Pourquoi une ruelle du saint Esprit à Rouffach ?
Vers 1180, Guy de Montpellier (1160-1208) fonde l'ordre des Hospitaliers du Saint-Esprit et de la confrérie du Saint-Esprit dont la vocation est d'accueillir tous les déshérités de la vie, les enfants abandonnés, les pauvres et les malades. L’ordre se répandit rapidement dans toute la chrétienté, surtout en Italie et en France, avec près de 800 maisons. En Allemagne, il y en eut beaucoup moins, une dizaine, surtout en Allemagne du Sud : le premier et le plus important d’entre eux était situé en Alsace, à Stephansfeld, fondé vers 1210, au sud de Brumath. En 1270 est fondé une filiale de Stephansfeld, l’hôpital du Saint Esprit de Rouffach, que l’on appellera altes Spital, le vieil hôpital, pour le distinguer du neues Spital, le nouvel hôpital, l’hôpital saint Jacques, cité pour la première fois en 1311.
L'ordre a connu son apogée au XVe siècle, avec près de mille hôpitaux à travers l'Europe puis disparut presque totalement au XVIIIème siècle pour ne subsister aujourd'hui principalement qu'en Espagne et en Pologne.
Connaissez-vous Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim ?
Peut-être pas… et pourtant ! Il fut l’un des médecins chirurgiens les plus fameux de la première moitié du XVIème siècle, initiateur du tournant de la médecine galéniste (qui traite les maladies suivant la doctrine de Galien [131-201 après J.C.], une des grandes figures de la médecine antique) vers la médecine moderne basée sur la biochimie. Il a laissé le souvenir d’une personnalité rebelle, d’un homme profondément croyant, souvent truculent, à l’esprit foisonnant et exubérant.
Non ? Vous ne voyez toujours pas de qui il s’agit ?
En ce début d’année 1621, les Alpes sont enneigées, mais malgré tout, les nouvelles circulent entre l’Italie et l’Allemagne. Remus Quietanus, notre médecin-astronome rouffachois écrit à son ami Giovanni Faber, médecin et botaniste pontifical à Rome.
Dans cette lettre du 23 février, il est question de la récente élection du pape Grégoire XV, qui succède à Paul V, décédé en janvier. Certains propos confidentiels ont valeur de secrets médicaux et ne devraient pas être divulgués, mais nous avons estimé qu’après quatre siècles il y a prescription… En voici donc une traduction approximative, accompagnée de quelques commentaires et repères historiques.
Depuis 2016, nous nous employons à rappeler le passé astronomique de Rouffach, en particulier par la publication de quelques articles consacrés à Johannes Remus Quietanus (1588-1654), rouffachois d’adoption à partir de 1620. Sa correspondance avec les fondateurs de l’astronomie moderne, Galilée et Kepler, montre qu’il a participé avec pertinence au débat astronomique de son époque. Mais cette fois nous nous intéresserons davantage à ses pratiques médicales (il a accédé au grade de docteur en médecine en Italie vers 1610) et nous verrons que pour ce disciple de Paracelse, le macrocosme et le microcosme sont intimement liés.
Deux lépreux se voient refuser l'entrée dans une ville.
Enluminure du XIVème siècle.
Rouffach possédait autrefois trois hospices : l’hospice du Saint Esprit, fondé en 1270, l’hôpital Saint Jacques, fondé en 1290, et la léproserie, dont l’histoire est restée jusqu’à présent peu étudiée. Une rue de Rouffach, à l’Est de la ville, parallèle à la Rue de la Gare, porte aujourd’hui le nom de Rue des Bonnes Gens, la rue des lépreux. Elle rejoint à angle droit la Rue du Vieux Moulin. Le moulin dont il s’agit est aujourd’hui disparu, c’est l’ancien moulin de la Lauch, voisin d’un moulin à chanvre ou d’une fosse destinée au rouissage du chanvre. La maladrerie de Rouffach aurait donc pu se situer à proximité du confluent de la Lauch et de l’Ombach, le ruisseau qui après avoir traversé toute la ville, en sort tout près de la porte de Froeschwiller, pour se diriger vers l’Est.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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