Le peuple ployant sous la charge des impôts Musée Carnavalet, eau forte colorée 18ème siècle
… adjudication au plus offrant et dernier enchérisseur, des droits et revenus des revenus de la Ville…
Les fermiers dont il sera question dans cet article ne sont pas des agriculteurs ou des éleveurs, mais des collecteurs d’impôts. La perception de l’impôt, taxes, amendes, droits, ... dus par la communauté, est amodiée à un fermier, qui avance, sur ses fonds propres, la somme totale des impôts à recouvrer. Puis, ce fermier collecte lui-même, avec l’aide de commis, les impôts affermés, pour récupérer son avance : ce système procure à la ville des liquidités immédiates et permet, on s’en doute, des bénéfices substantiels pour le fermier, qui ne se prive pas de surtaxer les contribuables.
La maison de Melchior Ginter, bourreau de Rouffach
Bien qu’il jouisse de certains privilèges et bénéficie de conditions matérielles meilleures que celle des basses classes, l’ostracisme vécu au quotidien par l’exécuteur des hautes et des basses œuvres et sa famille était puissant. Le bourreau était logé en marge de la ville, à l’écart de la société et exclu de la vie sociale et bourgeoise. Haï et redouté de tous, sa fonction en a fait un intouchable craint par la société.
Cet isolement du bourreau et de sa famille a conduit progressivement à des alliances entre familles de bourreaux, donnant naissance à de véritables dynasties et la charge est devenue héréditaire.
A Rouffach s’est formée une telle dynastie qui remonte à la fin du 16ème siècle, celle des Ginter ou Günter (souvent également orthograhié Ginther ou Günther) qui s’éteindra peu après la Révolution avec le dernier bourreau de la ville, Gervais Seitler.
Récolte de pommes de terre, huile sur toile, Jules Bastien LEPAGE 1879,
National Gallery of Victoria Melbourne. (image Wikipedia)
Si la pomme d’Or fut dans l’Antiquité une source de discorde qui conduisit à la guerre de Troie, les pommes de Rouffach, qui n’étaient pas d’Or mais de simples pommes de terre, n’en causèrent pas moins un sacré remue-ménage dans la cité !
De quoi s’agit-il ?
Grandes Chroniques de France, Robinet Testart enlumineur 1471
image Bibliothèque Nationale de France (BnF)
Les archives municipales de Rouffach conservent plusieurs documents relatifs aux corporations et confréries. Les plus anciens sont rédigés sur parchemin, comme le rotulus de 1499 qui renouvelle les statuts et le règlement de la tribu des vignerons, A la Fleur de Lys. Le système des corporations restera en place jusqu’à la suppression de celles-ci à la Révolution française. Je vous propose dans cet article les règlements et statuts de la corporation des maîtres maçons, tailleurs de pierre et charpentiers, rédigés en novembre 1749 signés par Armand, prince de Rohan Soubise, dans leur version en langue française, traduite de l'original en allemand, par l'avocat secrétaire interprète au Conseil Souverain d’Alsace, REUBEL, le 25 juin 1751. Jean Reubel est le père de Jean François Reubell, l'"Alsacien de la Révolution Française", (1747-1807), né et mort à Colmar.
Le texte paraîtra peut-être un peu long, mais il se lit bien. Les articles de ce règlement de la fin du 18ème siècle, à quelques années près, la fin de l'ancien régime, rappellent les premiers règlements que le lecteur a pu lire dans les pages d'obermundat.org, ceux du quinzième et du seizième siècle: peu de choses ont changé au cours des siècles, on retrouve dans les uns et les autres de très nombreux articles similaires... Organisation professionnelle à l'origine, créée pour structurer, définir les règles et défendre une profession, la corporation deviendra, au fil du temps, une force sociale, politique et militaire qui ne cessera de s'accroître ...
J'ai reproduit le texte dans son intégralité, j'ai rajouté les titres et les notes en caractère gras et italique.
Bonne lecture!
Gérard Michel
Dans un article publié le 12 juillet 2018 intitulé Confrérie des compagnons boulangers, cordonnier et meuniers 1492, j'avais proposé en fin d'article, sous le paragraphe ' Pour les amateurs de paléographie les photographies des 4 pages du document original. Récemment, une lectrice, Madame M-F. K. m'a contacté pour me demander si je pouvais lui faire parvenir la transcription de ce texte. Comme tout devoir mérite une correction, voici la transcription de ce document, qui pourra ainsi profiter à tous les lecteurs.
Le lecteur retrouvera le texte original avec les photos du document, dans l'article mentionné ci-dessus, en cliquant sur le lien en rouge.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
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