" Le 6 juin 1617, cinquante minutes environ après le coucher du Soleil, se produisit une conjonction de la Lune et Vénus qui souleva l’admiration de tout Ulyssipone. Vénus semblait chevaucher la Lune…"
Disons-le franchement : de nos jours, un tel événement n’intéresserait guère plus de 1% du public… sauf si, par un hasard rare, l’actualité venait à marquer une pause. Un présentateur en panne d’informations sensationnelles pourrait alors lui consacrer quelques secondes à la fin de son journal télévisé.
Mais en ce début de XVIIe siècle, Johannes Remus Quietanus commente largement ce rapprochement virtuel de La Lune et de l’étoile du Berger dans un courrier adressé à son ami le mathématicien impérial Johannes Kepler. Les nouvelles politiques y ont aussi la primauté : Quietanus relate d’abord le décès de l’archiduc Maximilien III.
Une étude de cette lettre nous éclairera sur le rang de celui qui deviendra quelques années plus tard Bestellter Physicus (médecin en titre) de la ville de Rouffach, ainsi que sur ses préoccupations médicales et astronomiques.
Première page du registre des délibérations du Magistrat année 1613
Dans l’administration de la ville de Rouffach les jours séparant Noël de l'Epiphanie sont un temps particulièrement important : au cours de ces douze jours, une partie des élus du Magistrat démissionne chaque année de leur fonction de conseiller et de juré ainsi que des offices qu’ils exerçaient. Sur les quinze membres élus du Conseil, seuls cinq d’entre eux sont maintenus dans leur poste, ceux qui exercent les charges les plus importantes, celles touchant aux finances de la Ville, dans lesquelles il importe d’assurer la continuité : économe de l’hôpital, de la léproserie, de l’église, receveur de la taille et receveur de l’Umgelt, la taxe sur le vin.
Une fois les nouveaux conseillers réélus et les charges redistribuées, le conseil au grand complet prête serment au cours d’une cérémonie importante, celle du jour du serment, le Schwörtag. Habituellement seuls deux, rarement trois, ne sont pas renommés, remplacés par un membre proche de la famille qui leur cédera son poste dès l’année suivante…
Cette année-là à Rouffach, en 1612, ces festivités sont honorées par la présence du seigneur de l’Obermundat, Léopold, évêque de Strasbourg accompagné d’une partie de sa cour et d’Herman Adolphe, comte de Salm, grand bailli, qui sont arrivés à Rouffach la veille de Noël (am heiligen Weÿnach Aubend). Le douzième jour (am Obent des XII.ten Tags), veille des trois Rois, ils présideront à l’hôtel de ville les cérémonies de la résignation et de l’investiture des nouveaux conseillers du Magistrat et à la prestation des serments. (voir la page Obermundat )
Ursula SCHMIDin infanticide et sorcière
Ursula est l'épouse de Hans HÄBERLIN d' Ober Sultz (plus loin elle sera appelée die Heberle et die Heberlerin et la sœur de Michell HILLWECKH, bourgeois de Sultz. L'affaire débute lorsque la petite bonne de la maison découvre sur un tas de fagots de sarments de vignes le cadavre d'un nouveau né, enveloppé dans un drap de lin noir. Très rapidement le bruit court en ville que c'est Ursula, la maîtresse de maison qui aurait tenté de cacher l'enfant dont aurait accouché en secret une servante welche qui avait été à son service neuf mois auparavant: a-t-elle accouché à terme d'un enfant viable, s'agissait-il d'un enfant mort-né, d'un avortement, d'un infanticide, tous ces bruits alimentent la rumeur, une rumeur qui conduira Ursula au bûcher. La mère de l'enfant a quitté la ville, à aucun moment de "l'inquisition" qui a suivi les enquêteurs n'ont cherché à retrouver sa trace pour pourvoir l'interroger...
Les différentes pièces de ce volumineux dossier feront l'objet d'un développement détaillé dans un article ultérieur.
Pillage d'un village pendant la guerre de Trente Ans
Il n’était pas rare, il y a quelques années, de rencontrer au hasard d’une promenade matinale, Pierre-Paul Faust, historien et archiviste de la Ville, arpentant d'un bon pas le tracé des anciens remparts. Dans ce tour de la ville ancienne, il marchait dans les traces de l'histoire de sa ville et les pas des personnages qu'il avait fréquentés dans ses lectures, sa vie durant: Berler, Pellicanus, Zwingli,... et bien sûr, François Joseph Lefebvre, sénateur et Maréchal d'Empire... Et lorsqu’on le croisait et lui demandait ce qu’il faisait là de si bon matin, il répondait invariablement, le sourire en coin :
Waïsch, ech pàss uff, un lüag emmer eb d’Schweda net wedder zeruck kumma, m’r waïss nia!
Tu sais, je surveille et je regarde toujours si les Suédois ne sont pas en train de revenir, on ne sait jamais !
Paul évoquait évidemment un des épisodes les plus douloureux du peuple alsacien et des plus sanglants de l’histoire de Rouffach : l’arrivée des suédois en Alsace pendant la guerre de Trente Ans (1618 - 1648).
Lithographie de Rothmüller: Cuve baptismale dans l'église de Rouffach
(Rothmüller del / Deroy lith. Imp. Frick frères 17 rue de l'Estrapade près le Panthéon Paris)
Il nous a semblé intéressant d'ajouter aux articles parus précédemment sur les fonts baptismaux de l'église Notre-Dame, une lithographie de Rothmüller de la première moitié du dix-neuvième siècle. Outre la cuve baptismale de Rouffach, on y trouvera une représentation du chevalier Werner Falke de Munswiller, décédé après 1333, également conservé à l'église, dans le bas-côté Nord. Cette oeuvre a été longtemps attribuée à Woelflin de Rouffach, scultpteur et maître d'oeuvre décédé en 1355.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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