Patrimoine rural, petit patrimoine culturel, qu’ès aquo ? On préfère dire aujourd’hui lieux de mémoire : le terme inclut effectivement l’ensemble des biens culturels matériels et immatériels ainsi que les paysages, patrimoines naturels, transmis entre les générations en milieu rural : maisons, rues et places de villages, chapelles, oratoires, toutes les constructions liées au quotidien des villages : canaux d’irrigation, biefs et vannes de moulins, ponts, bassins, lavoirs, bains de chevaux, murets, terrasses…
Artefacts, produits de l'art ou de l'industrie humaine, ils sont autant d’éléments de notre décor quotidien, tellement quotidiens qu’on a fini par ne plus y prêter attention et à en oublier la signification et l’usage.
Une flânerie dans les rues et ruelles de Soultzmatt permet au promeneur attentif, à la recherche de ce petit patrimoine, de découvrir quelques-uns de ces lieux de mémoire.
En février 1629, l’astronome Johannes Kepler écrit à son nouveau protecteur, le Chevalier Albrecht von Wallenstein, duc de Friedland et de Sagan. Cette lettre retient notre attention parce que Kepler lui parle de Johannes Remus Quietanus, médecin à Rouffach et il évoque une question qui les oppose : Kepler pense que la distance de la Terre au Soleil vaut 3400 fois le rayon de la Terre, tandis que Quietanus l’estime à plus de 14 000 rayons terrestres. Et, dit Kepler « Je dois tolérer cela et laisser à nos descendants le soin de juger qui a fait le mieux… » (Das muß Ich nu leiden, und den Nachkommen das Urtheil überlassen, wölcher es besser gemacht…)
Nous consacrerons deux articles à cette lettre : le premier est un commentaire de texte, le deuxième, plus scientifique, reviendra sur cette question cruciale de la distance de la Terre au Soleil.
“Libera nos, Domine, a bello, a fame, a peste : libère nous, Seigneur, de la guerre, de la faim et de la peste”.
Deux extraits de protocoles de délibération du Magistrat, le premier daté du 28 novembre 1628 et le second du 31 janvier 1629 nous renvoient à notre actualité, celle de l’épidémie du Covid19.
Dans ces deux passages, il est fait mention de Pestilenzische Infection : Pestilenz renvoie toujours à une maladie infectieuse responsable d’une épidémie sans que l’on sache toujours de laquelle il est question mais le mot est le plus souvent utilisé pour la peste. À la lecture de ces deux mentions il ne semble pas que la maladie ait connu une grande diffusion dans la cité. Il ne s’agit peut-être que de cas isolés qui ont réveillé des terreurs passées et le Magistrat, alerté par le curé de Notre-Dame, décide de prendre des mesures énergiques d’isolement et de confinement pour éviter la propagation de l’infection.
Discours astronomique et astrologique des Grandes conjonctions de 1643 et 2020.
Les lève-tôt l’auront remarqué : Jupiter et Saturne occupent en ce mois de mars des positions voisines sur la voûte céleste. Bien visibles avant le lever du Soleil, elles sont installées entre le Sagittaire et le Capricorne, et Mars, la Planète Rouge, se rapproche d’elles pour venir s’intercaler en dernière semaine. Le passage à l’heure d’été nous obligeant à nous lever plus tôt à la fin du mois, le spectacle matinal de leur proximité pourra nous consoler de cette heure perdue.
En avril, Mars s’éloignera, c’est presqu’une évidence ! Jupiter et Saturne se lèveront de plus en plus tôt, tout en cheminant de conserve dans le ciel de l’été. À l’automne, nous les retrouverons astres du soir, et là, de soir en soir, elles se rapprocheront davantage jusqu’au 21 décembre : leur distance ne sera plus alors que de 6 minutes d’angle, soit moins que ¼ du diamètre de la Lune.
Ces rapprochements virtuels des deux planètes supérieures se produisent régulièrement, à peu près tous les 20 ans. On les appelle Grandes conjonctions, les astronomes s’y intéressent depuis la nuit des temps. En 1642, le rouffachois Johannes Remus Quietanus a écrit un opuscule d’une trentaine de pages sur la Grande conjonction qui devait se produire le 26 février de l’année suivante : son Discours astronomique et astrologique de la grande rencontre des deux planètes supérieures Jupiter et Saturne a été, selon ses dires, élaboré avec soin d’après les Fondements (scientifiques et bibliques). Le document original est accessible en ligne sur Numistral, la bibliothèque numérique patrimoniale de l’Université de Strasbourg. Nous nous livrerons dans cet article à une analyse succincte de ce discours qui n’est pas facile à lire, mais souvent instructif et parfois amusant par la grandiloquence de son auteur.
Les Archives municipales de Rouffach conservent un fonds ancien d'une richesse exceptionnelle. On y trouve en particulier un ensemble rare de 1228 parchemins dont le plus ancien date du treizième siècle, de 1270 plus précisément, et le plus récent de 1854. [1] Ces documents précieux, et fragiles, demandent une attention et un soin particulier lors de leur manipulation, en particulier ceux qui ont conservé leurs sceaux.
Nous avons choisi de présenter dans cet article, le plus ancien de ces parchemins conservés aux archives municipales de Rouffach: l'acte par lequel le chevalier Jacques de Rathsamhausen et sa famille, offrent à l'hôpital du Saint Esprit la parcelle de terre sur laquelle l'hôpital et toutes ses dépendances, chapelle, moulin, ferme, etc. avaient été construits.
[1] cf. Inventaire des Parchemins: Théobald Walter et Thérèse RUEFF Attachée de conservation du patrimoine, archiviste de la Ville
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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