On attend habituellement d'un homme d'église l'intégrité, la charité et la bienveillance: Nicolas VERDOT, prieur de couvent Saint Valentin à Rouffach, ne possédait, lui, aucune de ces vertus! Il succède à Nicolas TERRESTRE, déposé de ses fonctions par le légat du pape pour sa vie dissolue et la mauvaise gestion des biens du prieuré. Il sera d'ailleurs condamné à restituer 1000 livres bâloises. Nicolas VERDOT, qui l'avait dénoncé, sera nommé prieur et se comportera de la même manière que son prédécesseur, Nicolas TERRESTRE ! Cité à comparaître à la Régence d'Ensisheim, il plaida une grave maladie et disparut totalement pendant huit mois... Lorsque le prieuré et tous ses biens furent remis au séminaire épiscopal de Molsheim les comptes firent apparaître que TERRESTRE et VERDOT avaient détourné 1000 florins ! Nicolas VERDOT réapparut après le départ des Suédois et l'entrée des troupes françaises dans Rouffach: il avait réussi à se procurer du roi de France une missive qui lui reconnaissait ses droits sur le prieuré. Après plusieurs péripéties il fut chassé mais revint, sous la protection des armes, au prieuré, où il mourut en 1636.
Les registres de délibération des séances du Magistrat conservent plusieurs signalements au sujet des frasques de ce personnage, connu pour son caractère irascible, ses écarts de langage et sa brutalité.
Voici l'une de ces affaires, au cours de laquelle notre homme s'en est pris avec violence au portier de la Porte Neuve de la ville, la porte Nord, dite également porte de Colmar.
Aux archives municipales de Rouffach, une série est consacrée aux affaires militaires et … marine ! Il s’agit d’une série importante qui conserve en particulier un nombre important de dossiers sur la guerre de Trente Ans et les exactions commises par les troupes de passage.
La même série conserve les règlements de la garnison, ceux de la garde de la ville et du château d’Isenbourg... En particulier, les ordres d’Eberhart, comte de Manderscheid - Blankenheim, Grand-Bailli, gouverneur de l’Obermundat, au sujet de la négligence qu’apportent dans leur service les gens de Rouffach, bourgeois et habitants, ainsi que ceux des communes environnantes, lorsqu’ils sont appelés à participer à cette garde : il leur est reproché en particulier de quitter leur poste avant d’avoir été relevés ou de passer leur temps à dormir dans les corps de garde ! Pour remédier aux désordres signalés, de sérieuses mesures sont ordonnées par le Grand Bailli Eberhart.
Le poèle de la Tribu À l'Éléphant, 4 rue de la Poterne Rouffach
Au cours du Conseil ordinaire tenu par le Magistrat en septembre 1548, le maître de la Tribu À l'Éléphant, rapporte aux conseillers les plaintes des maçons de la ville dont la corporation subit la concurrence déloyale d'artisans "étrangers" . Cette affaire nous permettra de voir un des rôles importants des corporations qui est de protéger leurs membres des activités d'étrangers qui "casseraient les prix" ou produiraient des ouvrages de qualité moindre qui pourraient ternir la renommée de l'artisanat de la cité. Au seizième siècle, la ville de Rouffach comptait quatre tribus, reconnaissables à leur enseigne:
Mais revenons à notre affaire et voyons de quoi il s'agit:
Le Magistrat, Conseil de la Ville, présidé par le Schultheiss, composé de 15 conseillers « élus », a compétence pour juger les affaires de police. Ces mêmes conseillers sont très régulièrement appelés à siéger comme jurés dans des affaires criminelles, meurtres, infanticides, sorcellerie, etc. La justice civile représente une partie importante des activités du Magistrat, sinon la plus importante : ses membres sont alors jurés dans un « tribunal » qui traite des affaires de police de la cité: coups et blessures, ivrognerie, injures, fraudes, vols, etc.
Voici deux exemples de "petits" délits très séverement punis, tirés d’un épais registre de 373 feuillets consignant les protocoles des séances du Magistrat des années 1547 à 1551.
Ils concernent deux larcins, commis par deux femmes : le premier, le vol de raisins dans les vignes, l’autre celui de 280 poires.
L’affaire est portée devant le conseil « ordinaire » du Magistrat, tenu le mardi qui suivait la saint Mathieu (fêté le samedi 21 septembre qui tombe un samedi en 1549) donc le 24 septembre 1549.
Les ruines fumantes, le lendemain, à l'aurore...
(photo extraite de la plaquette éditée pour le 60ème anniversaire du C.C.St.Arbogast Rouffach)
Avant la placette de la rue du Tir...
Les plus anciens de la Ville se souviennent d’un évènement qui aura marqué leur enfance : l’incendie du « Bangala », le «club-house» du Cercle Catholique Saint Arbogast de Rouffach, le C.C.A.R., parti en fumée en 1951, dans la nuit du dimanche 19 août, dernier dimanche de la Kilbe. Les locaux du Cercle Catholique et quatre appartements furent totalement anéantis par un violent incendie, parti d’une charrette de grains entreposée sous le porche d’entrée. Quinze personnes se retrouvèrent ainsi sans logis.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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