En complément de l'article Règlement des pêcheurs de la ville de Rouffach, voici un document découvert par hasard par François BOEGLY aux archives départementales de Colmar. Il concerne la livraison de soixante quintaux de carpes, à livrer à Frédéric DIETRICH de Rouffach par un marchand poissonnier de Chaud pour le temps de Carême de 1781. Je n'ai malheureusement pas conservé la cote du document...
Accord. Par-devant le notaire et greffier de la ville de Rouffach et les témoins ci-après nommés et soussignés, furent présents le Sieur Nicolas Libelin, marchand poissonnier à Chaud, d’une part, et le Sieur Fréderic Dietrich, bourgeois de cette ville, d’autre, lesquels ont dit et déclaré avoir fait l’accord, et être convenu de ce qui suit :
Savoir le dit Sieur Libelin promet et s’oblige de livrer au dit Sieur Dietrich d’ici jusqu’aux fêtes de Pâques prochaines, la quantité de soixante quintaux de carpes, dont la moindre pièce doit avoir cinq quart(r)ons jusqu’à deux livres et demie, et ce à fur et mesure que le dit Sieur Dietrich en aura besoin. A raison de quoi, le dit Sieur Dietrich promet au Sieur Libelin la somme de trente-quatre livres dix sous par quintal de carpes qui seront livrées d’ici jusqu’au Carnaval prochain, et de ce qu’il manquera pour parfaire la dite quantité de soixante quintaux, après le dit temps de Carnaval, le Sieur Dietrich lui promet de payer pendant le Carême la somme de trente-cinq livres par quintal, à condition, comme il a été observé, qu’à Pâques prochaine, la dite quantité de soixante quintaux doit être complètement livrée belle et loyale marchandise, à peine de dommages et intérêts et à quoi les parties se sont réciproquement obligées sur l’hypothèque de leurs biens respectifs.
Fait, lu et passé à Rouffach en présence des Sieurs Jean Stehlin et Xavier Gall, les deux praticiens en cette ville, témoins à ce requis, qui ont signé avec les parties à Rouffach, ce 7 novembre 1780 après midi
Nicolas Libelin, Dietrich, Gall, Stehlin, Zaepffel notaire et greffier
Ces carpes voyageaient vivantes et une fois arrivées, elles étaient conservées un jour, deux jours, voire davantage dans le Stattbach, ou plutôt dans des viviers alimentés par la rivière communale, l’Ombach, dont les eaux plus que douteuses leur confèrerait un goût de vase et de pourriture qui provoque le dégoût à ceux qui seraient tentés de les acheter (22 novembre 1618 A.M.R. BB 37 fol. 9 ) ! Ces poissons étaient en effet censés retrouver meilleure santé et apparence après leur voyage ,dans une eau dans laquelle on déversait toutes les eaux usées, le sang et les viscères de la rue des Bouchers, celles dans lesquelles avaient macéré les peaux des tanneries et celles aussi qui avaient servi à laver les tissus des teinturiers, toujours dans le même quartier de la ville… Ces mêmes eaux alimentaient également les étuves d'un établissement de bains publics près de l'hospice du Saint Esprit...
Gérard Michel Juin 2018