évoquait des effets indésirables inattendus de l’arrivée du chemin de fer sur la jeunesse rouffachoise…
Quelques pages plus loin, le curé Freyburger égratigne sans tendresse l’un de ses prédécesseurs, le recteur Fritsch, au sujet de l’usage malencontreux qu’il fit de l’importante donation qu’une paroissienne fortunée de Rouffach, Mme Marie-Thérèse Treyer, avait faite à l’église paroissiale. On doit notamment au recteur Fritsch la démolition de la chaire de l’église Notre-Dame, un chef d’œuvre de l’art gothique, remplacé par une chaire en stuc qui sera elle-même démolie cinquante ans plus tard, pour laisser place en 1875 à la chaire actuelle en grès rouge… Il fit également édifier, financés par le même legs, deux autels supplémentaires, en stuc également, pour lesquels il fallut entailler profondément deux piliers de la croisée du transept. Ces autels, superflus selon Appolinaire Freyburger, disparaîtront également en 1870.
Johann Theobald Michaël Fritsch, né le 16 décembre 1787, professeur au grand séminaire, curé à Rouffach et Principal du collège communal de 1819 à 1828, chanoine honoraire et curé de Saint Georges de Sélestat en 1828, décédé le 6 octobre 1867.
La chaire extérieure de l'église des franciscains de Rouffach, dessin de Ch. Winkler
Délaissant pour quelques temps mes recherches sur des sujets rouffachois, je me suis intéressé à l’histoire de mon village d’Eguisheim, et plus particulièrement au Château Saint-Léon, serti dans son mur d’enceinte octogonal. Et là, j’ai retrouvé une connaissance : l’architecte qui a remodelé le château urbain d’Eguisheim pour en faire un mémorial à la gloire du pape Saint-Léon IX n’est autre que Charles Winkler, l’illustrateur de Kunst und Altertum in Elsass-Lothringen, un ouvrage que j’avais consulté en me documentant sur l’église Saint-Catherine de Rouffach. On lui doit notamment le dessin de la chaire extérieure bien caractéristique de cette église du couvent des Récollets.
J’ai alors essayé de faire plus ample connaissance avec Charles Winkler, et je me suis rapidement aperçu que du sud au nord de l’Alsace, ou alphabétiquement d’Altkirch à Wissembourg ou Zimmerbach, on trouve du Winkler partout ! Ici, je m’intéresserai davantage aux empreintes de Winkler aux alentours de Rouffach.
Jacques Mertzeisen
Dans ses articles et ses ouvrages, l’historien rouffachois Thiébaut Walter fait référence aux sources qui ont guidé sa recherche : parmi celles-ci Materne Berler et sa célèbre chronique, Jean-Simon Muller et l’Urbaire de la Ville de Rouffach et Appolinaire Freyburger, auteur des deux tomes de Documenta collecta ad usum Ecclesiae Ruebeaquencis, resté à l’état de manuscrit et rédigé à partir de 1845. Walter cite souvent cet ouvrage qui était alors conservé aux archives paroissiales de Rouffach et que l’on pensait disparu depuis.
Il a été retrouvé, et les deux tomes, rédigés dans une très belle écriture manuscrite, sont parfaitement conservés.
Dans son avant-propos, l’auteur précise qu'il avait commencé cet ouvrage en 1845.
« … chargé de l’administration d’une paroisse considérable et peut-être dernier témoin dans cette paroisse d’une génération de prêtres qui allait s’éteindre et dont il ne resterait plus que quelques débris, j’avais un double devoir à remplir : étudier la paroisse que je devais diriger temporairement et recueillir l’héritage des traditions des mains défaillantes qui allaient les laisser échapper. Ce fut là mon occupation de tous les jours, ce fut encore celle de mes veilles. Et mes recherches ne furent pas stériles. »
Strasbourg le 5 février 1897
Freyburger, doyen du chapitre de la cathédrale
L’ouvrage de Freyburger est donc essentiellement, comme l’indique son titre, une collection de textes, chartes anciennes, correspondances diverses, notes éparses… concernant l’histoire du diocèse de Bâle, de l’église et de la paroisse Notre-Dame, mais également celle des Récollets, de Saint Valentin, de la léproserie, ainsi que des notes précieuses sur les nombreuses chapellenies, les autels, les chapitres ruraux…
Autant de documents qui intéressent au plus haut point les chercheurs… avec, en plus, quelques passages de chronique sur la « petite histoire » de la paroisse, dont le lecteur trouvera un exemple ci-après :
Intérieur de l'église de Rouffach Engelmann (vers 1830)
Pfarrers Begeren wegen einer leichtfertigen schwangern Hueren… requête du curé auprès du Conseil au sujet d’une fille de joie enceinte…
Le curé dont il s’agit est Carol Pistor dont Th. Walter nous apprend qu’il exerçait son ministère à Rouffach entre 1616 et 1619. Selon lui, il aurait été un véritable « mercenaire », ein echter Mietling ! Après que le conseil lui eut permis de remettre en état tout l’équipement intérieur, Hausrat, de son logement (meubles, vaisselle, ustensiles, luminaires, linge de maison), aux frais de la ville, il disparut sans laisser de traces : en 1619, le registre de la confrérie de la Reit qui consigne le nom des confrères et le montant de leur cotisation, note, en face de son nom : nichts mehr, ist entloffen… plus rien, s’est enfui ! (in Walter Urkunden .Buch der Pfarrei Rufach 1900).
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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