Vogt, Schultheiß und Rat zu Rufach erneuern der Schmiedezunft ihre hergebrachte Ordnung. - 6. April 1500.
Le bailli de Roufach, Schultheiß et Magistrat de Rouffach mettent à jour et renouvellent le règlement de la tribu des forgerons.
Materne BERLER, né à Rouffach en 1487 et décédé à Gueberschwihr vers 1573, a fait ses études à l’école latine de Sélestat, creuset de l’humanisme alsacien, comme élève de Jérôme GUEBWILLER (1473-1545) puis à l’Université de Bâle (1507-1509). Il s’inscrit dans le courant humaniste qui s’épanouit au XVIe siècle, qui en est l’âge d’or dans l’ensemble de l’Europe de la Renaissance. Sans atteindre la notoriété des illustres humanistes qu’il a pu côtoyer au cours de ses études, Sebastian MUNSTER, Beatus RHENANUS, Ulrich ZWINGLI, ERASME de Rotterdam ou Jakob WIMPFELING, Materne BERLER a légué une chronique dont de nombreux passages sont précieux pour l’historien. Cet ouvrage au style parfois embrouillé et lourd est, comme beaucoup d’ouvrages de la même époque, une compilation de récits empruntés à diverses sources, mais il recèle quelques pages de vraie chronique familiale dans lesquelles l’auteur livre quelques souvenirs de son enfance à Rouffach.
Cette Chronique de 794 pages a malheureusement disparu dans l’incendie de la bibliothèque de la Ville de Strasbourg en 1870. Quelques pages, 120, recopiées sur l’original avant sa destruction, ont été publiées par L.SCHNEEGANTZ dans le Code historique et diplomatique de la ville de Strasbourg, Strasbourg 1843.
Dans le passage que nous avons choisi de présenter, BERLER rappelle un souvenir de son enfance, sur les marchés de Rouffach, dans une page dans laquelle il traite de l’introduction en Alsace de la vérole maligne ou du mal français, la syphilis, importée en 1495 par les soldats revenant de la campagne de Naples.
Dessin du XVIIème siècle montrant un Juif allemand prêtant un serment juif.
Les archives municipales de Rouffach conservent dans leurs réserves plusieurs Schwehrbuch, littéralement livres des serments, du XVIème et XVIIème siècle. Ils renferment entre autres les textes des serments que devaient prêter les serviteurs de la ville au moment du renouvellement annuel de leur charge. On y trouve également les règlements des différents offices et professions de la ville : en premier lieu les serments des membres du Magistrat puis celui des bourgeois « ordinaires », des bouchers, meuniers, aubergistes, gourmets jurés, chargeurs et porteurs de vin, etc. Ces textes sont régulièrement mis à jour, corrigés d’une année à l’autre, ce qui explique les nombreuses ratures, surcharges, ajouts dans les marges, qui en rendent souvent la lecture assez malaisée.
Le livre des serments de 1613, A.M.R. BB 126, se termine par le serment du bourreau de la ville Eines Henckhers und Nachrichters Aidt et le serment du juif, Der Juden Aidt.
Juifs brûlés vifs pendant la peste noire
Page du Liber chronicarum 1493
La présence juive en Alsace est attestée depuis l’an mil. Les Juifs d'Alsace se constituent en communautés, d'abord "protégées" par l'Empereur, l'évêque, les municipalités. Ils n’auront pas à souffrir des expulsions décidées par les rois de France, mais seront persécutés lors de l’épidémie de peste noire qui sévit en Europe de 1347 à 1349. Sous prétexte que les Juifs auraient empoisonné, ou fait empoisonner les puits, provoquant la Peste noire, on massacrera la collectivité juive de presque toute l'Alsace, en confisquant, bien entendu, leurs biens.
Une communauté juive s'était établie très tôt à Rouffach. Dès le 13ème siècle, fut édifiée une synagogue dont le bâtiment subsiste rue Ullin. Depuis les massacres de 1309 et 1338, plus aucun Juif n'a habité Rouffach. La tradition parle d'un herem, une véritable mise au ban de la société juive, un interdit prononcé contre cette ville.
Nous proposons ici un premier article sur ce sujet , un épisode sombre de l'histoire de Rouffach, aussi sensible que celui des procès de sorcellerie du dix-septième siècle...
L'effroyable chasse aux sorcières n'a pas épargné les enfants. Dans son article des Saisons d'Alsace n° 75 du printemps 2018, Louis SCHLAEFLI rapporte que trente enfants originaires de Molsheim ou qui y résidaient, furent sacrifiés: douze garçons et cinq fillettes entre 8 et 11 ans, neuf garçons et une fille entre 13 et seize ans. L'âge de trois autres victimes n'est pas précisé.
Rouffach n'a pas été en reste, mais dans une bien moindre mesure: nous n'avons trouvé, pour l'instant, que cinq dossiers dans lesquels sont impliqués des enfants et des adolescents, tous des garçons. Nous avons choisi de présenter dans cet article les cas de Jacob KNORHAUWER, onze ans, celui de Paulus GERTLER quatorze ans et celui d'Adam MONER quinze ans.
Ces enfants, ces femmes et ces hommes, victimes d'un des plus dramatiques épisodes de notre histoire, méritent qu'on ne les oublie pas, qu'on entretienne leur souvenir et pourquoi pas, comme le suggère Jacques ROERIG, auteur de plusieurs ouvrages sur les procès de sorcellerie en Alsace et en Lorraine, qu'on les réhabilite...
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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